La gestion politique de la crise du choléra décriée

Des hommes politiques et des leaders de la société civile se sont prononcés sur ce sujet jeudi dernier à Yaoundé.

«Le choléra, syndrome de l’injustice sociale». Tel était le thème de la session du Dialogue politique organisé par la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (Fes) le 23 juin dernier. Autour de la table, Jean-Marc Bikoko, le président de la Centrale syndicale du secteur public (Csp), Justin Mabouth, vice coordinateur de la Commission nationale Justice et Paix (Cnjp) et Charles Ateba Eyene, spécialiste de la communication et de la sémiotique du politique et membre du Bureau national du Rdpc.

Selon Justin Mabouth «nos recherches ont montré que depuis le premier cas de choléra déclaré le 6 mai 2011, le gouvernement ne réagira véritablement (en terme de stratégie globale) que quatre mois plus tard, [après le cas détecté dans le train en provenance de Ngaoundéré] par la création du comité national de lutte contre le choléra dont les missions visent notamment à germer les ressources destinées à la lutte contre le choléra». Selon le vice coordinateur du Cnjp estime du reste que «le retard ainsi constaté dans la réactivité est assez malaisé et laisse l’impression qu’il existe deux Cameroun distincts. Un centre objet de toutes les sollicitudes et les attentions, et les périphéries laissées pour compte».

Justin Mabouth indique également que le gouvernement ne saurait se satisfaire de la création de comités de lutte contre le choléra, car on ne perçoit pas les mesures concrètes qui sont pensées à court, moyen et long terme pour éradiquer les causes réelles de ce qui est décrit comme la maladie de la pauvreté. Pour Jean Marc Bikoko «le choléra peut être considéré comme un biotope par excellence des problèmes qui minent la société camerounaise et particulièrement ses couches les plus pauvres. Les statistiques économiques du Cameroun données par la Banque mondiale en matière d’accès à l’eau potable (37% de Camerounais) laisse songeur, quant on connaît la réalité sociale que vivent les Camerounais». Et le leader syndicaliste de s’interroger : «Comment peut-on demander aux populations à faible pouvoir d’achat et n’ayant pas accès à une eau potable de pratiquer l’hygiène alimentaire ou plus simplement corporelle sans créer les conditions nécessaires pour un minimum de bien-être réclamé à cor et à cri par la société civile?».

Salaires
Charles Atéba Eyene, quant à lui, établit un lien entre le choléra, la privatisation du secteur de l’eau au Cameroun et le déficit d’accès à l’eau potable. Pendant longtemps, la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) a géré les questions de l’eau dans notre pays. Sous elle, on pouvait admettre la réalité que «l’eau, c’est la vie», explique-t-il. Pour le spécialiste en communication, le choléra a pour cause l’absence de l’eau potable, voire de l’eau tout court. A son avis, il est dès lors urgent de régler le problème d’accès à cette denrée pays. «Car, on ne peut pas aimer la paix en oubliant que le manque d’eau est une source de guerre», fait-il observer. Jean-Marc Bikoko suggère la dotation de toutes les régions en infrastructures socio-économiques, la revalorisation du Smig (28.216 Fcfa) et des salaires ainsi que la mise en place d’une couverture sociale universelle.

Pour Justin Mabouth, il faut renforcer le personnel de santé, renforcer le dialogue national (gouvernement, société civile, secteur privé, professionnels de la santé) afin d’instaurer une meilleure stratégie de lutte contre le choléra, renforcer les capacités de gestion des urgences sanitaires.

Le consultant propose également l’allocation de ressources suffisantes aux programmes chargés de la gestion de ces urgences. A en croire Mirko Herberg, le représentant Fes/Cameroun, l’intention de la Fondation à travers cette session du Dialogue politique était «d’apporter notre contribution à la recherche des solutions aux problèmes qui touchent profondément les citoyens afin d’améliorer certaines conditions qui autrement pourraient compromettre la cohésion sociale, la paix et la stabilité au Cameroun».

Georges Alain Boyomo | 29 Juin 2011 | Mutations |

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