Management : Jeune Afrique “déshabille” Hayatou

Parfait Tabapsi | 09 février 2010 | Mutations

L’hebdomadaire fait le point d’une gestion très personnelle du président de la Caf au lendemain d’une Can qui a fait beaucoup de bruit.

Bien malin qui peut imaginer l’ambiance actuelle dans les bureaux de la confédération africaine de football (Caf) au Caire. Ambiance alourdie ces dernières semaines par l’organisation, que beaucoup jugent approximative, de la dernière coupe d’Afrique des nations (Can) en Angola, et surtout de cette décision d’exclure le Togo des deux prochaines éditions de cette même Can. Toujours est-il que tout laisse à croire que le président Issa Hayatou, en place depuis près de 22 ans, devrait avoir quelques remords. Pour le magazine panafricain paraissant à Paris Jeune Afrique, elles sont nombreuses aujourd’hui ces voies qui «réclament sa tête». Et cela malgré un bilan d’étape des plus positifs pour le football africain. Dont la moindre n’est pas l’organisation de la prochaine messe mondiale du foot au pays de Nelson Mandela.

Mais à en croire Alexis Billebaut qui a commis un article de trois pages sur les braises qui seraient en train d’éroder le foot africain par le sommet, «il y a un problème autour de sa personnalité et de son mode de management», s’agissant de M. Hayatou. Un président de confédération qui, tout en restant «imperméable à la critique», prend «seul» beaucoup de décisions stratégiques comme celle de «s’exprimer au nom du football africain sans toujours se donner la peine de consulter» les 53 présidents d’associations nationales qui constituent son équipée. Une posture managériale qui soulève l’ire de certains membres de la famille du football en dehors du siège du Caire. Pour ces nouvelles voies de la contestation, ce qui fait mal, c’est cette «absence d’un vrai projet pour le football africain converti (désormais) au sport business (et) dont les droits de retransmission de l’épreuve reine de la Caf ont augmenté de près de 60% en deux ans», privant du coup «la grande majorité des pays africains» de la dernière campagne angolaise.

S’il est vrai que le bilan d’Hayatou, sans être élogieux tient tout de même la route, il reste que le dirigeant originaire de Garoua ne rate aucune occasion de s’en prendre aux fédérations africaines à qui il reproche souvent, comme à la dernière assemblée générale, «un manque d’initiatives et d’idées». Ce qui fait dire à son compatriote Joseph-Antoine Bell, dans une posture critique qui lui va comme un gant, que «Hayatou croit qu’il est la Caf. Et beaucoup de présidents de fédérations africaines considèrent que la Caf appartient à Hayatou et à son entourage».

Mais là n’est pas le plus grave à écouter l’ancien portier des Lions indomptables. Sur l’exclusion du Togo des Can prochaines, il balance à la cantonade que «Dans un tel cas de figure, il y a deux possibilités : soit le président démissionne, soit il est démissionné». Un message clair que le goléador togolais Adebayor traduit par : «Hayatou a beaucoup servi l’Afrique, mais, aujourd’hui, il doit dégager».

Ce qui, pour le reporter de J.A, paraît «peu probable» du fait de la propension du président de la Caf à ne pas «reconnaître ses erreurs», ou encore parce que démissionner un président n’est pas «vraiment dans la culture» de la maison. Donc, on peut subodorer que M. Hayatou arrive au moins à échéance de son mandat actuel qui court jusqu’en 2013. A moins que…