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Les femmes se tournent vers La Haye pour une justice

Posted by Admin on Jun 12th, 2010 and filed under Afrique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

George Kebaso | 11 Juin 2010| Inter Press Service (Johannesburg) |

Un calendrier à l’effigie du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, est accroché à un chevron dans la maison de Jane Wanjiku. C’est une illustration de la façon dont la CPI a saisi l’imagination des gens maltraités à travers le monde.

Wanjiku vit à Kibera, à Nairobi, depuis plus de 60 ans et a été témoins de nombreux bouleversements. Mais cette femme de 74 ans déclare qu’elle n’a jamais vu des violences aussi graves que celles qui ont suivi les élections de 2007, au Kenya.

Elle a été expulsée de sa maison au cours des violences. A l’intérieur de la cabane en tôle ondulée qu’elle appelle maintenant maison, parmi les paquets de vêtements dort un enfant de deux ans. Le bébé Nyakio est l’arrière-petite-fille de Wanjiku, abandonnée par sa mère – 16 ans à l’époque – au milieu des violences.

Les gens qui ont chassé Wanjiku de sa maison, comme beaucoup d’auteurs de crimes horribles dans les semaines et mois qui ont suivi les élections de décembre 2007, vivent à quelques mètres plus loin.

Environ 2.000 personnes ont été tuées au cours des violences post-électorales et environ un demi-million ont été déplacées.

Comme bon nombre de Kenyans, Wanjiku doute que le système judiciaire du pays leur rende justice un jour.

“Une justice pour les victimes des violences post-électorales qui ont eu lieu au Kenya ne viendra que de La Haye”, affirme-t-elle.

Anticipant sur les troubles, Rose Kananu avait envoyé ses cinq enfants rester avec sa mère, à 350 kilomètres à l’est de Nairobi avant les élections de 2007. Elle avait trouvé refuge à Kibera avec d’autres personnes déplacées par les vagues de violences pendant presque une semaine lorsqu’elle a entendu des cris d’angoisse puis un bruit de bottes à l’extérieur.

Seule dans la maison à l’époque, elle dit qu’elle ne peut pas décrire la peur qu’elle avait ressentie.

“Je pensais que les gens qui passaient devant ma maison en courant étaient partis. Face à cette situation, pendant que je sortais de la maison pour tenter de m’échapper, une main forte m’a fermé la bouche et m’a repoussée dans la maison”, a-t-elle déclaré à IPS.

“Le reste est trop difficile pour moi à partager”.

Le nombre de viols commis durant les violences post-électorales au Kenya n’est pas connu, partiellement parce que beaucoup de femmes étaient réticentes à signaler les cas, et en partie parce que la police n’a pas enregistré – ou n’enregistrerait pas – les données.

Kananu a survécu à sa rude épreuve, mais sa confiance aux élections a pris un coup.

“Je ne voterai plus jamais. Je ne serai pas à Nairobi lorsqu’une autre élection approchera”, confie-t-elle. Elle ne croit pas que les autorités locales enquêteront et poursuivront les personnes responsables des crimes.

“Je fais appel au gouvernement de coopérer avec La Haye afin que tous ceux qui ont participé aux violences subissent la rigueur de la loi”, a-t-elle indiqué.

Lueur d’espoir

Lorsque Moreno-Ocampo est arrivé au Kenya le 8 mai, Kananu, Wanjiku et des milliers d’autres femmes ont vu une lueur d’espoir.

Le procureur de la CPI était venu pour ouvrir des enquêtes criminelles formelles sur les dirigeants politiques qui ont organisé les violences. Le mandat que la cour lui a accordé était d’identifier et de poursuivre ceux qui portent la plus grande responsabilité. La liste était réduite à six personnes.

“Des crimes ont été commis. Des gens ont été tués, il y a eu de viol, des maisons ont été brûlées; cela s’est produit”, a déclaré à la presse le procureur de la CPI à son arrivée. “Cela ne porte pas sur les partis politiques, il ne s’agit pas de responsabilités politiques, il s’agit de responsabilités criminelles. Voilà mon travail”.

Adopté en 1998, le Statut de Rome a jeté les bases pour la première Cour pénale internationale permanente dotée d’une juridiction mondiale pour enquêter sur les cas de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Mais bien que le Statut de Rome identifie les crimes contre les femmes comme relevant de sa compétence et que plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies reconnaissent la nécessité de mettre fin à l’impunité pour ceux qui commettent des violences sexuelles dans des conflits armés, on ne sait pas si les femmes du Kenya obtiendront la justice qu’elles méritent.

Les victimes mettent en cause la décision de la CPI de limiter son enquête à seulement six principaux suspects. Elles insistent qu’elles souhaitent avoir leur jour à la cour et une occasion de nommer leurs agresseurs.

“Nous les connaissons. Ils sont ici avec nous”, a déclaré un porte-parole de ‘Structure Owners Organisation’ de Kibera. “Comment peuvent-ils être autorisés à conduire le processus de paix alors qu’ils ont participé aux meurtres, à la destruction et au vol de biens d’autrui?”.

Le groupe, qui dirige les réparations et la justice pour les victimes des violences post-électorales des bidonvilles de Kibera, souhaite que le gouvernement kényan mette en place une plateforme où il peut identifier les personnes qui ont participé aux violences.

Au cours de la Conférence de révision du Statut de Rome qui s’est tenue en Ouganda voisin du 31 mai au 11 juin, des militants des droits des femmes ont demandé également justice pour les victimes des violences basées sur le genre et des violences sexuelles dans les conflits armés à travers le monde.

L’Initiative des femmes pour la justice de genre, une organisation internationale de défense des droits humains des femmes, appelle à l’inclusion de formes spécifiques pour chaque situation de violences faites aux femmes qui ne sont pas explicitement articulées dans la définition des crimes dans le Statut de Rome. Elle exige également, entre autres recommandations, la participation des victimes au processus de justice au niveau local, national et international.

La conférence devrait adopter une déclaration, une résolution et des engagements sur la mise en oeuvre des mesures nationales et d’une législation applicable aux victimes et aux témoins avant de s’achever ce 11 juin. Les recommandations pourraient ouvrir la voie aux femmes victimes des violences post-électorales au Kenya d’être entendues un jour.


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