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Mme Denise Fampou: « Je ne me soumettrai jamais à la mafia »

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Par robert.ngono.ebode  | Vendredi 11 décembre 2009 | Le Messager

Mem Denise Fampou - Courtesy Le Messager

Mem Denise Fampou - Courtesy Le Messager

Madame le maire, comment vous sentez-vous après ce conseil municipal qui a rejeté le compte administratif ?

Je vous remercie. Je voudrai tout simplement dire que le rejet d’un compte administratif par les conseillers municipaux n’est pas une fatalité, parce qu’il y a des années où l’on n’a même pas tenu de compte administratif. Ce compte administratif a été rejeté. Mais que les gens ne voient pas en ce rejet une faute du Maire. Si ce compte a été rejeté, c’est tout simplement parce que les documents des autres collaborateurs ne sont pas arrivés à temps, notamment le compte de gestion matières qui devait être présenté par le Comptable matières sortant qui n’a pas pu le présenter à temps. C’est la raison pour laquelle n’ayant pas ce compte de gestion matières, le compte administratif est incomplet. Car il faut le souligner, le compte administratif que nous devons soumettre au conseil municipal est l’ensemble du compte administratif du Maire, le compte de gestion du Receveur municipal et le compte de gestion matières du comptable matières.

Ce rejet résulte t-il d’une démarche professionnelle ou alors c’est un simple règlement de compte de certains Conseillers municipaux à votre encontre ?

C’est une démarche professionnelle. Mais la mauvaise foi fait que les gens pensent que c’est un exploit, qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu. Non ! Personne ne peut arrêter le fonctionnement d’une institution. Comme je vous l’ai dit, on ne saurait valablement approuver un compte administratif en l’absence d’un élément aussi important que le compte de gestion matières.

Pourquoi ce compte de gestion matières n’a-t-il pas été présenté au cours de cette session ?

Je vous l’ai dit parce que le comptable matières qui était là en 2008 n’est plus en service. Il fallait donc déjà le retrouver. Vous savez, si vous avez suivi les bruits qui ont couru à l’époque que Madame le Maire refusait de tenir le compte administratif. Je pense que c’était aussi pour moi, et c’est ce qu’on ne dit pas, de faire comprendre aux gens que si je n’ai pas tenu mon compte administratif, c’est parce que je n’avais pas tous les éléments en ma possession.

On parle d’un gap de près de 100 millions de Cfa. Ne serait-ce pas là une bonne raison pour ne pas présenter ce compte ?

Oui justement, il ressort que le Receveur municipal de l’époque qui a d’ailleurs été suspendu de ses fonctions avait commis certaines irrégularités en payant des mandats que je ne connaissais pas. En payant des marchés que j’estime être fictifs car je n’ai pas vu jusqu’à ce moment où je vous parle le service correspondant aux mandats qui ont été payés. Ce sont donc ces 100 millions de Fcfa qui ont toujours été l’objet de mes préoccupations. En ce temps-là, j’avais déjà stigmatisé cela et j’ai saisi la hiérarchie. D’où la suspension de ce Receveur.

Est-ce qu’il y a des actions qui ont été entreprises à son encontre ou c’est une simple suspension sans d’autres actions visant à savoir un peu plus sur le dossier ?

Déjà, il y a eu une mission de contrôle MINATD/MINFI qui a séjourné ici pendant des mois. Jusqu’aujourd’hui, je n’ai pas encore les rapports de cette mission. Mais il y a encore une grande surprise, c’est le comportement des Conseillers municipaux qui sont justement là pour relever ce genre d’irrégularités. Mais curieusement, aucun Conseiller n’a relevé ces irrégularités.

Comment se fait-il que le Receveur municipal se retrouve en train de payer des mandats et des marchés que vous n’avez pas engagés en tant que Maire ?

Il s’est justement transformé en ordonnateur de fait. D’où mon inquiétude à ce moment-là. Voilà pourquoi à cette époque, j’ai crié, j’ai parlé et j’ai saisi la hiérarchie pour tancer le comportement de ce receveur municipal.

