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Opération Epervier: L’ouragan Marafa

La sortie épistolaire et médiatique de l’ancien Minatd inaugure une ère qui pourrait faire vaciller le système en place.

Les météorologues américains nous pardonnerons d’ajouter, sans justification scientifique, «l’ouragan Marafa» à la demi-douzaine de cyclones les plus violents répertoriés dans le monde. En effet, la lettre ouverte servie le 1er mai dernier par l’ancien Minatd au président de la République Paul Biya défie les usages, les pratiques et les convenances depuis le déclenchement de la campagne d’assainissement des mœurs publiques au Cameroun.

De fait, avant Marafa Hamidou Yaya, d’autres personnalités incarcérées dans le cadre de cette opération se sont livrées au même exercice, celui de la lettre ouverte, avec des destinataires et une argumentation différents. Le 12 juillet 2011 par exemple, l’ancien ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono avait écrit « au peuple camerounais et aux partenaires du Cameroun au sujet de l’opération épervier », afin de « s’acquitter d’un devoir de vérité » sur l’affaire judiciaire l’impliquant.  «Cet exercice de clarification s’impose d’autant plus que l’écran de fumée qui entoure le contexte de l’Opération épervier se nourrit essentiellement, dans bien de cas, du jeu politicien fait de mensonges et amalgames, juste pour salir la réputation de certaines personnalités qu’on voudrait éliminer du jeu politique. La vérité dans ces conditions n’est pas acceptée spontanément, elle doit forcer son chemin », indiquait Olanguena Awono.

D’autres anciens hauts cadres de la République ont choisi de produire leurs « versions des faits » dans des livres. Ainsi de l’ancien Sgpr Jean-Marie Atangana Mebara et de l’ancien Dg de la Scdp, Jean-Baptiste Nguini Effa ou encore, plus récemment, de l’ancien Sgpr Titus Edzoa. Mais jamais, au grand jamais, une personnalité interpellée pour de présumés détournements de fonds publics ne s’était attaqué aussi frontalement à Paul Biya. Au tribunal, des anciens dignitaires du régime ont même souvent invoqué le droit de réserve sur des questions concernant le chef de l’Etat, embarrassant les avocats de l’Etat.
Prisonnier gênant

Marafa Hamidou Yaya l’a fait, confirmant, ce qui passait déjà pour un secret de polichinelle, à savoir sa force de caractère, tout en remettant en lumière l’imprévisibilité du locataire du palais d’Etoudi, laquelle s’incruste dans le marbre de la fourberie et du machiavélisme. Des «qualités» présidentielles qui s’alimentent aussi souvent que possible aux mamelles des ragots et du jeu de massacres qui aident le Prince à diviser pour mieux régner.

Dommage pour Marafa Hamidou Yaya qui a mesuré sur le tard toute la portée de ces paroles de Fénelon à Louis XIV : «Vous êtes né, Sir, avec un cœur droit et équitable, mais ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner, que la méfiance». Cela étant, les dégâts que pourrait causer «l’ouragan Marafa» se profilent derrière ces phrases contenues dans sa lettre ouverte à Paul Biya :

«Vous me connaissez très bien. Je ne cache ni mes opinions ni mes agissements.
Vous comprenez donc qu’ayant recouvré ma liberté de parole car n’étant plus tenu par une quelconque obligation de solidarité ou de réserve, je puisse exposer, échanger et partager avec tous nos compatriotes mes idées et mes réflexions que je vous réservais en toute exclusivité ou que je ne développais qu’au cours des réunions à huis clos. Ces idées et ces réflexions portent particulièrement sur la paix et la justice».

Mais jusqu’où ira l’ancien Sgpr dans ce qui apparaît comme le début de sa revanche contre Paul Biya ? Certains de ses confidents soufflent que, sentant sa « fin » prochaine, Marafa a rassemblé avec une méticulosité d’orfèvre tous les documents nécessaires pour éclabousser son ancien patron au tribunal et en dehors et, ce faisant, démontrer son innocence. Le ton est donné : En deux semaines de détention préventive au pénitencier de Kondengui, ce prisonnier finalement «gênant» pour le régime, a récusé le juge chargé de l’instruction de l’affaire de l’avion présidentiel, qu’il accuse de «partialité», avant d’offrir un cadeau bien spécial à Paul Biya , à l’occasion de la fête du travail: Une lettre ouverte. La suite au prochain épisode.

Georges Alain Boyomo | 3 Mai 2012 | Mutations |




 

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