Gouvernance: La consommation du Bip bloquée par la corruption

Budget d’investissements : Mention médiocre pour l’Extrême-Nord

En trois trimestres sur quatre, les taux d’exécution financier et physique n’ont pas atteint la moyenne.

Une évaluation du taux d’exécutions des projets pour du budget d’investissements publics(Bip) 2010, en milieu de semaine dernière à Maroua. Il a été révélé à l’assistance qu’à ce quatrième et dernier trimestre de l’année 2010, la région de l’Extrême Nord n’a pas atteint la moitié du taux de réalisation des projets. Un Bip d’une enveloppe de 14,628 milliards de Fcfa destinés à 811 projets pour cet exercice 2010.
Au 30 septembre dernier cependant, le taux d’exécution financier était de 29,34% alors que le taux d’exécution physique était de 49, 07%. Des chiffres qui sont loin d’avoir plu au gouverneur de l’Extrême Nord, Joseph Beti Assomo, qui a demandé des explications sur les motifs de cette mauvaise performance.

Le président du Comité régional de suivi participatif des projets du Bip 2010, le député Zondol Hersesse, interpellé, a esquissé des raisons.

Pour lui, plusieurs difficultés ont contribué à ces mauvais résultats. En dehors des pluies qui sont un facteur non maîtrisables, il invoque les défaillances humaines dans la chaîne d’attribution et d’exécution des différents projets. Le député cite entre autres «la lourdeur dans le processus d’attribution de certains marchés d’une certaine taille.

Certains entrepreneurs ont pris beaucoup de responsabilités en signant beaucoup de contrats sans tenir compte de leur surface financière. Certains maires ne maitrisent pas certains principes d’élaboration des dossiers d’appel d’offres, la passation et même le suivi».

Processus d’attribution
Comme autre justification, Zondol Hersesse cite aussi l’arrivée tardive des crédits. Ce qui dévoile au grand jour le non respect de la règlementation d’attribution des marchés. Un constat qui a fait dire à une élite de Maroua, membre du comité de suivi, ayant requis l’anonymat que «l’achat des marchés à prix d’or par des entrepreneurs jamais qualifiés a été érigé en règle à Maroua depuis belle lurette. Vous savez, aussi bien dans le monde économique, politique que culturel, ce sont les milliardaires, illettrés dans leur grande majorité, qui s’emparent des marchés juteux».

Une situation qui a fait exprimer ses appréhensions au gouverneur Joseph Beti Assomo, qui a dit sa peur de voir les projets forclos. Les membres du comité ont émis le vœu que les crédits arrivent à temps, au plus tard en juin, pour permettre au maître d’œuvre de passer le marché à temps, dans l’optique de réaliser les projets dans les règles de l’art. Ils ont surtout suggéré que le processus d’attribution soit accéléré. Mais surtout que les entrepreneurs prennent des engagements à concurrence de leur surface financière. Et enfin que le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire se dote d’une brigade de suivi et de contrôle des projets Bip.

Jacques Kaldaoussa | 26 octobre 2010 | Mutations|