« Jean Bosco Tagne, responsable de l’action politique de la Camdiac, est obnubilé par une idée fixe : le changement à la tête de l’État camerounais ». C’est à cette conclusion qu’on en arrive après l’avoir écouté pendant près de 90 mn. Sa détermination est aussi forte et vivace que celle qu’il attribue au locataire actuel d’Etoudi : « M. Biya a prouvé maintes fois qu’il veut mourir au pouvoir au Cameroun et qu’il ne s’en ira pas si facilement ». Une obsession qu’il justifie et résume de manière laconique, sèche et abrupte : « Biya doit partir ! Nous sommes fatigués. ». Le « Nous » englobant ici toutes celles et tous ceux qui pensent, comme lui, Jean Bosco Tagne, ancien membre du fameux parlement étudiant des années 90 au Cameroun, pourchassé, faussement accusé et banni de toutes les universités nationales, que l’heure de la retraite « bien méritée » a sonné pour Paul Biya au sommet de l’État. Il faut l’alternance. Coûte que coûte !
Ce serait faire preuve d’une naïveté extrême ou encore d’une condescendance mal placée que de voir en cet homme un illuminé ou un doux rêveur comme le Cameroun en a connu ces dernières années. Quelque soit ce qu’on peut en penser, on ne met en balance une des plus brillantes et prometteuses carrières de Chercheur à la BUSM (Boston University School of Medecine) – où ses travaux sur le dépistage précoce des différentes formes de cancer lui valent la reconnaissance de la communauté scientifique universitaire américaine -; on ne met pas cela en balance, disions-nous, avec un engagement citoyen et politique (?) comme celui dans lequel cet homme s’est lancé. Un engagement qui le conduit, depuis le Etats-unis où il vit, à conscientiser avec force énergie, ses compatriotes dans le seul but de les voir réagir et s’accaparer leur destin. Jean-Bosco Tagne se sent investi d’une mission : libérer les camerounais en obtenant le départ de Paul Biya de la présidence du Cameroun. Et à la question de savoir de qui viendrait cet « ordre de mission », le ton se fait ferme et la réponse vous parvient, aussi virulente que la passion qui l’anime : « Si vous êtes camerounais et que vous n’avez pas en vous cette rage, cette fougue, ce désir cruel, de voir ce monstre au pouvoir dans notre pays depuis bientôt 28 ans, partir… c’est que vous n’êtes pas camerounais… ». (sic)
Pour cet objectif ultime, naît donc la Camdiac : « … au moment où une crise de légitimité et de représentativité minait les actions de la diaspora militante en même temps que des antagonismes divers surgissaient entre les compatriotes de l’intéreieur et ceux de l’étranger, compromettant dangeureusement tout rêve d’actions concertées. » dit Guy Simon Ngakam, responsable du pôle européen de la Camdiac. La première action sera la Convention de Washington du 10 juillet 2010. Un rassemblement qui a fait et fera date, puisqu’on y a vu réunis des leaders politiques nationaux, des leaders d’opinion de l’intérieur comme de l’extérieur, etc… s’asseoir ensemble, parler et échanger sur la seule chose qu’ils ont en commun – à part être camerounais – … trouver les voies et les moyens de sortir le Cameroun de l’abîme dans lequel ce pays est empêtré. Du fait de Paul Biya et sa clique de courtisans-prédateurs au pouvoir actuellement. La portée de cet évènement sera malheureusement altérée par la brusque disparition de Pius Njawé, Directeur du Messager et pourfendeur incorruptible et sans concessions de ce régime.
Camdiac : après Washington, Bruxelles
Un malheur qui n’arrête pas pour autant les membres de la Camdiac. Jean-Bosco Tagne et ses compagnons auront réussi à attirer l’attention sur leur mouvement. Mais aussi de l’intérêt. Celui des médias, mais aussi … « des politiques ». Pour preuve, leur seconde Convention, encore appelée Phase II de l’action, qui se tient à Bruxelles les 5-6 novembre 2010, et qui voit la participation de nombreuses autres organisations militantes citoyennes et/ou politiques du Cameroun, comme de la diaspora. Des organisations, qui jusqu’ici, étaient réticentes à l’idée « d’embarquer ». Il est vrai que la personnalité de Jean-Bosco Tagne, à laquelle il faut ajouter quelques contradictions nées d’une communication pas tout à fait maîtrisée au sein de la Camdiac, ne facilitent pas les choses. Le directeur politique de la Camdiac semble, selon ses détracteurs « entêté », « excessif », « pas assez à l’écoute des autres », tandis que la nature exacte de cette organisation ne semble toujours pas claire. D’une part, J.B » Tagne nous affirme que son mouvement n’est pas un parti politique, qu’ils « …font da la politique tout en n’étant pas des hommes ou des acteurs politiques. »; mais d’autre part, on a des doutes quand on lit les propos du représentant Europe, Guy Simon Ngakam, en parlant de la réunion à venir de Bruxelles : « …nous avons pu opérer une hiérarchisation des priorités de l’ère post Biya. Il s’agira d’assurer la stabilité politique, de créer la sécurité et le sentiment de sécurité des personnes et de leurs biens ; de jeter les bases d’une assurance maladie universelle et de créer les conditions d’éradication rapide de nombreuses maladies infectieuses qui empêchent d’utiliser la population dans la bataille du développement économique et social. Il s’agira enfin de créer des conditions propices à l’épargne, au crédit et à l’investissement.». Aussi bien sur la forme que sur le fond, il s’agit bel et bien d’un jargon de parti politique. À moins que ce ne soit des revendications à proposer aux partis politiques ? Au quel cas, la Camdiac devra le préciser et être plus explicite.
