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Interview/Relais Enfants-Parents du Cameroun (REPCAM): Cette association redonne de l’espoir aux enfants nés dans l’univers carcéral (photos)

Cameroonwebnews : Bonjour Claire Mimboe et merci d’honorer cette entrevue avec Cameroon Webnews. Lorsqu’on entend « Relais Enfants Parents du Cameroun » on pense directement à une ONG caritative ou à un orphelinat, pouvez vous nous éclairer sur son rôle?

Bonjour à toute l’équipe de Cameroon Webnews et akiba pour l’intérêt que vous portez à notre association.

Le Relais Enfants-Parents du Cameroun est une association à but non lucratif créée en 2006 et répondant à la loi de 1991 au Cameroun et 1901 en France. Elle se propose notamment de venir en aide aux enfants qui naissent et vivent auprès de leurs mères en prison, aux enfants des détenus qui vivent dans les familles à travers le Cameroun, aux mineurs et aux femmes incarcérés. Mais elle mène également des campagnes de sensibilisation du public, sur la condition des enfants des détenus et des mineurs incarcérés.

 Cameroonwebnews: Claire Mimboe viens de l’une des familles camerounaises les plus célèbres, celle de l’illustre Joseph Ndi Samba propriétaire des établissements Secondaires et Universitaires Ndi Samba pour ne citer que ceux là. Lorsque vous choisissez de vous occuper d’œuvres caritatives et sociales et spécialement des détenus de prisons du Cameroun, votre famille est-elle au courant de vos projets ? ou est-ce une décision prise individuellement ou d’un commun accord avec elle ?

 Je rends grâce à Dieu d’être la fille de M. Joseph NDI-SAMBA, un père extraordinaire et aimant qui a su m’inculquer des valeurs humaines essentielles à mon épanouissement personnel aujourd’hui. La création du Relais Enfants-Parents du Cameroun est une décision personnelle bien murie en silence après une rencontre bouleversante avec un enfant de détenu. Mon père a été mis au courant à tout hasard (rire), c’est à lui que l’émissaire du Ministre de la Justice avait remis mon autorisation de travailler dans les prisons, il m’a téléphoné et m’a tout de suite félicité et m’a dit que cela ne l’étonne pas de moi, il a trouvé l’idée vraiment géniale et s’est étonné de l’aboutissement heureuse de mes démarches sans intervention auprès du Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Ma mère m’a accompagné plus d’une fois dans les prisons, c’est elle qui animait les ateliers de fabrication d’objets traditionnels, elle est très habile de

ses mains. En somme, j’ai décidé toute seule de travailler dans le social avec la bénédiction de ma famille.

Cameroonwebnews: Comment organisez vous votre travail quotidiennement ?

Nos activités quotidiennes consistent à :

  • Rencontrer les mères en détention à la prison de Yaoundé et à la prison de Mfou selon un calendrier préétabli pour les encourager à rencontrer leurs enfants et à leur dire la vérité pendant des ateliers d’échange des paroles et d’écoute au cours desquels nous fabriquons des objets transitionnels tels que des nounours, des petits cœurs rembourrés, des vêtements, du savon, des tissus teints, des beignets et gâteaux.

  • Nous rencontrons ensuite les familles concernées la semaine d’après pour leur expliquer le bien fondé du maintien du lien parental par la vérité et la non stigmatisation des enfants car chaque enfant a besoin de la vérité pour se structurer et du lien avec son parent qui, même incarcéré demeure son parent.

  • Certains mercredis, un volontaire du relais accompagne l’enfant au parloir et assure en permanence le contacte avec la famille naturelle ou d’accueil de l’enfant.

  • Le 2ème samedi ou 4ème samedi du mois selon le calendrier de l’hôpital, nous conduisons les bébés de la prison et ceux de l’extérieur âgés de 0 à 6ans à l’hôpital pour un suivi médical en général et pour leurs vaccins. Lorsque nous avons le temps et les moyens nous conduisons les bébés de la prison dans leurs familles afin qu’ils se familiarisent avec les nouveaux visages avant leur sortie prévue à l’âge de 18 mois.