Quels sont les problèmes que rencontre votre mairie actuellement ?

La Mairie est confrontée comme vous le savez bien aux problèmes internes qui sont de nature à freiner les actions de cette institution.

Que faites-vous pour trouver des solutions à ces problèmes que vous venez vous-même d’énumérer tant au niveau interne qu’à la réalisation de la feuille de route que s’est donnée votre équipe ?

En ce qui concerne les problèmes de personne, c’est difficile de me prononcer là-dessus. Les problèmes de personne sont difficiles à cerner du moment où l’homme est ondoyant et divers. Ce sont des problèmes que l’on peut rencontrer chez tout être humain. Ce sont des problèmes de jalousie et il faut le reconnaître. Ce n’est pas tout le monde qui accepte de me voir assise à la place que mon père a occupée il y a 20 ans. Les gens avaient juré que je ne serai pas là parce que la mairie n’est pas un problème de succession. Mais à la grande surprise de ceux-là, je suis Maire. Vous comprenez donc que ceux-là n’ont pas baissé la garde. Ils feront tout pour m’embêter. Mais qu’à cela ne tienne, je suis assez forte. Je sais ce que je veux. Je sais là où je vais. Et cela ne m’empêche pas de mener des actions concrètes.

Quels sont les rapports que vous entretenez avec vos collaborateurs en général, et vos adjoints en particulier?

Oui, mes adjoints et ce n’est un secret pour personne, ils sont de ceux qui n’ont jamais souhaité que je sois là. Or, j’avais cru qu’une fois la liste élue, nous devrions travailler ensemble. Mais je pense qu’ils se disent que les expériences passées vont se répéter à savoir, pendant le mandat précédent, le Maire qui était tête de liste n’a pas été reconduit. Ils pensent donc peut-être qu’en m’embêtant, je vais me casser la gueule et que je partirai, et eux, ils resteront. Or, personne de nous n’a le secret de Dieu, nous verrons ce qui va se passer.

Qu’est-ce qu’ils vous reprochent concrètement ?

Je ne sais pas ce qu’ils me reprochent. Peut-être ils me reprochent le fait que je sois Maire.

Il vous est reproché de refuser d’appliquer le décret du premier ministre organisant le fonctionnement des exécutifs municipaux.

Je pense que lorsque j’ai été installé comme Maire, j’ai été l’un des premiers à avoir signer un Arrêté qui répartit les tâches entre mes différents adjoints à la commune d’arrondissement de Douala 2ème. Après cet arrêté qui consacrait les attributions à chaque adjoint, personne d’eux n’a cru devoir, dans le cadre de ces attributions à eux confiées, me tenir une feuille ou me faire des propositions par rapport à ces attributions. Mais entre temps, le décret du Premier ministre est signé. Il intervient bien après et venait confirmer ce que j’avais déjà fait. Pour ceux qui ne le savent pas, ils ont manifesté la mauvaise foi pour prétendre que Madame le Maire n’a jamais exécuté le décret du Premier ministre, alors que je l’avais déjà fait bien avant. Je me suis dit d’accord. S’il faut à tout prix faire action suite au décret du Premier ministre, j’a repris un autre Arrêté en leur attribuant des tâches par rapport aux attributions telles que fixées par le Premier ministre.

Vu ce climat, comment travaillez-vous au quotidien avec ces adjoints qui semblent aujourd’hui être des épines sous vos bottes ?

Je suis là. Je suis Maire. Si je ne vois pas mes adjoints, ce n’est pas moi qui irais les chercher là où ils se trouvent. Celui qui veut travailler, qu’il vienne vers moi et me fasse des propositions.

Est-ce qu’il vous est quand même arrivé de constater leurs absences ?