Le spectre de la chienlit
Ce d’autant plus que, la 2ème rencontre organisée par la Camdiac et qui se tient à Bruxelles en Belgique est, aux dires des organisateurs, la plus cruciale. C’est la rencontre face à la Jeunesse Camerounaise. Celle-là même sur laquelle, les « Camdiacais» veulent s’appuyer pour mettre en branle leur phase finale : une Convention de la Camdiac à Yaoundé en 2011, genèse de la révolution qui va (peut-être ?) provoquer le départ de Biya. Ce qui explique pourquoi au sortir de Bruxelles, la barre a été placée très haute. Les attentes se veulent élevées et décisives pour les organisateurs de cette Convention belge : une nouvelle philosophie du patriotisme, une nouvelle éthique du militantisme, mais surtout la signature par tous, ou à tout le moins par la majorité d’un « pacte d’engagement commun » à mettre de côté les divergences, les luttes d’ego et à se concentrer et se préparer pour la phase III à Yaoundé, au courant de l’année 2011. Une rencontre voulue aussi en guise de réponse : « …beaucoup se sont moqués de nous en disant que nous crions de l’extérieur, nous n’avons qu’à venir sur le terrain… Nous y serons » dit J »B » Tagne et d’ajouter, fièrement, que cela fait partie du « plan » de la Camdiac, pensé depuis le mois de juillet à Washington : « Vous verrez des étincelles à Yaoundé (…) Elles seront de toutes natures. Nous sommes préparés et notre détermination est totale. Vous savez les années de peur en 90 sont dépassées. Et même si Biya veut tuer, il ne pourra tuer tout le monde. De toute façon, nous pensons que cela n’arrivera pas au Cameroun. Nous parlons à tout le monde en ce moment : armée, politiques, jeunes…Mas cela n’arivera pas ! ».
On pourrait s’interroger sur la démarche de la Camdiac, sur ses contradictions apparentes, et même sur le manque de visibilité de sa feuille de route. Ne jouent-ils pas les trouble-fêtes en brouillant encore plus le processus en cours actuellement, qui soit dit en passant est déjà relativement complexe ? Pour le directeur politique de la Camdiac, Jean Bosco Tagne, il n’y a pas à s’interroger outre mesure, tout est clair : « La Camdiac ne s’oppose à aucune déclaration de candidature de qui que ce soit. Parce que de toute façon, personne ne pourra battre Biya au cours d’une élection. Il n’y a qu’une révolution pour faire partir Biya du pouvoir. (…) Pas par les armes, nous n’en avons ni les moyens, ni l’envie. Mais nous pensons qu’une révolution au Cameroun ne peut être qu’une révolution de la jeunesse…Mais nous ne pouvons dévoiler toute notre stratégie ici… ».
À quoi devra-t-on s’attendre en 2011 ? Nul ne le sait. Mais les signaux sont devenus des alarmes permanentes et il faut les éteindre. Ce n’est pas être devin que de dire que ce pays va droit vers la chienlit. Cela a marché dans certains pays, d’autres y « baignent » encore vingt ans après le début des hostilités. Est-ce vraiment ce que nous voulons pour notre pays ? Est-ce en agitant l’épouvantail des malheurs des autres ou en spéculant sur le prétendu esprit pacifique des camerounais qu’on y aura répondu ? N’est-il pas encore temps que tous prennent leurs responsabilités pour éviter la chienlit ? Tous ? Les derniers partisans lucides de ce régime et les différentes oppositions !
Cyrille Ekwalla| 4 Novembre 2010| cyrille.ekwalla.over-blog.com
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Tagne toi-même tu as fuis le Cameroun. Un révolutionnaire est un homme courageux, il ne se sert pas de pauvres jeunes innocents comme d’un bouclier de protection pour faire sa révolution. Vous êtes des lâches. Venez au Camerounais assumez vos responsabilités si en avez… qu’avez vous fait de Pius Njawé?