Chantal Biya, l’épouse du chef de l’Etat camerounais, n’a pas fait d’apparition publique, depuis plusieurs semaines. Ce qui alimente toutes sortes de conjectures.
Le 20 mai est jour de Fête nationale au Cameroun. Pourtant, ce jour-là, on n’a pas vu la silhouette, reconnaissable entre toutes, ni entendu le rire si caractéristique, de Chantal Biya, la Première dame camerounaise. Cette absence remarquée était un événement dans l’évènement.
La presse locale n’aborde pas directement le sujet, parce qu’elle serait obligée de composer avec les non-dits sur cette personnalité. En effet, même sans avoir un statut clairement défini, Chantal Biya n’en est pas moins un personnage officiel, et fait naturellement partie du protocole d’Etat.
Ici, Radio-Trottoir
S’interroger sur l’absence de la Première dame, c’est s’exposer à faire, par exemple, mention de sa santé (sujet tabou, s’il en est). Des rumeurs folles la donnent souffrante.
Mais qui, au Cameroun, ne l’est pas? C’est dans ce pays des tropiques que l’hypocondriaque de Molière, Argan (dans Le Malade imaginaire) se serait rendu compte que «tout homme bien portant est un malade qui s’ignore.»
Le kongossa (la rumeur, en langage camerounais) la dit enceinte. Ou pas! D’autres rumeurs donnent plutôt la mère de la Première dame, Rosette, très malade.
A vrai dire, on ne sait rien de la disparition de Chantal Biya de l’espace public. La présidence de la République n’a pas, jusqu’ici, fait de déclaration sur la question. Au contraire, elle a même induit les médias officiels en erreur. Le 20 mai, par exemple, sa présence aux célébrations de la Fête nationale du Cameroun avait bien été annoncée par le cabinet civil, et il n’en a rien été.
Amoureuse, comme au premier jour
Chantal Biya est l’atout charme d’un homme qui a si peu souvent laissé transparaître ses affects. Chantal, l’amoureuse comme au premier jour, qui, lors de l’investiture de son époux, en novembre 2011, a pris de court le protocole et le président Biya lui-même en embrassant ce dernier sur la bouche. Oui, ici, aux yeux de tous.
Ce que l’on retiendra d’elle dans deux siècles, ce sera sûrement ses coiffures. Bien sûr, ses bonnes œuvres demeureront à travers ses fondations. On dira un mot sur sa générosité légendaire, sa beauté parfois masquée par une certaine excentricité, sa spontanéité, etc.
De fait, les compatriotes de Chantal Biya, plus spécifiquement les femmes camerounaises, ont appris à l’apprécier et à l’aimer. Ses tenues font envie et inspirent des modes auprès des femmes du Cérac (Cercle des amies du Cameroun, association qui regroupe les personnalités féminines et autres épouses de pontes du régime).
Un album musical en vue?
Depuis que la première dame camerounaise n’a plus fait d’apparition publique, le journal La Météo a cru bon de faire savoir que celle qui est aussi ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco, serait en train de préparer un album musical. Sauf que, au Cameroun, le journal est davantage connu pour ses titres à sensation.
Mais au fond, pourquoi pas? Chantal Biya n’a jamais raté une occasion de pousser la chansonnette ou d’esquisser des pas de danse en public.
Eric Essono Tsimi, Ecrivain camerounais | 14 Juin 2012 | Slate Afrique
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