Posted by Georges Diboki 10/12/09
Dimanche 5 octobre 2009 j’ai une fois de plus eu le privilège de participer au semi-marathon de San Jose en Californie, ma première expérience ayant eu lieu en Octobre 2007. Comme à l’époque, nous étions trois Camerounais à ma connaissance parmi les milliers de compétiteurs venus de tous les Etats-Unis et des autres continents y compris l’Afrique, à avoir parcouru les 13.1 miles soit 21,097 km qui couvraient cette distance. Ce fut une joie immense de retrouver l’ambiance de fête caractérisant cette compétition qui s’étend sur trois jours. On y trouve tous les âges, de 16 à 77 ans. Certains y sont pour le parcours complet (13.1 miles), d’autres pour les 5 km ou les 10 km.
Tout commence vendredi, jour de l’ouverture officielle du Rock & Roll marathon 2009. Ce jour, tous les inscrits (il n’est pas permis d’y envoyer un ami ou un membre de famille à votre place, c’est peine perdue) convergent vers le Mc Enery Convention Center de San Jose, le « village » des athlètes situé au centre ville de San Jose. Les inscriptions étant ouvertes un an à l’avance, ce jour il ne s’agit plus que de s’enregistrer pour la compétition, au risque de payer une somme assez salée soit $145.
Aussitôt arrivé dans le hall de la convention, on est accueilli par des volontaires dont le seul rôle est de guider les compétiteurs à travers les labyrinthes de la convention.
A chaque coin du hall, on doit recevoir soit une instruction pour la compétition, soit un objet dont on aura besoin. Les plus importants étant le document qu’on remplit et sur lequel on signe une déclaration sur l’honneur, et la bande orange accrochée sur le numéro qu’on reçoit après la signature du document. On comprendra leur importance plus loin.
Puis après, on doit parcourir le hall où les marchands d’articles de sport et les organisations charitables vous attirent avec des gadgets gratuits pour vous vendre leurs produits et services. Ensuite, les représentants de l’organisation vous font un briefing sur le parcours, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, et enfin ils vous souhaitent bonne chance.
Le jour J étant arrive, vos trois athlètes amateurs Joëlle, Omer et Georges (je tiens à souligner le mot amateurs d’entrée de jeu car je ne veux pas vous faire croire à un miracle) sont arrivés à temps pour la compétition. Après avoir remplis toutes les formalités d’avant course, à savoir échauffements, massage et assouplissement, l’attache de la bande orange sur le lacet de la chaussure pour chronométrer leur temps, et ensuite la remise du sac à effets personnels aux volontaires qui, attendant patiemment, vous souhaitent une bonne chance. Apres avoir chanté l’hymne national, le départ est donné à 8:00 heures du matin, heure du Pacifique.
Joëlle est plus à l’avant dans les rangs car elle a estimé son chrono à 2 heures. Omer et moi sommes sur la même ligne, notre temps étant estimé chacun à 2h30min. La course est partie à un rythme lent vu le nombre de participants, plus de 10.000 personnes. Bien sûr, je ne peux pas vous dire ici à quel rythme les leaders ont démarrés. Tout ce que je sais c’est que quand je franchis le 5ème mile après un peu plus de 47 minutes de course, je croise un certain Meb Keflezighi, Americain qui lui se dirige déjà vers l’arrivée dont il est séparé seulement de 14 minutes, à en croire son chrono dont nous avons pris connaissance après la course. Le circuit est bondé de supporters, fans, admirateurs, incrédules, enfants, chiens avec leur maitre. Je me souviens des encouragements reçus de tous ses inconnus, des cookies et doughnuts (beignets) qu’ils distribuent tout au long du parcours. Une dame encore dans sa robe de chambre lance : « je ne sais pas pourquoi vous devez vous lever si tôt pour courir, mais je vous supporte tout de même ». C’est amusant et encourageant. Au 7ème mile, alors que j’arrive sur Park Avenue, une pancarte invite les athlètes à venir pour une visite gratuite au Musée Rosicrucien, centre mondial de cet ordre.