  • Quand on peut, avec des assistants sociaux nous organisons des visites dans chaque famille une fois par mois quelque soit le lieu d’habitation de l’enfant, afin de donner des nouvelles aux mères lors des ateliers d’échange de paroles car à travers nous elles voient grandir leurs enfants qui ne peuvent aller les voir tous les mois faute de moyen et à cause de la distance géographique.

  • Tous les jours au siège de l’association nous faisons un travail administratif énorme qui consiste à informer les institutions, les donateurs, les bénévoles, les travailleurs sociaux et même les curieux… de notre travail au quotidien, de nos évènements sur le terrain car chercher les fonds est un vrai métier ! s’occuper des autres est un vrai sacerdoce !

  • Une équipe spécialisée accueille les sortants de prison, mineurs et femmes, pour les écouter, les accompagner et les aider si nous le pouvons.

  • Nous réalisons 3 grands évènements par an qui sont : la fête des mères, la rentrée scolaire et la fête de noël, parfois la fête de la famille et un anniversaire groupé. Ces différents évènements nécessitent un travail administratif permanent tout au long de l’année.

Cameroonwebnews: Il y’a quelques semaines certains de vos enfants du REPCAM ont reçus l’approbation du Ministère de l’Enseignement Secondaire pour des inscriptions dans des établissements publics. L’état vous a-t-il toujours donné un coup de pouce comme cela s’est produit ?

Nous ne cesserons jamais de remercier Monsieur le Ministre des Enseignements Secondaires pour les accords d’inscriptions dans les Lycées accordés à nos enfants en détresse. Nous sommes tellement convaincus que la cause que nous défendons est juste et le besoin réel que nous cherchons toujours à convaincre l’Etat Camerounais du bien fondé de nos démarches, généralement ça marche, l’Etat a toujours été sensible face à nos différentes demandes d’autorisation, nous restons convaincus qu’un jour nous serons soutenus financièrement au prorata de nos besoins car nous aidons le Ministère de la Justice à humaniser ses prisons.

Cameroonwebnews: La famille Ndi Samba est l’un des plus riche et célèbre au Cameroun, en vous engageant dans cette lutte plus qu’honorable qui est de venir en aide aux parents et surtout aux enfants de prisonniers, la tâche n’a-t-elle pas été difficile vis-à-vis de vos amis ou de vos relations pour ce brusque revirement de situation ?

(Rire) Au début le projet a été boudé par des amis et autres connaissances qui ne comprenaient pas un tel engagement gratuit pour les autres, mais au fil du temps et surtout à la vue des résultats grandioses obtenus après 6 années de dur labeur beaucoup m’encouragent et me félicitent. Mes amis d’enfance n’ont pas été surpris parce que j’ai toujours été auprès de mes voisins vivant dans la précarité au quartier mvog-ada à Yaoundé.

Cameroonwebnews: Travaillez-vous aussi en collaboration avec orphelinats ou autres associations du même genre ?

Nous travaillons avec l’orphelinat catholique de nkolbissong qui accepte d’accueillir nos enfants qui ne peuvent plus rester en prison avec leur maman après 18 mois ou ceux qui ont besoin d’un suivi médical spécifique que la mère en prison ne peut assurer.

De façon ponctuelle, nous servons souvent de courroie de transmission entre certains orphelinats et des bienfaiteurs.

Jusqu’ici nous n’avons pas encore rencontré une association qui assure le lien parental en prison de façon permanente.

Nous souhaitons que des personnes créent des associations du même genre au Cameroun et ailleurs afin que nous puissions former une fédération au bénéfice de nos cibles privilégiées.

Cameroonwebnews:Pour réaliser vos projets, cela doit nécessiter de gros moyens financiers, comment parvenez-vous à les rassembler ?

 Aujourd’hui pour avoir de l’aide il faut faire des projets réalistes, vérifiables et pertinents. Cela veut dire qu’au préalable il faut mettre ses propres moyens si on veut défendre une cause, j’ai passé 3 ans à financer moi-même nos activités et je continue toujours parce que ce que je reçois aujourd’hui ne couvre pas le 1/3 de tous nos besoins réels.

Nous écrivons aux Institutions et Structures privées susceptibles de nous venir en aide nous n’avons pas souvent de réponses mais nous persévérons.

Nous sommes actifs dans les réseaux sociaux et blogs où nous avons pu toucher les cœurs de 24 Marraines et Parrains pour nos enfants.