Je les constate. Mais la loi ne me donne aucun pouvoir de sanction. Je peux le constater. Je peux le relever. Je fais des notes à ma hiérarchie. Mais je n’ai aucun pouvoir de sanction, à savoir donner des demandes d’explication, des mises à pied et autres. Mais, c’est quand même moi qui attribue les tâches.

Il y a également le problème de parking qui vous a opposée à vos adjoints à une certaine époque et a même fait les choux gras de la presse.

La gestion des parkings, je crois, rentre dans le même panier que les autres problèmes. C’était un problème créé de toutes pièces. Je souhaiterai que vous jetiez un coup d’œil là en sortant. Vous verrez que tous les portails sont ouverts. Mais aucune voiture n’est garée, sinon celle du Receveur municipal. C’était une façon de distraire l’opinion comme ils ont l’habitude de le faire.

Certains parmi eux estimaient justement au moment des faits que vous étiez en congé et que vous ne pourriez prendre de décision valable ordonnant la fermeture du parking.

Ce ne sont pas eux qui me mettent en congé. Depuis que je suis Maire, je n’ai pas encore pris de congé. J’étais en mission en Allemagne. Et une mission a une durée limitée. Ce sont eux qui ont voulu donner le nom de congé. Moi je n’ai jamais été en congé. Pour être en congé, je dois demander l’autorisation au MINATD.

Finalement, est-ce que l’exécutif municipal ne passe pas le temps à se donner des coups bas au lieu de trouver des solutions au bien-être des populations ?

Je voudrai relever une chose. Je suis Maire avec quatre adjoints. Trois des quatre adjoints font partie de l’exécutif sortant. Et je mettrai quiconque au défis de me dire ce que, puisque c’est moi qui semble être le problème, les gens ont fait en cinq ans et ce que moi, je n’ai pas fait en deux ans étant bien évidemment dans cette turbulence créée.

Quel bilan pouvez-vous faire à ce jour de vos actions à la tête de la commune de Douala 2ème deux ans après votre installation à la tête de cet exécutif communal?

J’ai un bilan pour ma part largement positif. En septembre 2002, la commune de Douala 2ème avait plus de 1 milliard de Fcfa de dettes. Aujourd’hui, j’ai pu ramener cette dette à près de 600 millions Fcfa. C’est déjà ça. Je puis vous dire que si je n’avais trouvé cette dette, j’aurais pu faire beaucoup de réalisations. Alors que je trouve la Mairie plombée dans cette dette, j’ai pu initier un projet, celui de la construction d’un cercle municipal qui a déjà connu un aboutissement heureux. J’ai reçu tous les financements, qu’ils soient du FEICOM ou de la Communauté urbaine. Le dossier d’appel d’offres sera lancé dans les prochains jours et la pose de la première pierre ne tardera pas à avoir lieu. Donc, voilà un grand projet que j’ai pu déjà réaliser. Ce qui veut dire que même si je ne suis plus là, les financements sont là. Tout est là. Le terrain pour lequel je me suis battue pour servir de site à ce cercle municipal, avec la complicité de ces mêmes Conseillers municipaux qui ont tout fait pour que je n’obtienne pas ce terrain, est disponible et tous les papiers sont en notre possession et rentre dans le patrimoine de la mairie, 1000 m2. Autant d’autres choses. Je ne parlerai pas des appels d’offres que j’ai lancés pour la construction d’un dalot à Newton aéroport sur fonds propres, l’aménagement de la voirie sur fonds propres. Ce sont là les dossiers d’appels d’offres et non des bons de commande. Je ne suis pas sûre qu’en vingt ans, la mairie ait lancé un seul appel d’offres.

On observe également la mobilité de Madame le Maire surtout à l’étranger dans divers fora et séminaires. Qu’est-ce que ceux-ci ont rapporté à la commune de Douala 2ème ?

