Sur le taux de participation des électeurs et d’autres points…Elecam, Transparency I-Cameroon(Ti-C) entre autres sont loin de s’accorder. Pour mémoire, lire le rapport de Ti-C ici.
Il était attendu. Il est tombé le jeudi 07 juin 2012. Et c’est avec un zeste de soulagement que le directeur général des Elections d’Elections Cameroon (Elecam), Mohaman Sani Tanimou a présenté à la presse, le rapport général sur le déroulement de l’élection présidentielle du 09 octobre 2011. Sacrifiant ainsi aux dispositions légales qui lui en donnent compétence et obligation. Et comme il fallait s’y attendre, beaucoup de données présentes dans ce document étaient déjà connues. Sauf que sur plusieurs points, le rapport d’Elecam est en contradiction avec des rapports d’organisations réputées crédibles.
Sur le taux de participation des électeurs, par exemple. Le rapport général d’Elecam parle d’un taux de participation de 65,82%, suivant en cela les résultats proclamés par la Cour suprême qui siégeait comme Conseil constitutionnel. Transparency International-Cameroon (Ti-C), qui a observé les élections dans 429 bureaux de vote à travers les dix régions du pays, parlait déjà dans son rapport, et après calculs, d’un taux de participation de 32,76%. Soit une différence de 33,06% entre les deux estimations. «Les observateurs de Ti-C ont, à leur arrivée dans ces bureaux de vote, noté avant tout le nombre d’inscrits sur les listes électorales. Après avoir suivi de bout en bout le déroulement des opérations de vote, ces Observateurs ont pris soin de relever le nombre de votants à la clôture des opérations de vote. C’est ainsi qu’en faisant une simple règle de 3, l’on a obtenu le résultat (général, ndlr) de 32,76% ».
Ti-C va même jusqu’à illustrer son chiffre avec quelques exemples précis. « Conséquence, selon le rapport signé de Me Charles Nguini, le président de Transparency International Cameroon, «Environ 70% des personnes inscrites sur les listes électorales n’ont pas jugé utile de se déplacer pour aller voter, la majorité étant constituée de ceux n’ayant pas réussi à entrer en possession de leur carte d’électeur». Et ne pas faire les choses à moitié, ce rapport ne se prive pas d’illustrations factuelles.
«A titre d’illustration, au centre de vote du lycée de Bonamoussadi à Douala (région du Littoral) où étaient logés une vingtaine de bureaux de vote, au bureau de vote A, 350 cartes sur les 500 électeurs inscrits n’ont pas été retirées. Idem dans le bureau de vote B, où 380 cartes sur les 500 électeurs inscrits n’ont pas été retirées. A Yaoundé, l’Ecole du Centre administratif a connu une participation encore plus faible ; à l’Ecole publique de Bastos, nous avons eu un cas de 89 votants sur 414 inscrits. Ce scénario était identique dans de nombreux bureaux de vote du pays où le taux d’abstention a souvent frisé les 70%.» Et la liste des observations est encore longue».
Les raisons de l’abstention
Pourquoi une si forte abstention ? Ti-C le dit sans ambages et « ouvertement » : le principal responsable s’appelle Elecam. «En effet, plusieurs milliers de personnes interrogées sur leur non-participation au vote ont estimé qu’Elecam n’était pas une structure crédible à même de garantir la transparence du scrutin. Ces personnes trouvaient que le fait pour la majorité des membres d’Elecam d’appartenir aux instances dirigeantes du parti au pouvoir (le Rdpc) ne pouvait militer en faveur de leur neutralité bien que les concernés aient démissionné après leur nomination au sein du Conseil électoral» écrit Ti-C.
Pour Elecam, si le taux de participation n’est indexé qu’à 65,82%, c’est la faute aux partis politiques. L’organisme en charge de la gestion de l’ensemble du processus électoral met en effet à l’index «la faible implication des partis politiques dans la construction d’une conscience citoyenne poussant chaque citoyen à s’assurer par lui-même (…) l’exercice de son droit de vote en temps opportun».
Serge D. Bontsebe| 15 Juin 2012 | Mutations |
You must be logged in to post a comment Login