Richard Bona: “Je m’efforce de toujours apporter quelque chose de nouveau à ma musique”

cameroonwebnews.com|12 Juillet 2010| cameroonwebnews.com|

Ce long weekend de Independance Day aux Etats-Unis (4 Juillet, le pont le 5 Juillet) s’est achevé sur une très bonne note de guitare basse, celle de Richard Bona et de son Band au Yoshi’s Jazz club de San Francisco. Soutenue par de nombreux membres de la communauté camerounaise de la Bay de San Francisco sortie en force ce soir là, Bona n’a pas déçu son public : toujours inspiré, créatif et prompt à l’improvisation. La soirée fut simplement mémorable. Dès qu’il a appris qu’un camerounais voulait s’entretenir avec lui, il s’est excusé de la table où son band dinait en attendant le deuxime show de la soirée. Il faut dire que son programme estival est bien chargé car après d’autres shows au Yoshi’s de Oakland dans l’Est de la Bay le lendemain, Le Bona Band s’envolera pour l’Europe. Il sera le 16 Juillet au Festival de Montreux en compagnie de Quincy Jones, Herbie Hancock, De la Soul et Tech N9ne : du beau monde en perspective. Ce gentleman à la voix feutrée et aux doigts habiles a accorde un entretien de quelques minutes à Cameroonwebnews.

Richard Bona au Yoshi's Jazz Club de San Francisco

CWN: Bonsoir Richard, heureux de te revoir et merci de nous accorder cet entretien alors que tu passais à table.

R.B : Ce n’est pas grave, aussitôt que j’ai appris que des camerounais voulaient me rencontrer, j’ai demandé à mon groupe de continuer sans moi, tu sais que nous avons une autre performance tout à l’heure.

CWN: Justement, je vais aller droit au but. Tu as élargi ton répertoire, premièrement en y introduisant de la musique indienne (référence à une chanson de la soirée qu’il a écrite a Mumbai, Inde), ensuite tu as ajouté une section vent a ton Band.

R.B: Je veux clarifier, ce n’est pas la musique indienne, j’ai plutôt ajouté du rythme des Indes dans cette chanson, comme l’on déjà fait plusieurs artistes avant moi qui se sont inspirés de nos rythmes dans leurs albums. Donc ce n’est rien de nouveau, tu sais que nos rythmes sont partis d’Afrique et ses sont retrouvés aussi bien dans le jazz et le blues dans le sud des Etats-Unis. Moi je fais le chemin inverse, je prends ce qui se fait chez les autres et je l’ajoute à la musique camerounaise. Je m’efforce de toujours apporter quelque chose de nouveau à ma musique. Je le fais aussi avec mes musiciens. Quand nous jouons, j’écoute et j’apprends les différentes variations ; j’apprends de tout le monde, petit ou grand. Il faut toujours se laisser une petite fenêtre ou l’on se dit qu’on ne connaît pas tout, ca permet d’être humble et de s’améliorer.

CWN: Tu as repris des morceaux de Jaco Pastorius tout à l’heure, une raison particulière ?

R.B: Tu sais quand j’étais au Cameroun, je jouais de la guitare. Mais je n’étais pas porté vers la basse jusqu’à ce que j’écoute Jaco Pastorius. C’est lui qui m’a inspiré, c’est comme ça que j’ai été emmené à jouer de la guitare basse, et j’ai tenu à lui rendre hommage ce soir, (avec un peu d’émotions dans sa voix).

CWN: La première fois que je t’ai vu ici à San Francisco il y a environ quatre ans, tu ouvrais pour Joe Zawinul au Fine Arts Museum of San Francisco. Joe nous a quitté il y a à peine deux ans, qu’as-tu ressenti en reprenant les morceaux du groupe Weather Report.

R.B: Oh oui, mais ca fait plus de 4 ans (il rétorque) celà fait bientôt huit ans maintenant. Joe était un grand ami, c’était un grand honneur de jouer avec Joe. Tu sais il y a des moments comme ceux là, quand tu joues avec un artiste de cette trempe, tu te dis que tu as accompli un grand pas, et ca c’était un grand pas que de jouer avec Joe. De même que quand j’ai joué avec Herbie Hancock, George Benson, tu es constamment en train d’apprendre Il était formidable! Tu sais, je ne fête pas mon anniversaire, ce n’est pas mon truc ça, mais c’est Joe qui me rappelais toujours mon anniversaire. Je pouvais être en tournée, et la réception de l’hôtel me fais signe que j’ai un appel et dès que je décroche, c’est Joe qui est à l’autre bout du fil, « Happy Birthday » This is Joe…

Pour te dire combien notre collaboration était profonde, j’étais en tournée en Colombie et dans ma chambre d’hôtel, je composais un morceau et j’ai écris sur la bande Joe Zawinul. Juste avant d’aller me coucher, j’ai reçu un coup de fil et à l’autre bout c’était son fils. Il me dit Richard, Joe vient de décéder à l’instant…Quelle coïncidence! Je venais de penser à lui dans ma composition. Ainsi va la vie.

CWN: Merci Richard pour cet entretien et continuation.

R.B: C’est moi qui te remercie, bonne soirée, je vais me dépêcher pour le prochain show.

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