Détournements: Controverse autour de la répartition de 44.904.500fcfa

Par souley.onoholio | Mercredi 18 novembre 2009 | Le Messager

En date du 10 novembre 2009, le Pr. Adolphe Minkoa She, président de la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc), a signé une décision autorisant le décaissement de la somme de quarante quatre millions neuf cent quatre mille cinq fcfa (44.904.500fcfa) pour le compte de la Sociladra, la Socam, la Scaap, la Socadap, le Synedeboc et la Cpmc. Ledit décaissement fait suite selon la décision du président de la Cpmc, à la répartition inter sociale du 04 novembre 2009. « Est, pour compter de la date de signature de la présente décision, autorisé le décaissement de la somme de 44.904.500fcfa (quarante quatre millions neuf cent quatre mille cinq fcfa) représentants les quottes parts de la Cpmc et des sociétés de gestion collective ci-dessus citées, ainsi que des frais de recouvrement dus au Synedeboc comme indiqué dans le tableau ci-après » lit-on dans la décision.
L’examen des lignes dudit tableau suscite des interrogations. Le syndicat national des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc) et la Cpmc semblent s’être appropriés la part du lion : 11.226.125fcfa et 8.980.900fcfa respectivement. Les quatre sociétés civiles de gestion collective, qui sont pourtant les principaux bénéficiaires, se partagent le reste de la pitance. Soit : 4.939.495fcfa pour la Sociladra, 8.644.116fcfa pour la Socam, 7.409.243fcfa pour la Scaap et 3.704.621fcfa pour la Socadap. La décision indique bien que cet argent a été débité du compte spécial de dépôt n° 22020063814-58 domicilié à la Sgbc Hôtel de ville de Yaoundé.

La colère et l’indignation des artistes sont si grandes qu’ils manifestent leur intention de descendre dans la rue pour décrier cette répartition. « On nous prend pour des vrais naïfs. Sinon, que vient faire le Synedeboc dans une répartition inter sociale du droit d’auteur au point de s’en sortir avec 11.226.125fcfa, c’est-à-dire la meilleure part de l’argent débloqué. Comment le syndicat qui devait jouer les facilitateurs pour éviter les tracasseries aux bars et débits de boissons qui sont ses membres, devient le plus grand bénéficiaire de l’argent collecté auprès de ses membres ? », s’interrogent les artistes musiciens. Selon certaines sources, l’argent reversé au Synedeboc est calculé sur la base d’un protocole d’accord flou et secret entre la Cpmc, la Socam et le syndicat. Ce qui provoque la grogne chez les trois autres sociétés de gestion collective. « Il est fort possible que des commissions soient prélevées sur l’argent reversé au syndicat », s’inquiète un écrivain, membre de la Sociladra. Dans les rangs des artistes, il résulte que les trois sociétés n’étaient pas d’accord pour le décaissement d’une importante somme à hauteur de 25% en faveur du Synedeboc. Ce qui fâche également, c’est que la Cpmc a à son tour prélevé pour son propre compte, 20%. Une coupe qui est en rupture avec les déclarations du président de la Cpmc qui lors de sa prise de fonctions, avait accusé son prédécesseur de prélever les mêmes 20% ; aussi s’était-il juré de se contenter des 6% réglementaires. Alors ?

S’engraisser sur le dos des artistes

Une petite arithmétique montre à l’évidence que sur les 44.904.500fcfa, 45% sont allés aux deux structures périphériques que sont le Synedeboc et la Cpmc : soit environ 20.207.025fcfa. Les misères des artistes ne s’arrêtent pas là. Sur la somme de 25 millions qui doit leur revenir, il faut soustraire 30% à reverser pour le fonctionnement des sociétés civiles de gestion collective : soit la somme de 7.500.000fcfa. Toute soustraction faite, sur la somme initiale, à peine 17.500.000fcfa, sont à repartir à des milliers d’artistes des quatre organismes de gestion collective. Alors qu’on s’interroge sur la clé et les bases de calcul ayant permis ces répartitions, du coté de la Scaap, la colère enfle au fil des jours. Leur société des arts de l’audiovisuel et de la photographie étant placée sous scellés, ils aimeraient savoir (au cas où cela s’avérerait vrai), les raisons qui auraient motivé le Pr. Adolphe Minkoa She à remettre la part de la Scaap au Pca Daouda Mouchangou, actuellement hors de ses bureaux. Après la distribution de ces 44.904.500fcfa collectés dans les bars et débits de boisson, les artistes sont gagnés par l’anxiété et la désolation. Ils craignent que les répartitions de fin d’année soient improbables. « L’argent des débits de boisson et les bars ayant été croqué, tous les regards sont tournés vers la Crtv. Si son Dg Amadou Vamoulke ne fait rien, les artistes n’auront que leurs yeux pour pleurer » conclut un artiste plasticien.