Les députés Rdpc bloquent la création de la commission d’enquête parlementaire sollicitée par les députés du SDF pour voir plus clair dans l’affaire Marafa/Tchiroma/Camair et Transnet SAA. Au sein de la commission des résolutions et pétitions de l’Assemblée nationale qui a étudié la question hier mercredi, les députés du parti au pouvoir ont choisi de ne pas valider la proposition faite par le Sdf.
16 contre 4. Le résultat du vote en commission a été sans appel. Les 16, ce sont les députés du Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir. Ils ont tous fait bloc pour rejeter la proposition de résolution introduite par le principal groupe parlementaire de l’opposition aux fins de mettre sur pied une commission d’enquête parlementaire au sujet de la non indemnisation des 71 victimes du boeing 737-200 qui s’est écrasé le 3 décembre 1995 à Douala.
D’après des sources proches, les députés Nji Fidelis et Boutouli Paulette auraient été particulièrement offensifs et se sont montrés les plus réfractaires à la mise sur pied de cet instrument de contrôle. Leur argument principal, rapporte la même source a été que « l’affaire est pendante en justice donc on ne peut plus enquêter ». Si cet argument est conforme au règlement de l’Assemblée nationale qui stipule en son article 67 qu’ « il ne peut être créée de Commission d’enquête lorsque les faits ont donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites judiciaires sont en cours » ; l’existence d’une plainte, les personnes incriminées et les motifs à elles reprochés sont encore sujets à débat. « Aucune plainte liée à cette affaire n’est en ce moment en étude dans les tribunaux camerounais », souligne une source interne qui voit plutôt dans ce rejet des raisons politiques. Pour étayer leur argumentaire, les députés Rdpc ont alors évoqué une plainte en cours d’instruction devant les tribunaux de Paris en France et mettant en cause notamment le président du RDMC Milla Assouté. Ce dernier en fait d’ailleurs échos dans une interview accordée au site internet Camer.be, lorsqu’il mentionne une procédure de récupération d’une somme de 32,5 milliards de Fcfa en cours devant la Cour arbitrale de Paris et de Londres. Rien pourtant n’indique que les motivations du Sdf « d’établir les responsabilités » rencontrent celles de cette procédure.
L’ombre de Marafa plane
Face à «l’armée» des députés Rdpc, les quatre autres députés de la Commission des résolutions et pétitions n’ont pas pas pu tenir le « combat ». D’après l’une des sources sus-évoquées, les débats n’ont duré qu’une heure. Ni les députés Jean Michel Nintcheu et James Ntam du Sdf, ni l’ex-Rdpc Ayah Paul, ni le député Udc n’ont pu faire plier le président Rdpc de cette Commission, l’honorable Talatala Blondeau. Une autre source, interne cette fois, précise que « la crédibilité même de la source de cette proposition de résolution [à savoir Marafa Hamidou Yaya, l’auteur des lettres] a beaucoup divisé. Le fait qu’il soit celui qui balance fait de lui le personnage clé, mais étant en prison, il sera inaccessible à la commission d’enquête », explique t-elle. « Et puis, ajoute la source, à chaque lettre, on ne doit pas demander la création d’une commission d’enquête ! »
Déçu, le Sdf, qui est à l’origine de ce débat, prépare ce jeudi, en mi-journée, un point de presse au siège de son groupe parlementaire. Celui-ci sera suivi, dans les prochains jours, d’une conférence de presse du président de ce parti, Ni John Fru Ndi, au sujet de la corruption au Cameroun. « Nous ne pouvons que prendre le peuple camerounais à témoin.
On ne peut pas vouloir combattre la corruption et refuser qu’on fasse la lumière sur des dossiers où existent de forts soupçons de corruption », s’est contenté le député Joseph Banadzem, le président du groupe parlementaire Sdf. Après le discours enflammé du président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguié Djibril lors du discours d’ouverture de la présente session parlementaire le 05 juin 2012 ; où il avait affirmé le soutien de la Chambre à la lutte contre la corruption, cette décision surprend. « Nous sommes pour la lutte contre la corruption. Mais si à chaque lettre, il faut mettre en place une commission d’enquête, alors il nous faudra au moins 10 000 députés » essaie de rassurer un député Rdpc, un brin railleur.
Serge-Lionel Nnanga | 14 Juin 2012 | LNE
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