Litige : Quand un marché public devient une affaire d`Etat

Yaoundé, Cameroon

Image via Wikipedia

Grâce aux Ets La Calypso, le député Jean Calvin Libock a gagné un marché et reçu une partie du paiement au détriment de ses partenaires.

Tout le landerneau est saisi de l’affaire: Présidence de la République, Assemblée nationale, Justice, Comité central du Rdpc. Tous les services spéciaux ont été instruits pour enquêter sur ce dossier révélateur de la vénalité des gens du système. Avec au bout du compte, l’assignation en justice d’un établissement financier: le Crédit communautaire d’Afrique pour «coaction de détournement et rétention abusive de deux titres fonciers».

Des hypothèques dont certains des propriétaires ont écrit jusqu’au chef de l’Etat Paul Biya pour dénoncer la confiscation. A l’origine de cette affaire, un marché de 250 millions passé par la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) pour l’aménagement d’un espace vert au lieu dit Carrefour Warda à Yaoundé, au député Jean Calvin Libock, en récompense de son intervention lors des émeutes de la faim.

Il s’agissait notamment de la construction d’un bâtiment assorti des aménagements touristiques en face du Bois Ste Anastasie. Sans établissement, Jean Calvin Libock sollicite les services des établissements La Calypso appartenant à Ornella Isaura Hiack, l’une des filles de Jean Théodore Hiack, désigné gestionnaire, alors en service à l’Assemblée nationale. C’est alors que dans la gestion de leur relation d’affaires, La Calypso à travers Jean Théodore Hiack qui a reçu procuration de sa fille, et Jean Calvin Libock, obtiennent un accord de financement de 40 millions contre la garantie de deux titres fonciers au Crédit communautaire d’Afrique (Cca).

68,3 millions
La convention de ligne d’escompte est signée le 28 août 2008 par devant Me Tibagna Nyabia, notaire à Yaoundé. Alors que l’exécution du marché a cours, la Cuy, maître d’ouvrage, résilie le contrat six mois après son début. En guise de motivation de sa dénonciation, la Cuy invoque le non respect des clauses techniques par l’entrepreneur.

Même si des mois plus tard, selon différentes sources, le délégué du gouvernement accusera le député Libock de manquer de sérieux, la raison officielle sera que le bâtiment a été construit sur la base d’une minoration sur les matériaux de construction. Une rupture de contrat dont le Cca ne sera informé que huit mois plus tard. Entre temps, la Communauté urbaine a payé un peu plus de 68,3 millions de Fcfa à La Calypso. Un montant viré dans un compte des établissements Le Forestier (un restaurant appartenant à Jean Calvin Libock).

Une opération attaquée par M. Hiack qui s’estime floué par la banque qui, à son goût, a «aidé Jean Calvin Libock à s’approprier l’intégralité de l’enveloppe». Pour Jean Théodore Hiack, en plus d’avoir agi en faveur du député par l’entremise des virements (du compte de La Calypso à celui du Forestier), la banque lui a facilité la création d’un compte dans l’intervalle. Un argument battu en brèche par le conseil du Crédit communautaire d’Afrique, Me Pierre Robert Fojou qui soutient que le compte du Forestier est de loin antérieur à celui de la Calypso.

«Il s’agit de comptes courants dont les opérations se font en temps réel. Le reproche de non récupération des 40 millions assortis d’autres escomptes, n’est pas fondé parce que la banque n’est pas tenue par des délais. Le virement de compte à compte, est une opération de guichet qui ne nécessite pas l’intervention de la direction de la banque». Sur la même lancée, si pour M. Hiack, Jean Calvin Libock n’a reçu aucune procuration de sa fille, le conseil de la banque affirme (présentation à l’appui), que Ornella Isaura Hiack a signé une procuration égale à celle accordée à son père au député qui va vider le compte de La Calypso des provisions fournies pas la Cuy.
Pour Jean Théodore Hiack, «il n’y a pas de doute, les différents virements reposent sur de faux documents». Toujours est-il que, saisie de l’affaire, la gendarmerie, la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre), la police et les renseignements généraux établissent clairement la mauvaise foi du député contre qui le conseil de La Calypso, Me Mong a demandé la levée de l’immunité parlementaire. Par ailleurs, le gérant de La Calypso a cité le Cca en justice. Une plainte actuellement examinée par le procureur de la République près le tribunal de grande instance du Mfoundi. Une action en justice qui fait dire à Me Fojou que «Jean Théodore Hiack s’est tiré une balle dans le pied».

Léger Ntiga| 28 Avril 2011| Mutations|

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