Un peu avant le 8ème mile, alors que je m’apprête à aller vider ma panse de toute cette eau ingurgitée pendant le parcours, je croise la première femme, Belainesh Gebre qui va vers l’arrivée. De nationalité Ethiopienne, je ralentis un peu pour me joindre aux autres participants pour applaudir sa performance comme ce fut le cas pour le premier et les 4 autres hommes qui essayent de rattraper ce dernier. Pendant ce temps, Omer a pris de l’avance sur moi, et a disparu dans le peloton.
Quant à Joëlle, nous ne l’avons plus vu depuis le départ. Alors que j’arrive au 10ème mile, le vainqueur est revenu sur ces pas pour nous donner des encouragements. Nous ne pouvons qu’apprécier son geste car nous en avons besoin, et c’est aussi un geste d’humilité de sa part. Le peloton s’effiloche au fur et à mesure que nous approchons de l’arrivée. Vers le 11ème mile, j’entends la sirène des pompiers et des premiers secours. Il s’agit peut être de quelqu’un qui est déshydraté ou un athlète qui est tombé. Comme toutes compétitions de ce genre, il y a toujours des risques d’accidents. A mon arrivée au 12ème mile, je vois une jeune demoiselle sur qui on a appliqué une intraveineuse en plus des massages cardiaques quelle reçoit. C’est ici que l’on comprend l’importance du document qu’on a signé quelques jours avant. Les informations qu’on y met peuvent faire une grande différence en vous sauvant la vie.
Le moment le plus dur est quand j’arrive justement au 10ème mile, le chrono indique que nous avons déjà couru pendant 2h 02min 11s. Tout laisse à penser que je ferais le parcours dans le temps que j’avais prévu, soit 2H30min. ; Mais c’est sans compter sur la fatigue qui commence à se faire sentir. Je pousse un peu sur l’accélérateur et j’applique la pommade anti crampe que j’ai dans la poche, je donne le reste à une jeune dame qui, m’ayant vu mettre la pommade « magique », est venu vers moi comme si je suis le sauveur. Je continue sans regarder derrière et quand je franchis la ligne, le chrono indique 2H35 minutes. Omer est arrivé 5 minutes plutôt, et Joëlle a parcouru la distance en 1H59. A l’arrivée, nos amis nous attendent, Joëlle est déjà là, Omer donne le compte-rendu de sa course un peu plus loin à sa famille. J’ai, comme tous les autres, récupéré ma médaille après avoir franchi la ligne d’arrivée. Malheureusement, nous avons appris que la jeune dame âgée de 34 ans est décédée, ainsi qu’un jeune homme de 35 ans, qui a succombé en début de course. Ce sont les premières victimes de cette compétition depuis sa création.
Ce fut une belle course malgré les deux pertes enregistrées, avec une organisation impeccable, où rien n’a été laissé au hasard. Le public, quant a lui, a joué admirablement son rôle, en encourageant au moment ou il fallait. Les orchestres ont joué leur rôle en interprétant des chansons de motivations, de James Brown à Elvis Presley en passant par Joan Jet et les autres musiciens célèbres de Rock en Roll dont j’ignore les noms.
Ce que j’ai aimé dans cette compétition, c’est qu’après avoir franchi la ligne d’arrivée, on se sent comme invincible, car on a été tenace et patient, et mieux encore persévérant dans l’effort. Cette participation n’est pas la dernière, toute l’équipe se prépare déjà pour la course de Mars prochain à Oakland, Californie.
Nos amis et familles sont venus nous acclamer, ce qui a rendu le calvaire de la course moins douloureux. Comme cela est de coutume après un tel évènement, nous leurs avons racontés les moments les plus mémorables de notre course , Certains parmi eux sont déjà inscrits sur la liste pour la prochaine compétition. Nous avons terminés notre après-midi dans un restaurant de la place ou nous avons célébres les retrouvailles.
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