Affaire Atangana Mebara : Gérôme Mendouga devant la barre

L’ex-ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis fait désormais partie des quatre accusés impliqués dans le nouveau dossier issu de la jonction de procédure décidée par le Tgi du Mfoundi.

Par jugement Avant dire droit rendu le 14 juillet 2011, le Tgi du Mfoundi siégeant en matières criminelles dans l’affaire Atangana Mebara, a ordonné, hier, la jonction de procédure en raison de la connexité entre les deux dossiers. Les faits dont le tribunal avait été saisi il y a près d’un an et qui sont en cours d’examen sont voisins des nouveaux faits du deuxième dossier qui vient de lui être soumis par le Ministère public. Pour motiver cette jonction, le juge Schlick fait valoir divers arguments. Parmi lesquels, outre la connexité, le souci d’une bonne administration de la justice et la célérité dans conduite d’une procédure qu’il dit vouloir régler dans les semaines à venir.
Une initiative de jonction à laquelle se sera opposée avec véhémence, et ce jusqu’au bout, la défense. Dans leur argumentaire, les conseils des deux accusés, dans leur ensemble, s’estiment «piégés». Me Nguefack du Cabinet Monthe qualifie de «suspecte» la manoeuvre du tribunal qui s’en offusque et exige que le conseil de Otele Essomba retire son mot.

«La procédure commencée il y a un an doit, indique Me Assira, être menée à son terme ultime. Il serait déloyal de morceler la procédure, car rien, selon lui, ne justifiait une double disjonction sans cette procédure. D’autant plus qu’il n’y a aucune limitation dans le travail d’instruction du juge. Permettez-nous, finit-il par suggérer au tribunal, d’aller au bout d’un processus qui nous a été imposé et que nous avons fini par accepter, le nouveau dossier n’étant pas en état d’être jugé». Des arguments qui n’ont pas pesé bien lourd dans la balance pour un tribunal qui fait procéder à l’identification des trois nouveaux accusés, avant d’ordonner la continuité des débats dans le dossier déjà en jugement.
Comme convenu le 16 juin dernier à l’issu des réquisitions intermédiaires, Atangana Mebara et Otele Essomba sont invités à présenter leur défense.
Les trois témoins de l’accusé Otele que sont : Gérôme Mendouga, Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya sont les premiers à déposer.
Prenant place dans le box à témoins, Gérôme Mendouga déclare que, «à la demande du gouvernement, il s’était investit pour sauver le projet d’acquisition d’un aéronef, projet qui risquait d’être compromis». A la question de savoir s’il avait entendu parler de Apm depuis les Etats-Unis et d’une tentative de détournement de la somme de 27 millions de dollars par Otele Essomba, l’ex-ambassadeur est formel : «Jamais entendu parler. C’est à Kondengui que j’ai rencontré Otele avec qui, tient-il à préciser, je n’ai aucun lien de parenté à ma connaissance».

Yves Michel Fotso
Puis viendra le tour de Otele Essomba de comparaître comme témoin sous serment. D’entrée de jeu, l’accusé fait sensation : «ayant participé à l’audit de la Camair, révèle-t-il, je suis mieux placé pour dire ce qui s’est réellement passé et qui est maquillé aujourd’hui en tentative de détournement de deniers publics. Je ne suis pas concerné par cette affaire. Les deux lettres objet de la tentative de détournement, affirme-t-il, sont de Atangana Mebara et de Kevin Walls. J’ai été inculpé sur des lettres pour lesquelles je n’ai pas participé, de près ou de loin, ni à leur conception, ni à leur rédaction. Les deux lettres, accuse-t-il, ont été remises par Yves Michel Fotso à l’enquête préliminaire».
Pour l’accusé qui cite une lettre de Kevin Walls adressée au Garde des Sceaux, «protéger les fonds de la république du Cameroun, son client, était la seule raison pour laquelle le DG de Apm avait fait la proposition de recouvrer ces fonds auprès de la société Gia. La seule intention de Kevin Walls, précise-t-il, était de permettre à l’Etat camerounais d’avoir un compte bloqué et sécurisé pour protéger l’argent destiné à l’achat de l’avion».
Et de révéler que dans ce que le juge d’instruction a catalogué comme «une vaste entreprise de détournement de deniers publics», Gia était une entreprise «en connexion avec la Cbc de Yves Michel Fotso.

Il s’agissait de ce qu’on appelle en matière financière une cavalerie, c’est-à-dire une toile d’avion dans laquelle les sociétés Beith Limited, Orix, Rothwell et la Cbc étaient en centre de tous les flux financiers générés par la Camair».
Et le témoin d’accuser Yves Michel Fotso, l’ex-DG de la Camair, d’avoir été «au centre de la liquidation de Gia» qui s’est faite après des «manoeuvres frauduleuses et criminelles». Le 24 septembre 2004, Gia ne disposait plus que de 1,860 million de dollars de l‘argent du Cameroun. Son Dg, Rusell Meek, déclarera lors de sa comparution devant le tribunal de conflit de l’Oregon qu’après divers achats effectués avec l’argent du Cameroun, «Gia a transféré ce reliquat et tous les biens acquis à TLL, société irlandaise. Un transfert frauduleux ayant pour unique objectif de se soustraire à la poursuite des créanciers de Gia parmi, dont le Cameroun. Une liquidation qui s’est faite, révèlera M. Meek, avec l’accord de Yves Michel Fotso».
Pour le témoin, «le ministre John Ndeh a menti lors de sa déposition. D’autres missions ont été confiées à Apm, outre l’audit des comptes Camair. Apm a affrété un avion pour Yaoundé-Génève-Washington-Génève à la demande du président de la République».
L’audition de l’accusé Otele Essomba se poursuit ce matin.

Evariste Menounga | 15 juillet 2011 | Mutations |

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