Martyrs de Bamanda: Il y a 21 ans, ils mouraient pour le changement

26 mai 1990 – 26 mai 2011. Six personnes ont été tuées par les forces de l’ordre à la Commercial Avenue à Bamenda, lors de la marche de lancement du Sdf. Il pleut des cordes ce mardi 24 mai 2011 à Bamenda. Les passagers qui sortent du car de transport en commun, s’engouffrent dans un taxi en donnant tous la même destination : la Commercial Avenue.

C’est le grand secteur d’affaires de la ville de Bamenda. Pendant que les débrouillards vaquent à leurs occupations, les journalistes organisent sous la coordination de la branche locale de l’Ujc de Bamenda, une conférence de presse sous le thème  «Les médias et la paix dans le monde». La rencontre permet d’évoquer outre la marche historique, toutes les occasions où la paix a été ébranlée au Cameroun et les autres dangers qui font en sorte que ce pays demeure un volcan qui peut se mettre en éruption à tout moment. Elle se déroule dans la Bibliothèque du British Council qui se trouve aussi à la Commercial Avenue.

Cette célèbre avenue commerciale, a marqué, il y a 21 ans, jour pour jour, le tournant de l’histoire de la démocratie au Cameroun. Lors de la marche historique du 26 mai 1990, six jeunes camerounais y ont perdu la vie.  Parmi les victimes, il y avait quatre étudiants : Juliette Sikod, Evariste Toje Chatum, Fombi Asanji et Mathias Tifuh Teboh. Les deux autres victimes sont des opérateurs du secteur informel. Edwing Jatop Nfon (couturier) et Fidelis Chosi Mankam (meunier). D’après Gaby Ambo, qui a reçu une balle au coude ce fameux jour, les gendarmes qui se trouvaient sur les lieux, ont pris peur en voyant l’importance de la foule, et ont ouvert le feu.

«Les gens venaient de partout. De City Chemist, de Nkwen, de  Lonla, de Sona Street, de Junction Streets, pour se retrouver ici au carrefour de la Commercial Avenue et continuer le trajet vers Up Station. A mon avis, ils étaient comme moi, des gens qui n’avaient jamais vu une foule aussi immense de leur vie». Martin Fon Yembé, qui a été président provincial du Sdf dans le Nord-Ouest de 1997 à 2003, se rappelle qu’ils étaient parmi les étudiants qui ont été déplacés de l’université de Yaoundé par le Dr Siga Asanga, pour participer à la marche.

Impasse aux martyrs
La célébration du cinquantenaire des armées camerounaises en  décembre 2010, a permis à la Commercial Avenue de connaître une grande mutation. La rue a été agrandie et un rond point a été construit précisément sur le lieu où sont tombées les six victimes. Aucun monument n’a été dressé sur ce lieu pour faire honneur aux morts. La cabine téléphonique qui portait des impacts de balles a été démolie. La station d’essence Agip où s’étaient postés les gendarmes qui ont ouvert le feu, est devenue Oilybia. Tout est nouveau sur le site. Les dernières traces de la marche du 26 mai 1990 ont disparu avec la construction des immeubles tout autour du carrefour.

Gaby Ambo rappelle qu’un monument en matériaux provisoires a été dressé en l’honneur des morts à l’avenue Liberty Square. «Il a été détruit par le ministre Paul Atanga Nji pendant la campagne électorale pour les élections couplées de 2007.» La principale pomme de discorde entre le conseil municipal géré par le Sdf et le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bamenda qui est du Rdpc est le projet de monument aux morts du 26 mai 1990. «Lorsque nous adoptons au conseil municipal le projet d’ériger un monument aux morts à la Commercial Avenue, à Liberty Square où à la City Chemist, Abel Ndeh le délégué du gouvernement s’y oppose sans cesse», affirme Martin Fon Yembé.

En ce 26 mai 2011, le Sdf qui est né à la suite de cette marche à Bamenda, n’est pas au mieux de sa forme dans le Nord-Ouest. Kum Henry Ichu, le coordinateur du parti dans la région, a été évincé de son poste lors du Nec du 7 mai 2011. Depuis lors, le siège du Sdf à Bamenda demeure fermé et rien ne laisse présager d’une manifestation pour la commémoration des tristes événements de 1990.

Honoré Feukouo à Bamenda | 26 mai 2011| Le Jour|

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