Elle vit dans une voiture à Emonbo

Depuis deux mois, Lysette Kuissi résiste ainsi à ceux qui ont détruit sa résidence.

Ce mardi 21 juin, à 9 h, le quartier Emombo de Yaoundé est réveillé depuis plusieurs heures déjà. Contre le magasin Fokou, sur un terrain vague parsemé de débris, une Jeep rouge attire le regard.

L’agitation alentour ne semble pas perturber le sommeil de son occupante. Depuis le 19 avril, Lysette Kuissi, 62 ans, vit dans cette voiture. Le mélange de cendres et de gravas sur lequel elle est stationnée est tout ce qui lui reste de sa maison détruite le 2 septembre dernier. Elle vivait ici depuis trente ans. D’après son fils, Samuel Kamdem, « si elle part d’ici, son cœur cédera ».

Le 11 mars 1980, M. Kamdem a acheté un terrain d’une superficie de 400 m² chez Joseph Essama. Celui-ci reconnaît alors, par écrit, avoir reçu la somme de 640 000 Fcfa. Progressivement, la famille construit sa maison et une dépendance accueillant des locataires. Arrive ensuite une quincaillerie, un kiosque et la mère de famille installe même trois moulins à écraser. Le terrain devient à la fois un lieu de vie et une source de revenus. Après la mort de M. Essama, le 10 avril 1989, son fils, Vincent Atangana, est déclaré unique héritier de son père. Il accuse alors Mme Kuissi et sa famille d’occuper illégalement la parcelle de terrain. Entre-temps, M Atangana dit avoir tenté de régler l’affaire à l’amiable, sans succès.

Destruction
Le 2 septembre 2010, la maison est vidée de ses meubles et détruite par des pelleteuses. Les habitants refusent de quitter les lieux. Ils construisent un abri de fortune qui est détruit et reconstruit plusieurs fois. Le 19 avril, le campement est définitivement brûlé et M. Kamdem prête sa voiture à sa mère pour qu’elle puisse demeurer sur le terrain.

Depuis, la mère de famille veille nuit et jour à ce que personne ne construise sur les ruines de sa maison. « Avant, j’étais grosse, depuis que je suis ici, j’ai fondu », déplore-t-elle. Elle est accompagnée de son deuxième fils, Hubert Donkam, et d’un voisin dont la maison, elle aussi, a été détruite. Le mari de Mme Kuissi, âgé de 80 ans, a été blessé lors de la dernière destruction. Il n’a plus la force de lutter. Avant de laisser sa femme mener le combat, il s’est justifié : « C’est moi qui t’ai emmenée à Yaoundé, mais Atangana m’a dépassé ».

Chaque jour, sa fille lui apporte de la nourriture. Elle lui fait régulièrement sa lessive. Pour se laver, Mme Kuissi ne dispose plus que de ce qu’il reste des murs de leur salle de bain.

Samuel Kamdem dit avoir déjà engagé 4 millions de Fcfa en frais de procédure judiciaire. 17 familles se trouvent sur la liste de ceux qui doivent laisser la parcelle sur laquelle ils ont construit leur résidence. Six foyers ont déjà été détruits, la dernière démolition ayant été perpétrée le 15 juin. « Ceux qui sont venus vers moi pour négocier n’ont pas eu de problème », expliquait hier Atangana. Mais il affirmait par ailleurs que de nouvelles destructions étaient déjà programmées. L’affaire sera de nouveau à la Cour d’appel de Yaoundé le 23 juin prochain.

Céline Lemaire, Prince Nguimbous (stagiaires) | 22 juin 2011 | Le Jour |

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