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CAMEROUN: SALES TEMPS POUR PAUL BIYA

C’est connu, la vie au pouvoir n’est pas un long fleuve tranquille. Jamais cet adage n’a été aussi vrai pour Paul Biya qui depuis quelque temps, est attaqué de partout au moment même où son entourage se trouve de plus en plus dépeuplé. Revue des menaces qui se dressent sur la route du président.

Il y a deux semaines, votre journal dans sa parution du 9 juillet dernier, titrait à sa “Une”, «Paul Biya : un homme seul ». En faire le constat aurait cependant été inutile, si on ne mettait en rapport la solitude ainsi évoquée, avec un

contexte politique particulièrement incendiaire ayant cours aujourd’hui au Cameroun. Loin de nous, très loin même, cette autre époque où le président pouvait s’envoler vers de paisibles et reposants séjours en Suisse avec la certitude d’un Cameroun «qui se porte bien». Envolées dans les esprits, les images de Paul Biya sûr de lui-même et de son entourage qui pouvait se permettre de longs séjours à l’étranger pendant des semaines sans qu’à aucun moment, la quiétude de son pouvoir ne soit ébranlée.

A la place a succédé, l’ère du soupçon et de la méfiance permanents, le temps où la riposte lui est imposée en réflexe, à cause de soubresauts d’une actualité politique qui de plus en plus, lui échappe. Elle est bien révolue, cette autre époque. Pour le président, la donne est désormais au calcul permanent, à l’action en mode riposte face à des rafales tirées par des adversaires et ennemis de plus en plus nombreux et qui n’hésitent plus à l’invectiver sur la place publique. Dans ce combat que la donne politique nati o n a l e lui impo s e  d é s o r mais, il est indéniable que le chef de l’Etat essaie de faire front, avec ses armes habituelles  et même de nouvelles qu’il a dû inventer. Interviews surprises, bulletins d’informations du cabinet civil de la présidence de la République, communiqués officiels, démentis adressés à la presse étrangère.

Sur le terrain de la communication, Paul Biya combat. Il attaque et riposte. Politiquement, il est loin d’être inactif également. Les nombreuses missions du comité central vers les sections de tout le pays, indiquent sa volonté de continuer de garder la main, de tenir un Rdpc agité par les démons de la division de la base militante et des ambitions de ses caciques. La majorité confortable de son parti au parlement continue de lui garantir un pouvoir légiférant acquis à sa seule cause, en dépit de quelques réserves souvent émises par ses propres députés.

Il a donné un coup de fouet à l’action gouvernementale qu’il dit vouloir plus énergique et davantage tournée vers l’action et non les discours. Ses “grandes réalisations ” sont en marche, selon l’argumentaire de son cabinet civil. Tous ces signes visibles de la vitalité présidentielle masquent cependant une réalité: le président Biya passe de moments moins agréables et faciles qu’il y a quelque t e m p s . Toutes choses qui ajoutées à un certain nombre de faits , indiquent que le président est un homme affaibli ou tout au moins, considéré comme peut-être plus vulnérable par de nombreux ennemis qui semblent l’avoir compris.

L’âge, la chaleur familiale et l’entourage

Paul Biya a 79 ans. A propos de son âge avancé, le Pr Jacques Fame Ndongo, disait qu’il gagne en maturité et qu’il se bonifie. On a toutes les raisons de le croire. Mais on devrait y ajouter cet autre constat : c’est un âge où on a moins d’énergie et où on se repose davantage sur les siens qu’auparavant. A 79 ans, un homme se revivifie au contact de son épouse, de ses enfants et de ses petits-enfants.C’est en eux qu’il puise la force grâce à laquelle il se lève, fait face au monde et à l’adversité qu’il lui impose. Paul Biya, un homme seul ? Nous n’oserons décréter en ces lignes qu’il est abandonné par les siens car après tout, qu’en savons-nous?

Seulement, il reste la possibilité du constat ; celui que le seul fait de l’absence de Chantal Biya à ses côtés dans ses sorties publiques, est un fait qui relève de l’inédit. Epouse éloignée, enfants également, petits-enfants… Où le président puise t-il actuellement la force pour combattre ? En trente ans de pouvoir, Paul Biya s’est certainement forgé une cuirasse, une carapace à l’épreuve de bien d’attaques. On a bien vu lors de sa dernière sortie à Memve’ele, que la communication présidentielle ainsi que l’homme lui-même a tenu à donner de lui l’image de l’homme serein, celui que rien ne touche, qui reste au dessus de la mêlée. Et si une telle image n’était que l’arbre qui cache la forêt ? Et si en dedans, la réalité était toute autre ? Pourquoi le cabinet civil ne communique-t-il pas sur l’absence de la première dame, demandions-nous il y a deux semaines ?

Parler de l’épouse du chef de l’Etat est un acte délicat pour tout journaliste, tant il faut rester correct, veiller à ne pas verser dans la spéculation, ne pas empiéter sur la vie privée/publique du président, selon l’appréciation de chacun. Mais une si longuabsence de la première dame, passée sous l’éteignoir par la communication présidentielle inquiète et a contrario, ouvre la porte à toutes les interprétations. Mais, il n’y a pas que l’univers familial du président qui paraît dépeuplé par les temps qui courent. Ses rares amis ou ceux considérés comme tels sont décédés. Tour à tour à ses côtés, il perdu René Owona en 2004 le fidèle parmi les fidèles à qui il n’hésitait pas de confier ses affaires privées.

En 2007, le général Benae Mpeke celui qu’on appelait son bouclier s’en est allé, tout comme l’ami Léopold Ferdinand Oyono, l’ami de toujours disparu en 2010. De manière certaine, le président est donc seul. Plus seul aujourd’hui qu’hier. Et il est fortement probable qu’un tel état de choses contribue à l’affaiblir. Au moment où plus que jamais, il a besoin d’être fort.

La Suisse, l’havre de paix désormais inaccessible

La prédilection toute particulière du président pour de longs séjours de repos en Suisse est connue. Et le simple fait que depuis 4 mois, il ne soit sorti du territoire national pour aller « se reposer », vaut son pesant de signification. Tout au long des deux dernières décennies, Paul Biya a tellement habitué ses compatriotes à de longs séjours privés dans ce pays, que le fait d’en être privé pour quelque raison que ce soit, ne peut ne pas avoir d’impact sur le moral de l’homme. En présence d’un contexte politique bouillant au pays, c’est certainement à contre coeur et par mesure de prudence que le chef de l’Etat consent à demeurer au pays, depuis des mois.

Sait-on jamais, que quelque chose de fâcheux a tôt fait d’arriver, en cas d’imprudence. Prisonnier dans son propre pays, en raison d’événements qui pour une fois, ne dépendent pas de lui. Paul Biya paraît acculé par des facteurs qu’il ne contrôle plus, contrairement à quelque temps avant. Lui qui était le maître de son calendrier et qui à ce titre pouvait se permettre en temps voulu et pour la durée souhaitée, de longs séjours helvétiques de repos.

D. Beling-Nkoumba | 1 Aout 2012| Emergence :

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