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Cameroun : Alex van Elk, Le rapport financier du cabinet Okalla est bourré des faux

L’ancien directeur général de Camair Co a appris son remplacement à la tête de la compagnie par son compatriote Matthijs Boertien nommé par décret du chef de l’Etat jeudi dernier, pendant qu’il se trouvait en soins médicaux aux Pays-Bas. En exclusivité, il commente son départ, critique le rapport financier effectué sur la compagnie. Il évalue les chances de réussite de cette entreprise publique.

M. Alex van Elk, où êtes-vous en ce moment ?

J’ai été malade. Après mon rétablissement et l’accord de mon médecin aux Pays-Bas où je me trouve en ce moment, je devais retourner au Cameroun le 3 janvier dernier lorsque j’ai été informé de la nomination de mon compatriote au poste de nouveau directeur général de Camair Co. Alors, je ne suis pas revenu au Cameroun.

Il est important de savoir que lorsque je suis parti de Douala précipitamment en décembre pour des raisons de santé, c’était  parce que le médecin  de la compagnie n’était pas en place ce jour-là. Notre médecin  m’avait  envoyé chez un chirurgien neurologue qui ne s’était jamais présenté pour s’occuper de moi. Puisque  je me sentais de plus en plus mal, j’avais  décidé alors de prendre un vol et d’aller me faire soigner dans mon pays. Les médecins ont diagnostiqué une hypertension élevée pouvant entraver ma vie en occasionnant d’autres problèmes de santé.

A Camair Co et dans la presse,  il se disait que vous avez fuit le Cameroun. C’est une psychose !

Chaque fois que je quittais le Cameroun pour des affaires ou  pour un repos, les journaux écrivaient que j’avais volé l’argent et fui le pays. A mon retour, les gens ne parlaient plus. C’est une véritable psychose ! Dans la deuxième semaine de décembre, je suis parti pour me faire soigner en Hollande. J’avais une tension élevée de 186.  Il m’avait  été ordonné par les médecins de prendre trois semaines de repos. Le conseil d’administration avait été informé de cette situation. Il n’y a rien à cacher  et aucune raison de fuir le Cameroun, n’ayant rien à me reprocher.

Votre compatriote, Matthijs Boertien vient d’être nommé par un décret du président de la République à votre poste. Vous considérez-vous toujours comme Directeur général de cette compagnie malgré ce décret qui vous remplace et votre mandat arrivé à terme en juillet dernier ?

Mon contrat est arrivé à expiration le 31 juillet 2012 et il m’a été demandé par le conseil d’administration  de rester jusqu’à ce qu’on trouve un nouveau Directeur général ; j’ai accepté. Pour des raisons familiales, je ne voulais pas rester pour un autre mandat de trois ans. Pour cela, je voulais partir  au printemps prochain. Il m’avait été demandé de postuler pour rester Directeur général à compter de juillet dernier ;  je l’avais fait, sachant que cela serait pour un court terme. Je suis d’accord pour mon départ ; je ne me considère plus comme Directeur général de Camair Co. Je garde un cœur chaleureux pour le projet que j’ai entamé avec dévouement.

Avec l’appel à candidature auquel vous avez pris part, c’est dire que le  poste ne vous laissait  pas indifférent…

Comme je l’ai dit tantôt, j’ai été sollicité par plusieurs entités du gouvernement, puisque j’avais les « meilleurs » documents. C’est pour cette raison que j’ai postulé. Trois ans passés au Cameroun avec beaucoup de difficultés pour obtenir un congé et la mort de mon épouse, sont des raisons qui ont influencé ma décision d’arrêter en temps voulu.

Vos collaborateurs à Camair Co vous accusent  cependant de vous être donné un salaire de plus de 18 millions de francs CFA  par mois, au lieu des 11 millions que le conseil d’administration vous avait octroyés. Que répondez-vous à cette accusation ?

Je pense qu’il est généralement connu qu’il y avait et qu’il y a toujours « une force » à la CamairCo avec une opinion différente, concernant la gestion professionnelle d’une compagnie aérienne. Ceci a été à l’origine des rapports manipulés et des informations fausses  divulguées à mon sujet. C’était une bataille interne en cours. Elle ne finira pas avec mon départ.

Pour être plus précis : mon salaire (+dépenses et bonus) était offert et confirmé par l’ancien ministre des Finances, chargé du projet. J’ai des documents qui confirment cela. Les huit premiers mois, le gouvernement m’a payé cette somme, ceci faisant la déclaration que je recevais plus qu’il ne m’était dû, très étrange ! Je n’ai pas  reçu 1 Fcfa de plus que ce qui avait été convenu dans mon contrat en janvier 2010. Le reste n’est que de la calomnie pure.