Ces différents déplacements du maire dans ces fora et séminaires rapportent beaucoup à la mairie surtout en termes de marketing. Il faut dire que je vends l’image de la mairie de Douala 2ème. C’est pourquoi je vous ai tantôt dit que je suis vice présidente de la Mobilité urbaine. C’est parce que j’ai pu me faire distinguer par mes interventions que tous les pairs, c’est-à-dire les Maires du monde entier réunis en commissions, parmi lesquelles la commission sur la mobilité, m’ont élue comme la vice présidente mondiale. Donc, ce n’est pas une histoire d’un individu. C’est la commune urbaine d’arrondissement de Douala 2ème qui occupe cette vice présidence. Même si je ne suis plus Maire, la commune continue de siéger à ce poste. Le Maire de Stuttgart qui est président ne représente que cette mairie. C’est elle en réalité qui occupe le poste de président. La mairie de Douala 2ème a cette chance d’être à côté des grandes villes du monde et postuler à cette place où il y avait les maires d’autres villes africaines très importantes, telles celles du Nigeria, Maroc, Zimbabwe et autres. Mais j’ai occupé cette place pour le compte de l’Afrique. Donc, sur le plan déjà international, la mairie de Douala 2ème est connue.

Etes-vous satisfaite de ce bilan ?

Je suis satisfaite parce que malgré tout ce tumulte, j’ai pu réaliser cela. Il y a des moments chez moi où je me pose la question de savoir comment j’ai pu le faire, surtout avec tous ces remous que l’on observe à la mairie de Douala 2ème.

Est-ce qu’il y a des choses que vous aurez souhaité réaliser et que vous n’avez pas pu à cause de ce climat délétère à la mairie? Avez-vous des regrets ?

Ce que je peux regretter, c’est de ne pas pouvoir maximiser les recettes de la commune. Ceux qui m’empêchent de travailler, ce sont eux qui gèrent tous les marchés de l’arrondissement de Douala 2ème. Vous voyez donc qu’ils ont intérêt à ce que je ne puisse pas travailler normalement. Comme ils aiment dire, j’ai les dents longues, je suis en train de regarder partout et cela ne les arrange pas. Voilà peut-être ce que j’aurais bien voulu faire en termes de recettes. Avec tout cet argent, j’aurai pu réaliser beaucoup de choses dans notre arrondissement. Mais malheureusement, ce sont ceux-là mêmes qui siègent dans mon conseil, qui siègent à la Communauté urbaine de Douala et qui constituent un frein pour le développement de Douala 2ème.

Certaines langues soutiennent qu’en réalité, le combat qui est mené au sein de l’exécutif municipal serait la conséquence du financement de presque 3 milliards de Fcfa de la Banque mondiale pour le financement des projets.

Oui, il faut aussi le dire. C’est par ignorance. Les gens n’ont pas compris que lorsque la Banque mondiale met des fonds à votre disposition, ce n’est pas vous qui gérez. Elle affecte des fonds pour la réalisation des projets dans votre localité. Mais ce sont eux qui gèrent leur argent. Et cet argent est géré à Yaoundé au niveau du ministère du développement urbain à travers une cellule de coordination qui est pilotée par une dame nommée par le ministre. C’est donc à partir de cette cellule que les trois milliards de Fcfa sont gérés. Mais beaucoup ont cru, et continuent d’ailleurs de le croire que c’est Madame le Maire qui gère cet argent. D’où vous verrez, lors des travaux en commissions ici à la mairie, beaucoup ne s’interrogent que par rapport aux marchés. Vous apprendrez qu’on dise que Madame le Maire ne collabore pas. La collaboration voudrait que s’il y a trois milliards, je les appelle pour qu’on gère cet argent. Non, Madame le Maire ne gère pas les trois milliards de Fcfa. Je suis là tout simplement pour vérifier si les travaux pour lesquels l’argent a été débloqué depuis Yaoundé sont faits. Si cela n’est pas fait, je ne donne pas mon accord pour qu’on réceptionne les travaux.

Quels sont les secteurs d’activités visés par ce financement de la Banque mondiale ?