Nous remercions la Fondation Total-France, la Fondation d’entreprise MTN-Cameroun, la Fondation Samuel Eto’o fils, Fondation Chantal Biya, la Fondation Muna, l’ONG Espagnole PRDO, l’ONG Connectica en Allemagne, le Groupe NDI-SAMBA Formation, la Fondation Pit Baccardi, la Fondation Achille Emana, la Fondation Cœur d’Afrique-Roger Milla, les Associations Empire du Cœur, Cœur-Cla, Un Enfant-Un Avenir, les Ministères de la Justice, des Affaires Sociales, De la Promotion de la Femme et de la Famille, Enseignements Secondaires,les Entreprises Camlait, Tanty, Trace TV, les Supermarchés Casino, Mahima et Landmark, tous ceux que j’oublie de citer et nos donateurs privés. Grâce à eux nous avons réalisé des projets très importants au bénéfice de la jeunesse Camerounaise et surtout de l’Enfance en difficulté sociale.

 Cameroonwebnews: Relais-Enfants parents du Cameroun commence à être célèbre pour vos actions, il y’a quelques années par exemple on vous voit passer à la première chaine nationale la CRTV à l’émission « Portrait de Femmes » ou vous présentez le REPCAM, ou encore à la fondation MTN. Est-ce qu’une telle exposition dans les médias et cette quasi notoriété a un effet bénéfique dans vos activités ?

Nous ne cesserons jamais de remercier tous les médias qui nous accompagnent depuis 2006, il s’agit de : Samba TV, Canal2, Vision4, RFI, France Info, Cameroon Tribune, Le Jour, Nyanga Magazine, Mutations, le Messager, Radio lumière, Crtv-Poste national, fm 94, Magic FM, Radio Siantou, … Emergence, Ici les gens du Cameroun, Afrique Magazine, Amina, Marie-Claire Français, Afrik.com, Nkul-beti, Camer.be, Culture Ebene, le journal du Cameroun, Go du Camer… et plus particulière la CRTV qui est venue spontanément vers moi nous proposer ce grand format « Femme à la Une » grâce à qui jusqu’à ce jour nous bénéficions d’un grand capital de sympathie. La Fondation MTN-Cameroon également nous a fait confiance pendant 3 ans, cette collaboration fructueuse a fait changer le regard des potentiels donateurs qui nous prennent plus au sérieux.

 Cameroonwebnews: Claire Mimboe est mère d’enfant, comment conciliez-vous vie de famille et vie professionnelle ?

J’ai la chance d’avoir des enfants qui aiment ce que je fais au quotidien, le plus important est de leur montrer par des actes qu’ils passent avant mon travail, qu’il y a un temps pour tout, j’organise mes horaires de travail en tenant compte des besoins de la famille, j’assiste aux réunions à l’école, je ne prends pas de répétiteur moi-même j’assure le soutien scolaire à la maison et j’ai des personnes qui me remplacent pendant mes absences. Je n’ai pas d’aide culinaire car j’aime moi-même leur faire leurs petits plats préférés. Pas compliqué non ?

Cameroonwebnews: « Akiba » Meuma est l’une de vos phrases fétiches pouvez-vous nous en dire plus ?

Akiba en langue Bantu ou en Béti (que j’aime beaucoup) veut dire MERCI en français. Il faut toujours remercier affectueusement les personnes qui approuvent ce qu’on fait et qui nous encouragent, c’est très important pour moi.

Pour moi toute femme est une Meuma qui veut dire MAMAN et tout homme est un Peupa qui veut dire PAPA car je crois que tout être humain aime les enfants car nous sommes tous passés par cette étape et aussi comme nous sommes tous prédisposés à avoir des enfants nous sommes donc tous des Meumas et Peupas.

C’est aussi ma façon à moi de garder le lien avec mes racines et d’encourager les autres à le faire en leur langue maternelle, une sorte de promotion de langue maternelle… Dans mon village on dit “l’enfant n’est pas seulement l’enfant de son parent biologique, il est aussi l’enfant de celui qui l’a élevé ou guidé dans sa vie”

 Cameroonwebnews: Vous envisagez de créer un centre d’accueil pour personnes du troisième âge en 2013 ou en est le projet ?

