Le CSE, organe anti-corruption du gouvernement veut entendre 3 dirigeants sur la gestion des institutions publiques dont ils sont à la tête.
Le ministre délégué à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’Etat (CSE), Henri Eyebe Ayissi, a signé hier des décisions portant traduction devant le Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) de son département du directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton), Mohammed Iya, du recteur de l’université de Douala, Bruno Bekolo Ebe et du directeur du General Certificate of Education (Gce Board), Humphrey Monono. La convocation de ces dirigeants, dont la date n’a pas été indiquée, fait suite à «l’exploitation des rapports d’audit établis par les missions de vérification conduites, en 2011, par des équipes d’inspecteurs d’Etat» sur – précise le communiqué – «très haut accord de Monsieur le président de la République». Donc même pour enquêter sur des faits de corruption dans les entreprises publiques Paul Biya doit donner son accord? [NDLR].
Autant dire que les intéressés, malgré la présomption d’innocence de rigueur en pareille circonstance, ont été convaincus de fautes de gestion et devraient, sauf miracle, être bientôt sous le coup de sévères sanctions pécuniaires sans préjudice de poursuites judiciaires(?). On l’a vu ces derniers temps avec plusieurs dirigeants ou ex-gestionnaires de la fortune publique, rattrapés par leur passé cafouilleux et dont les sentences du CSE ont été largement médiatisées.
Si on sait très peu de choses s’agissant du directeur du Gce Board, bientôt appelé à répondre de la gestion de son établissement «au cours de la période allant de 2008 à 2010», on sera encore plus étonné sur le cas Mohammed Iya. Le patron de la Sodecoton, qui devra clarifier sa gestion dans l’espace 2005-2010, a en effet reçu, le 25 avril dernier à Yaoundé, «quitus de bonne gestion» du conseil d’administration de l’entreprise. Cette instance a chaleureusement félicité la bonne tenue des comptes et le relèvement des recettes, grâce à la rigueur de son management. Celui-ci s’est ainsi traduit par des recettes de plus de 05 milliards de francs pour l’année 2011, mais aussi une réserve de plus de 09 milliards de francs dans les caisses. Quelques heures plus loin, le non moins président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) pouvait pavoiser devant les médias, dont certains le donnaient déjà partant et même prisonnier.
Concernant Bruno Bekolo Ebe, dont le CSE entend ausculter sa gestion entre 2008 et 2010. Ceux qui suivent l’actualité de nos universités publiques se souviennent sans doute d’un fait divers ayant marqué l’actualité voici un an. En effet, En juin dernier, le corps de Luc Macaire Ebe, ex-caissier de l’université de Douala et cadet du recteur, était retrouvé pendant au bout d’une corde dans une broussaille à Logbessou, où il résidait avant son arrestation et son incarcération à la prison centrale de Douala, en mai 2010.
Le défunt était accusé d’avoir détourné 850 millions de francs de l’institution universitaire. Selon des indiscrétions, Luc Macaire Ebe avait régulièrement imité la signature de son recteur d’aîné afin de procéder à des retraits de fonds frauduleux à la banque. Il n’est pas exclu que les malheurs annoncés du recteur viennent des actes de son défunt protégé, dont il s’est souvent défendu de connaître les agissements délictueux.
Mutations | 14 Juin 2012 |
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