Beaucoup de secteurs. On note entre autres, la réhabilitation de certaines écoles de l’arrondissement de Douala 2ème, les travaux structurants tels que les grands drains de Douala 2ème, l’éclairage public, la construction des aires de jeu notamment les stades de football, basket-ball, l’aménagement des boukarous et des jardins publics.

Quels sont les rapports que votre commune entretient avec la Communauté urbaine de Douala lorsqu’on sait que par exemple, il y a une bataille au niveau du contrôle et de la gestion de certains espaces comme le marché central de Douala ?

Dans le cadre du conseil de la communauté et dans le cadre de la plate-forme de concertation qui existe entre la Communauté urbaine de Douala et les mairies d’arrondissement initié par le Délégué du gouvernement, nous essayons de traiter de certains problèmes. Nous posons des problèmes comme celui de la gestion des marchés qui se trouvent dans notre arrondissement. Les marchés qui sont hors de notre zone d’action alors que ces marchés auraient pu nous amener à résoudre certains problèmes de notre arrondissement sans qu’on ait à faire recours à la Communauté urbaine sur quoi que ce soit. Il y a surtout ces problèmes de gestion des marchés qui se pose avec acuité, l’arrondissement de Douala 2ème étant essentiellement constitué de marchés. Nous n’avons pas de sociétés, nous n’avons pas d’industries. Si nous ne gérons pas nos marchés, nous allons difficilement atteindre nos objectifs pour réaliser notre plan de campagne.

Et vous oeuvrez pour que la gestion du marché central soit du ressort de la mairie de Douala 2ème ? Ne peut-on pas penser à une thèse du complot puisque ce marché qui est censé être géré par la Communauté urbaine de Douala l’est plutôt à travers une concession ?

Effectivement et voilà tout le problème. La Communauté urbaine de Douala estime qu’elle ne peut pas gérer le marché, peut-être compte tenu de l’élargissement de son assiette fiscale. Ce qui est tout à fait normal. La Communauté urbaine, avec la trentaine de marchés que compte la ville de Douala, se retrouve presque dans l’impossibilité d’assumer cette gestion. Pourquoi donc ne pas laisser ces marchés aux communes ? Ces marchés sont plutôt cédés à des tiers qui n’emploient même pas une dizaine de personnes. La mairie elle, a deux cents personnes. Avec tout ce que cela comporte comme charges pour le fonctionnement de la mairie, notamment les assurances, la CNPS et autres, ça devient difficile pour les mairies de s’en sortir sans que d’autres gestions comme celles des marchés lui soient confiées. Mais on prend ce marché et on le donne à quelqu’un qui n’a pas de bureaux qu’il loue à 50 000 Fcfa, qui n’emploie même pas dix Camerounais, mais qui se voit attribuer la gestion d’une structure comme le marché central de Douala qui rapporte près d’un milliard et demi de Fcfa, si l’on s’en tient au mémorandum des commerçants. Près d’un milliard et demi de Fcfa par an qu’on attribue à une personne, alors que la mairie de Douala 2ème a pour recettes 600 millions de Fcfa ! Voilà tout ce que nous avons comme recettes. Mais quelqu’un qui n’a même pas le dixième de ce que nous avons comme charge, on lui donne un marché comme celui-là. Voilà autant de paradoxes. Les impôts viennent de nous saisir pour une dette qui remonte à plus de dix ans. Il me fallait tirer le diable par la queue pour pouvoir payer les salaires. Et s’il faut ajouter ce genre de problèmes qui vous tombent encore sur la tête, vous pouvez imaginer les acrobaties que nous devons faire pour honorer nos engagements. Mais voilà quelqu’un qui n’a aucun engagement fiscal, parce qu’il faut aller voir ce qu’il déclare aux impôts, ses revenus ! Mais nous ne pouvons pas le cacher. On lui donne donc tout cela. Et la mairie elle, doit vivre de quoi ? Voilà tout mon problème.

Quel est votre plaidoyer auprès du délégué du gouvernement ?

