Deux enfants retrouvés morts dans un congélateur

Le sujet fait les gorges chaudes au quartier Biteng, une banlieue de Yaoundé. Précisément au lieu dit « Sous-manguier ». D’aucuns parlent d’un acte de jalousie et de méchanceté poussé, d’autres encore y voient un réseau de trafic d’enfants démantelé.

Tout compte fait, l’acte qu’a posé Madame Lydia Judith Yadé, ménagère de nationalité centrafricaine habitant le quartier Biteng, est ce qu’on serait tenté de taxer d’odieux. Tant la cruauté est inexplicable. L’histoire remonte à la nuit du mercredi 25 août 2010. Aux environs de 18 heures. Selon les voisins et quelques témoins, Lydia Yadé, mère de deux enfants héberge depuis quelques semaines une fille et un garçon, respectivement âgés de six et neuf ans. Ils fréquenteraient l’école publique de Kodengui. Ceux-ci ne sont autres que les enfants de sa co-épouse qui selon certains témoignages est en déplacement en République Centrafricaine. De retour d’une promenade, Lydia apprend que les enfants de sa co-épouse sont allés en balade à l’extérieur de la concession. Courroucée, elle va jusqu’à enfermer les deux gosses dans le congélateur avant de s’en aller pour une église réveillée baptisée « Mission de Réveil de Maranatha » dont elle est en outre adepte. Douze heures après, la marâtre va revenir pour délivrer les deux « prisonniers ». Mais grande sera sa surprise car elle va constater que les deux gamins sont sans vie. Le congélateur étant branché, les deux mioches n’ont pu supporter la température frigorifique et plus que suicidaire.
Apeurée, « elle a joint ma tante au téléphone et lui a demandé de venir d’urgence. Que c’est grave. Mon frère et moi nous avons aussitôt accouru chez elle. C’est là que nous avons fait la découverte macabre », explique Hildegarde Rosine Lange (29ans), témoin. Aidé par son frère cadet Etienne Bissila Zo’o, cette dernière va prêter main forte à l’auteure du forfait. « Nous avons d’abord amenés les deux corps à l’église pour que le pasteur Okita prie sur eux », confie-t-elle. Cette dernière avoue en effet que ce n’est qu’après avoir procédé à ces rites prescrit par les « Saintes Ecritures »qu’ils ont décidé avec le consentement de la marâtre d’aller déposer les deux corps à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé. Chose surprenante, sur le trajet qui conduit à la morgue, Lydia va prendre la poudre d’escampette. Alertés, les éléments du commissariat du 14ème arrondissement d’Ekounou vont se rendre nuitamment au domicile des deux complices afin de recueillir leur version des faits. Sentant que le discours tenu par ces derniers ne convint pas, ils vont être conduits le lendemain au poste de police avant d’être transférés à la brigade de Nkomo pour besoin d’enquête.

Pour l’heure, le pasteur Okita qui dit ne pas savoir où se trouve la fugitive de même comme les deux autres présumés complices sont depuis hier retenus à la brigade de Nkomo. Cet autre feuilleton vient remettre au goût du jour la question relative à la traite et à l’exploitation des enfants et la pratique du trafic d’enfant. En rappel, les statistiques ont établi que le phénomène va grandissant au Cameroun. Les experts expliquent en effet que la position géographique du pays fait de lui, à la fois, un réceptacle des enfants venus des pays d’Afrique de l’Ouest, et un point de départ pour le Gabon et la Guinée équatoriale considérés comme les «principales zones d’accueil». Les habitants du quartier Biteng soutiennent que l’Eglise Maranatha serait en effet le fief d’un réseau de trafic d’enfants. Serait-on là face à un nouveau cas ? Seule l’enquête ouverte par la brigade de Nkomo permettra de répondre à cette interrogation.

Par christian.tchapmi | Vendredi 27 août 2010 | Le Messager|