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GUINÉE : D’UNE RÉPUBLIQUE A L’AUTRE

2 Octobre 2012. Cinq décennies d’indépendance. Déjà ? Quel bilan dresser? D’une république à l’autre, nous avons vécu deux tragédies : l’une politique, l’autre économique. Étrange destin que celui de la Guinée !

La Première République, n’ayons pas peur des mots, a confisqué nos libertés. Nous ressentîmes le choc jusque dans nos entrailles. Des vies humaines ont été sacrifiées. Des familles dispersées. Dieu merci, nous survécûmes au calvaire et sortîmes de la tourmente. Hébétés.

Mais tout n’était pas si mal dans ces années de braises. A l’actif du régime, on retiendra une certaine cohésion sociale, ce sentiment d’appartenir à une même entité qui s’appelle la Nation. Hors de nos frontières, notre pays était respecté. Ce n’est pas rien. Et puis, malgré leurs défauts, ces hommes et femmes avaient un sens de l’honneur. Par peur ou par conviction, ils respectaient la chose publique. Parmi eux, point de millionnaires en dollars. Point de villas et d’appartements de luxe à Dakar, Paris et Washington. Serviteurs du peuple, ils le furent au sens grec du terme.

Au hasard des circonstances, il nous est arrivé de rencontrer certains de ces hommes et femmes. Anciens ministres, anciens gouverneurs, anciens diplomates, simples fonctionnaires de l’État. La plupart d’entre eux vivent aujourd’hui dans le dénuement total. Mais ils mourront tous, la tête haute, dans la plus grande dignité, avec le respect de tout un peuple.

Lorsque vint la Deuxième République, nous nous mirent à espérer. C’était mal connaître les hommes. La tragédie de la Deuxième République, ce fut la ruine économique de la Nation, le pillage systématique de nos richesses. Pour les vautours de l’époque, l’enrichissement personnel était l’ultime but de la fonction. Dans cette république des copains et des coquins, tout était permis sous les regards complaisants d’un président agonisant. Véritable crime. Le jour où les historiens dresseront le bilan de cette période, ils n’auront pas de mots assez durs pour les politiciens qui ont amené la Guinée au bord du gouffre.

Faut-il, comme le souhaitent certains, tourner la page ? Pas si vite. Les blessures sont encore vives. Je suis parfois étonné devant la capacité d’oubli de certains de mes compatriotes. Rares sont ceux qui ont, depuis longtemps, pris la mesure du drame. Sinon, comment expliquer leur croyance aveugle en des hommes totalement discrédités et qui n’attendent que leur Châtiment ? J’ai toujours eu en aversion ce syndicat d’anciens premiers ministres, mythomanes invétérés, pyromanes devenus soudain extincteurs, qui se bousculent aujourd’hui aux portes du pouvoir? Leurs aboiements quotidiens relèvent du reflexe de Pavlov.

Certes, le gouvernement de la Troisième République tarde à décoller. Mais donnons-lui du temps. Et à tout prendre, je préfère celui-ci à ceux qui l’ont précédé. Mes raisons ? L’assainissement des finances publiques, la lutte contre la corruption, le rétablissement de la crédibilité de la Guinée auprès des instances internationales. Tout n’est pas parfait. Loin s’en faut. Il existe encore des zones d’ombre tels ces audits qui, je n’en doute pas, finiront dans les tiroirs. Mais malgré ces indécisions, il y a des raisons d’espérer.

© Dr. Mamadi Keita

Washington, DC

États-Unis d’Amérique

| October 25, 2012 | cameroonwebnews

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