Ce projet fait partie de nos projets à long terme, le centre va en premier lieu accueillir les enfants des détenus en détresse ou vivant loin du lieu de détention de leurs parents et ensuite accueillir les personnes du troisième âge ou ceux en fin de vie abandonnées par leur famille. Nous l’avons remis à plus tard parce que les promesses de financements n’ont pas encore abouti, nous croisons les doigts et prions Dieu qu’il fasse son miracle pour que ce rêve de vie se réalise.

 Cameroonwebnews: Lorsqu’un de vos enfants à un examen ou réussi à se réinsérer dans la société juste après une sortie de prison, vous dites-vous ca y est j’ai accompli ma mission, ou encore comme vous aimez si bien le dire « Akiba Seigneur » ?

 Je dis d’abord AKIBA SEIGNEUR parce que ce n’est pas toujours évident un tel exploit, les sortants de prison s’adaptent très mal après la prison, la stigmatisation et la méfiance et le regard des autres ne leur sont pas bénéfiques. Ils payent leur dette à la société en prison mais en ressortent avec des stigmates assez graves. Ensuite je me dis MISSION ACCOMPLIE parce que ce travail pour le réaliser il faut absolument la main de Dieu derrière, pour moi il faut toujours et toujours le remercier et lui dire « c’est toi qui m’a donné ce travail, akiba de m’aider à relever tous les défis qui se présentent à moi ».

En ce qui concerne les enfants des détenus, leur réussite me transporte toujours et m’emmène à dire AKIBA SEIGNEUR parce que l’absence du parent peut parfois créer des dégâts psychologiques assez importants. Heureusement pour certains ce sont des enfants résilients, ils connaissent les difficultés à surmonter, essayent de les contourner pour réussir.

Cameroonwebnews: Vos actions hors du Sud Cameroun sont-elles semblables partout ?

Pour l’instant, le Ministre de la Justice nous autorise de travailler dans trois établissements pénitentiaires basée dans la Région du Centre-Cameroun : la prison des femmes de Mfou, la prison principale de Yaoundé et la prison centrale de Yaoundé. Nous offrons exactement les mêmes services dans ces trois prisons. La seule différence est que à la prison centrale de Yaoundé, le REPCAM contribue à la scolarisation de plus de 200 mineurs grâce à une salle de près de deux cents mètres carrés mise à sa disposition par l’administration pénitentiaire. Nous y avons aussi fait construire un parloir adapté aux visites familiales sur une superficie de 50m² entièrement équipé et pourvu de jouets pour l’éveil des enfants vivant en prison.

Nous comptons travailler dans les neuf autres prisons centrales du Cameroun.

Cameroonwebnews: Grace à vos activités vous devenez un modèle pour la jeunesse, cette jeunesse pourrait-on dire est quelquefois considérée comme en manque de repères. Quels conseils pouvez-vous leur prodiguer en tant que mère, éducatrice, ou encore philantrope ?

Je vais répondre en tant que mère et éducatrice, et surtout entant qu’ancienne chef d’établissement scolaire, je prierai les jeunes de faire des efforts de réussir dans le domaine scolaire et extrascolaire et ensuite s’orienter vers un métier ; d’échapper aux pièges et aux addictions ; résister aux sollicitations de la publicité et de la mode (rire), ils vont me trouver ringarde mais c’est important ; ne pas décevoir ses parents et vrais amis ; apprendre à se connaître et à se trouver soi-même ; construire son autonomie ; être prêt à gérer les contraintes sociales et citoyennes ; s’intégrer dans un groupe ou une association de son choix ; aimer sincèrement les autres en toute humilité.

Cameroonwebnews: Claire Mimboe merci de nous avoir accordé votre précieuxtemps et merci encore d’œuvrer pour la jeunesse du Cameroun et de vous occuper d’enfants désœuvrés à travers « Relais Enfants du Cameroun ». Akiba que Dieu vous bénisse.

Vous participez à votre façon à la sensibilisation des masses sur la condition de nos cibles alors c’est moi qui vous dis mille AKIBA, Be blessed !

Photos:

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© Propos Recueillis par Odile Langa| 15 Décembre 2012 |

CONTACTS REPCAM

www.lerepcam.org; [email protected];

+237 99.32.10.38/+237 22.64.10.95

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