Posted by Honoré Ouedraogo| 10 Février 2010 | Le Pays (Guinnee)
Rabiatou Diallo Presidente du Conseil national de Transion Guineen (CNT)
Enfin un organe législatif dans la Guinée d’après-Conté, est-on tenté de s’exclamer, tous les pouvoirs ayant été jusqu’à ce jour le monopole de la junte. Et au-delà de la satisfaction politique que cela suscite, c’est l’espoir de voir la machine du processus électoral se mettre en branle par la formation du gouvernement de transition qui caractérise la création du Conseil national de transition (CNT) qui sera présidé par Rabiatou Séra Diallo.
Car l’attente de la constitution de l’organe exécutif guinéen, n’a que trop duré, plaçant le processus de sortie de crise dans ce pays dans la situation d’un wagon sans locomotive. Si, tout calcul politicien écarté, c’est la figure de la secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée qui rendait difficile la mise en place du gouvernement, Jean-Marie Doré a là une raison de moins de ne pas combler les attentes de plus d’un Guinéen. L’on se rappelle qu’après avoir été préféré à la nouvelle présidente du CNT pour occuper le poste de Premier ministre, l’ex-porte-parole des Forces vives a refusé de collaborer avec celle-là même qui fut sa compagne de lutte, sous prétexte qu’il ne veut pas être “encadré” par des vice-Premiers ministres.
Le président de la transition, Sékouba Konaté, lui a donc facilité la tâche en jouant la carte de Rabiatou Sera Diallo. La nomination de Hadja Séra, qui est sans conteste une pièce importante du puzzle sociopolitique guinéen, par l’actuel commandant de la junte, est salutaire à plus d’un titre. Au plan politique, elle confirme la volonté constamment manifestée par le général de réussir une transition apaisée. Celle qui a été placée à la tête de 101 conseillers, en acceptant ce poste alors qu’elle était également pressentie pour en occuper de plus prestigieux dans le futur gouvernement, s’inscrit sans doute dans la même logique. Et c’est tout à son honneur car un tel esprit de sacrifice peut se révéler payant à long terme. En effet, même si pour la présidentielle à venir, elle ne se porte pas candidate, elle pourra se servir de cette autre expérience à bon escient lors des échéances postérieures.
D’un point de vue social, le choix d’une descendante de l’ethnie peuhl pour diriger le CNT sonne également comme une réhabilitation de ce groupe ethnique longtemps marginalisé depuis l’ère Sékou Touré. A un moment où la Guinée a amorcé un tournant décisif de son histoire qui doit être couronné par sa toute première élection présidentielle libre depuis son indépendance en 1958, cela ne peut que contribuer à renforcer la cohésion entre Guinéens. Toute chose indispensable à la bonne marche de toutes les réformes salutaires que projette opérer le président intérimaire au sein de l’armée, de même que celles à mettre en oeuvre par le futur président issu du verdict des urnes.
