Posted by par Chantal Tchoungui| Lundi 10 Mai 2010| cameroonwebnews.com|
Une amie musulmane s’offusquait dernièrement de ce que la vie française était rythmée par les fêtes religieuses catholiques et ne tenait aucun compte de celles des autres confessions…
Certes, au pays de la laïcité à tout crin, on peut en effet déplorer le poids de l’histoire (la France fille aînée de l’église catholique, etc.). Nous savons tous à quel point il est difficile de modifier les mentalités…
Mais cela m’a poussé à m’interroger sur ma propre tolérance en matière religieuse et ma grande répulsion pour tout ce qui est dogmatique (de là à l’extrémisme, il n’y a parfois qu’un pas rapidement franchi !). En réalité, tous ceux qui ont grandi au Cameroun sous l’ère de l’ex président Ahmadou Ahidjo n’ont pu qu’apprécier le calendrier des fêtes chrétiennes et musulmanes, qui étaient traitées avec égalité. A Noël, nous invitions nos amis musulmans et à la Tabaski, nous nous régalions chez eux !
Poussons le raisonnement plus loin… Pourquoi nos voisins nigérians pratiquent-ils un islam pur et dur (dont les principales victimes, comme souvent, sont les femmes !) et nous non ?
J’aimerai donc remonter dans l’histoire pour saluer l’un des plus ardents défenseurs de la tolérance religieuse et celui qui l’a érigée en stratégie politique, à savoir le roi Njoya des Bamouns qui, à la fin du 19ème siècle, s’était déclaré roi de toutes les confessions qui avaient libre cours dans son sultanat…
Et voilà, on cherche partout des exemples pour améliorer l’état du monde et l’on dénigre les acquis de nos ancêtres en les taxant de « ringards » et pourtant, quelle superbe leçon de générosité et de tolérance !
Tous ceux qui aujourd’hui se replient sur leur appartenance ethnique, tribale, religieuse ou autre par simple peur de l’inconnu, devraient en prendre de la graine ! Le monde ne peut PAS fonctionner lorsque l’on stigmatise une partie de la communauté ! Et cela mène forcément à un flirt avec les idées d’épuration, d’extrémisme, et autres fléaux que connaissent nos sociétés !
Force est de constater que le roi Njoya, il y a plus d’un siècle, avait raison ! Grâce lui soit rendue !
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Cet article mériterait mieux qu’une réponse rapide comme celle-ci :
1) Il ne faut pas oublier le socle de la Constitution du 2 juin 1972 qui stipule, dans son préambule que “L’État est laïc. La neutralité et l’indépendance de l’État vis-à-vis de toutes les religions sont garanties ;
La liberté du culte et le libre exercice de sa pratique sont garantis.”
Parler de la “laïcité à tous crins” de la France, c’est un autre sujet, qui désigne la stigmatisation postcoloniale de ceux que l’on désigne par leur religion comme au temps de la guerre d’indépendance de l’Algérie. On préfère critiquer et exclure les “extrémistes musulmans” plutôt que les arabes, ce qui ne serait pas politiquement correct.
Ce qui se passe dans les États nigérians musulmans, c’est la concrétisation sanglante d’un système politique qui ne garantit pas l’indépendance de l’État par rapport aux religions, (application de la Charia) et les droits des ethnies minoritaires, qui, souvent, pratiquent des religions minoritaires.
2) Comme ce qui n’est pas garanti par les pouvoirs, d’Ahidjo à Biya, c’est l’établissement et l’apprentissage d’une véritable histoire nationale, il est compréhensible que notre sœur, dans sa soif d’Histoire, tombe dans les images d’Épinal. Allez voir sur Internet, par exemple, ce que le roi Njoya voulait faire de l’Islam, puis du Christianisme, puis de sa religion syncrétique, dans une période où les colonisateurs commençaient à exercer leur puissance militaire, appuyée par leur propagande religieuse, parfois contradictoire…
3) Le tribalisme est issu de notre propre histoire féodale. Il a été utilisé par les colonisateurs au gré de leurs intérêts. Aujourd’hui, il est consubstantiel au pouvoir du “Renouveau”.
Bonne lecture du passé pour une bonne analyse de l’actualité. Puisse donc la sagesse du Sultan inspirer les uns et les autres. Et c’est à ce niveau que le chantier s’avère être un vrai champ de patates hélas.