Synode : L’Eglise catholique dénonce les présidents à vie

Georges Alain Boyomo | 26/10/09 | Mutations |

Les évêques demandent à ces chefs d’Etat de se comporter en saints ou de démissionner.

Les questions de gouvernance ont particulièrement retenu l’attention des 221 pères synodaux lors de la 2e Assemblée spéciale du Synode de l’Afrique tenus à Rome du 4 au 25 octobre dernier Ceux-ci ont demandé aux responsables politiques africains de se comporter comme des “saints” pour le bien de leurs peuples ou de quitter leurs fonctions. L’archevêque de Dakar, Théodore-Adrien Sarr, a fustigé, quant à lui, “la corruption des dirigeants africains qui accordent des avantages et des profits démesurés aux multinationales au détriment de leur pays, les conflits armés fomentés par les marchands d’armes et le pillage des ressources naturelles”. L’un de ses confrères tanzaniens a déploré que les hommes politiques considèrent leur élection comme un “permis de voler”, dénonçant au passage les gouvernants qui “croient en la sorcellerie, la superstition et l’occultisme”.
Cette volée de bois vert de l’Eglise catholique contre les responsables politiques africains intervient au moment où la mode des révisions constitutionnelles se répand sur le continent. Au mois de mars 2008, le Cameroun a sacrifié à ce “rituel” au mépris de la fronde de nombreux citoyens. La modification de la Loi fondamentale (en son article 6, alinéa 2) ouvrait ainsi la porte à une nouvelle candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle.

En outre, les évêques africains n’ont pas ménagé les puissances occidentales au cours des assises de Rome. La “pensée unique” de l’Occident a été dénoncée. Celle-ci aurait des influences “nocives” sur la famille et le mariage, et favoriserait, entre autres, l’avortement, l’homosexualité et “une confiance irréaliste en l’efficacité du préservatif” dans la lutte contre le Sida.
Les pères de l’Eglise catholique ont également balayé devant leur cour. “Il faut avoir le courage de dénoncer ce qui est mal au sein de l’Eglise”, a affirmé Polycarpe Pengo, l’archevêque de Dar es-Salaam. Ce dernier s’insurge contre “l’autoritarisme, le tribalisme et l’ethnocentrisme” de certains responsables de l’Eglise, engagés aux côtés de partis politiques, tandis qu’un de ses confrères déplorait “l’implication des prêtres dans la corruption”.

Quant aux fidèles, attirés par les “sectes” pentecôtistes qui, à coup de “millions de dollars” leur proposent des “solutions rapides à leurs problèmes”, ils ont été invités à “développer une spiritualité équilibrée”. Les évêques ont aussi invité les religieux qui ne respectent pas toujours leur engagement de pauvreté et de célibat, à s’amender. A la fin des travaux, les pères synodaux ont remis à Benoît XVI une série de propositions concernant les actions spécifiques de l’Eglise en Afrique. Au cours de sa visite en mars dernier au Cameroun et en Angola, le Pape avait remis aux évêques africains l’instrument de travail (Instrumentum Laboris) du synode qui s’est achevé la semaine écoulée à Rome.




 

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