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Cameroun: Paul Biya, « rien que des mots, toujours des mots, les mêmes mots… »

Encore une fois, une fois de trop peut-être, le chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya, le 31 décembre 2011 dernier, à 20heures très précises, a fait subir aux Camerounais, le supplice du rituel funeste de son « Allocution de fin d’année ». Et une fois encore, une fois définitivement de trop, des voix se sont élevées pour fustiger ce discours rébarbatif.

Par la faute de Ahmadou Ahidjo…

Une fois de plus, « L’Empereur du Verbiage à l’ère du Vide » a honoré sa réputation en ce 31 décembre 2011. Vingt minutes durant, le chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya a ressassé, imperturbable, se voulant énigmatique, sa sempiternelle ritournelle mensongère sur le devenir du Cameroun.

Depuis 30 ans, ce discours plein de promesses non tenues et de serments rompus, résonne en échos douloureux dans toutes les mémoires. Dans ce pays où, par la faute d’Ahmadou Ahidjo, les choses les plus importantes ont été confiées aux hommes les plus incapables, l’amertume s’incruste dans les subconscients et la lassitude émousse les audaces les plus hardies.

Depuis 30 ans, ce discours anesthésiant menace la stabilité du pays. Seule la maturité politique des Camerounais retient encore le couvercle de ce chaudron qui risque fort de sauter sous les assauts répétés de ces paroles vaines, jamais suivies d’action. « Rien que des mots, toujours des mots, les mêmes mots… », chantait un duo célèbre.

Sauf qu’ici, la sinistre rengaine présidentielle est l’hymne sacrificatoire du rituel funeste de l’immolation de tout un pays, de tout un peuple, sur l’autel monstrueux de sa soif insatiable de pouvoir. Chaque année, le même jour, à la même heure, au rythme de cette même antienne fétichiste, le chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya offre le peuple camerounais en holocauste à la pauvreté, à la famine, à l’obscurantisme, au chômage, aux endémies, aux désespoirs.

Un penseur de la pensée d’autrui, traducteur du français facile du président

Le rituel est si bien huilé que, chaque année, le même jour, à la même heure, la même hure remplace le visage faussement serein du chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya, sur le petit écran de la télévision d’État. Sous le prétexte fallacieux de bien faire comprendre au peuple infantilisé, les incantations du Grand Sacrificateur.

Les années antérieures, ce besogneux thuriféraire du régime décadent de Yaoundé apparaissait spontanément aux téléspectateurs comme par substitution magique de l’orateur superfétatoire qui l’avait précédé. Maintenant qu’il aurait pris du galon dans la nébuleuse nomenclaturiste de la Cameroon Radio and Television, -CRTV-, cet encenseur vénal s’est constitué tout un aréopage de sous-courtisans qui annoncent pompeusement son arrivée sur le plateau.

Ã- coup de titres ronflants et de sourires obséquieux. Alors cet analyste du constat, ce décrypteur de l’évidence, ce penseur de la pensée d’autrui, ce traducteur du français facile et accessible à tous du président, en français hermétique du savoir pédant, s’escrime présomptueusement à son ignoble besogne.

Au final de cet exercice vaniteux, on comprend bien moins encore la pensée déjà fort brumeuse de son excellence le chef de l’État le président de la république Paul Biya. Le commentateur zélé n’a visiblement rien compris, lui-même, à la sémantique vaporeuse de son maître ! Hélas ! Tout ce qui précède était bien prévisible. On ne dissipe pas l’obscurité par intromission des ténèbres !

Pourquoi attirer si bruyamment l’attention sur l’inutile ?

Ce qui surprend le patriote Camerounais, c’est la complicité tacite avec laquelle, représentants des partis politiques dits d’opposition, médias privés, membres de la Société Civile et observateurs indépendants s’activent à travestir ce non- événement en point focal de l’actualité nationale.

Que les journalistes organiques du régime en place rivalisent d’éloquence obscure, à la radio et à la télévision d’État, pour inventer une quelconque consistance au délire des allocutions présidentielles, soit. C’est leur gagne pain et chacun sait qu’ils n’ont pas, eux-mêmes, foi en leurs propres élucubrations.

Mais que des hommes censés constituer un contre-pouvoir donnent l’impression d’attacher du prix à toute cette poudre que le pouvoir croit jeter aux yeux des Camerounais, voilà qui fait douter de l’innocence de toutes leurs critiques qu’ils voudraient acerbes ! C’est de la complicité ; c’est de la participation active au complot du pouvoir contre le peuple camerounais.

Puisqu’il est établi que ces allocutions qui se suivent et se ressemblent ne sont jamais suivies d’effet, pourquoi s’escrime-t-on à vouloir les commenter, les critiquer, les vilipender ? Pourquoi attirer si bruyamment l’attention sur l’inutile ?

Toutes ces hyènes qui se ruent à la curée de la dépouille du peuple assassiné par le pouvoir RDPC, en se précipitant à la caisse, pour toucher les subsides de leurs prétendues campagnes électorales, ne méritent aucune confiance. Toutes leurs vociférations n’ont pour seul but que de justifier leur ticket d’invitation à ce festin macabre, aux yeux du pouvoir de la main duquel ils mendient leur pitance !

Une opposition camerounaise, complice du statu quo

Que ceux qui doutaient encore des collusions de la prétendue opposition camerounaise avec le pouvoir prédateur du chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya se rendent à l’évidence ! Voilà des gens qui se précipitent en rangs dispersés pour combattre un régime politique vieux de 50 ans. 22 candidats à la présidence pour battre le chef de l’État son excellence le président de la république Paul Biya !

De qui se moque-t-on ? Les Lilliputiens se mettaient à plusieurs pour ligoter Gulliver ; les Hottentots n’ont pas assez d’une tribu pour abattre un lion, et même les Pygmées s’allient par campements entiers pour tuer un seul éléphant ! Les Camerounais ne doivent pas se laisser piéger, une fois de trop, par ceux qui toujours les livrent en victimes résignées, pieds et poings liés, au rituel sacrificiel des 31 décembre.

Ã- prendre le président de la République au mot, 2012 et tout le septennat devraient être des années hautement électorales. Les premières « Grandes Réalisations » devraient concerner l’application de la Constitution. Élections des députés ; élections des sénateurs ; élections des Conseils régionaux, si le président Biya se veut tant soit peu cohérent pour une fois.

D’où nécessité urgente : de la révision du fichier électoral ; de l’arrêt d’un calendrier électoral précis ; de l’élaboration de lois électorales plus transparentes ; de la suppression de la très controversée Elecam, si l’on voudrait sincèrement éradiquer les dysfonctionnements si humblement reconnus dans les discours.

Au lieu de se focaliser sur ces impératifs, les complices du statu quo entraînent le peuple dans la distraction d’une allocution de fin d’année qui est restée la même depuis 30 ans. L’âge des dragons de l’Asie du Sud-est. L’âge de Biya au pouvoir ! Aux Camerounais de rester vigilants car, chaque peuple n’a que le président qu’il mérite !

Dieudonné Bessalla | 10 Janvier 2012| Africa Info |




 

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