Comment expliquez-vous la suspension de CamairCo en octobre dernier de la Chambre de compensation, que votre langage professionnel appelle la « Clearing House » que gère Iata?

Être membre d’Iata  « Clearing house » veut dire que les fournisseurs ont la garantie d’être payés (s’ils en sont membres aussi).  Si la compagnie aérienne ne le fait pas, ceci deviendrait une faute pénalisante. Ceci veut dire que la compagnie aérienne doit fournir de l’argent à « Clearing house ». Dans notre cas, après que Lufthansa ait envoyé  ses factures à Iata dans le débit de Camair Co, nous n’étions pas capables dans l’instant, de mettre des fonds à la disposition de Iata. Nous attendions des financements du gouvernement. Ces fonds sont arrivés hors délais.

Si une compagnie aérienne ne peut pas fournir les fonds, elle est automatiquement  suspendue en attendant qu’elle régularise sa situation et retrouve sa place au sein du Clearning House. C’est ce qui était arrivé à Camair Co. Plusieurs (sinon toutes)  les compagnies aériennes font face à l’insuffisance d’argent à certains moments de leur gestion ;  la récession économique n’épargne ni les pays, ni les entreprises. Ces moments sont difficiles pour une compagnie aérienne, pire encore, quand il s’agit d’une compagnie qui est à ses débuts comme Camair Co. Ce qui est gênant, c’est que les Camerounais étaient les premiers à utiliser cette situation pour jeter l’opprobre sur leur compagnie.

Qu’est ce qui a motivé la délocalisation de la comptabilité de la compagnie à Dubaï avec un coût très onéreux ?

Le revenu résultant d’une compagnie aérienne opérant à l’échelle internationale est très complexe et si, il n’est pas bien géré, cela apparaitrait comme un sujet de fraude. Le personnel doit être sélectionné et formé pour faire le travail ;  ceci prend du temps. Puisqu’il m’avait été ordonné de mettre en marche la compagnie en l’espace d’un an, étant donné que mes prédécesseurs n’étaient pas parvenus à ce défi, j’avais  décidé en accord avec le conseil d’administration, de sous-traiter  cette activité pour un temps limité, le temps de former notre propre personnel à cette tâche complexe. Faire ce travail  nous-mêmes était un objectif ; cela demandait un nombre significatif  de personnel,  y compris des dépenses énormes. Il est important de savoir que la plupart des compagnies aériennes opèrent en sous-traitance, car ceci leur permet d’épargner de l’argent, contrairement à ce que les gens ont affirmé sans le savoir de quoi ils parlaient. Lorsque les compagnies opèrent elles mêmes ces activités, on débouche sur d’autres problèmes graves.

Le cabinet Okala Ahanda qui a établi le rapport financier de la compagnie n’a pas été élogieux dans votre gestion financière. Il a dit que vous alliez tout droit dans un mur… !

Il y a beaucoup de choses à dire concernant le rapport du Cabinet Okala ; prenons un petit exemple : comment est-ce que vous pouvez faire un audit sérieux dans une compagnie complexe sans jamais rencontrer le patron de l’entreprise ? Je n’ai jamais été interviewé par Okala Ahanda dans ma posture de Directeur général de cette compagnie ! Il m’a donné une faible excuse, soit disant qu’il n’avait pas le temps. Il s’en est excusé de cette manière. Il a seulement interviewé mon directeur général adjoint qui n’avait ni la connaissance, ni la responsabilité  des finances en 2011. (Ce rapport concerne uniquement l’année 2011).

L’ébauche de ce rapport ne m’a jamais été soumise pour appréciation. Il s’est avéré être rempli d’erreurs et de fausses suppositions causées par le manque de connaissance de l’industrie aérienne. L’ébauche a été remise au conseil d’administration comme rapport final que j’ai récusé pour des raisons évidentes. Ce fut tout simplement une compilation d’inepties et de fausses déclarations. Malheureusement, les médias avaient relayé ce mauvais rapport.

Nos auditeurs internes et le nouveau Directeur des finances ont fait une liste de corrections sur le rapport. Ce rapport corrigé sera envoyé au conseil d’administration dans les prochains jours. Les membres en feront les rapprochements.

Le financement reçu du gouvernement était pour la création de la compagnie avec des acomptes pour la location des avions, la garantie de l’entretien de l’équipage et de la formation du personnel. Aussi pour meubler le bureau temporaire en l’absence d’un nouveau quartier. Nous avons également travaillé pendant un an pour la compagnie (dépenses d’argent) sans revenus avant de décoller. Lorsqu’une compagnie aérienne est en voie de décollage, ses avions sont presque vides parce que les gens doivent avoir confiance en cette compagnie avant de faire leurs réservations.

Mutations : Xavier Messè | 11 Janvier 2013|

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