J’ai dit au Délégué du gouvernement que puisqu’il ressort des documents qu’on nous a donnés, de l’audit qui a été réalisé, que le marché central produit près de 95 millions de Fcfa par moi. Ce qu’aucune mairie de Douala ne peut réaliser. Et que ces personnes mettent à peine 20 millions de Fcfa par mois à la Communauté urbaine de Douala. Lorsqu’il s’agit de changer par exemple une ampoule, on soustrait et on donne 15 millions de Fcfa. Nous avons donc demandé au Délégué du gouvernement de nous donner la gestion du  marché central et que la mairie de Douala 2ème reverse les 20 millions de Fcfa à la Communauté urbaine de Douala. Je ne sais pas s’il n’y a pas une logique à ce que je dis ! Qu’on donne ce marché à une institution qui peut nourrir des Camerounais, trouver des emplois aux jeunes qui chôment, et qui pourraient avoir une certaine stabilité, et non des temporaires comme on ramasse les enfants de la rue à qui l’on demande de collecter des tickets pour leur donner 10 000 Fcfa à la fin du mois. C’est bien de dire Madame le Maire, il n’y a pas telle chose à la mairie, avec 600 millions de Fcfa presque, nous réussissons déjà à payer près de 350 millions de Fcfa par an de masse salariale. Mais avec près du milliard et demi de Fcfa que génère le marché central, est-ce que le concessionnaire peut vous dire ce qu’il a comme charge à la fin du mois, voire à la fin d’année ?

Pour vous, si la gestion du marché central de Douala revenait à la mairie de Douala 2ème, la totalité des problèmes de cette mairie serait résolue ?

Ces problèmes seraient totalement résolus. Prenez par exemple les droits de place au marché, ça ne se négocie pas. Ce n’est pas l’impôt libératoire où quelqu’un peut commencer une activité aujourd’hui puis la ferme pour faillite. Les droits de place sont discutés, puisque les uns sont entassés sur les autres. Ce sont des taxes fixes et indiscutables. Je vais même vous dire qu’il y a des commerçants là-bas qui meurent et les enfants s’arrangent à payer des droits de place sur un an de peur qu’on ne leur enlève cette place. Quand vous avez face à cela une institution comme nous, voilà le marché central qui est juste à côté de nous. Mes agents ont de la peine d’aller recouvrer là-bas parce que ceux-là ont des gros moyens pour mettre des gros bras pour bastonner les agents qui vont recouvrer l’impôt libératoire, parce qu’au moins cet impôt nous revient. Mais nous n’arrivons même pas à entrer dans le marché. Et c’est une bonne partie des recettes que nous perdons.

Finalement, est-ce que ce contrat de concession n’a pas été concocté pour favoriser un individu qui est responsable d’une section du parti au pouvoir ?

On n’a pas élaboré cela pour un président de section. Je pense qu’on arrête cette histoire où les gens viennent se cacher dans le parti politique. Ce sont les accords avec le Délégué du gouvernement. Mais lorsqu’on se rend compte que c’est une affaire et qu’on a vu la décentralisation venir, on se bat d’entrer dans une liste pour être conseiller municipal et devenir grand conseiller pour pouvoir défendre ses intérêts. Voilà pourquoi la ville de Douala est prise en otage. Lorsque vous arrivez à la Communauté urbaine, sur la trentaine de grands conseillers, hormis les maires, au moins une vingtaine sont des gens qui travaillent avec la Communauté urbaine comme concessionnaires. Et comment voulez-vous qu’au sein de la Communauté urbaine où l’on devrait débattre de ces questions, qu’on le fasse réellement ? On ne peut pas. Même si l’on pouvait prendre une résolution dans ce sens, nous sérions minoritaires. Voilà toute la difficulté. Ce n’est pas parce qu’il y a une certaine complicité active ou passive qu’on ne devrait pas en parler.

Certains soutiennent que vous payez-là votre insoumission face au président de la section RDPC de votre circonscription.

Insoumission par rapport à quoi ? Par rapport à la mafia. Je ne me soumettrai jamais par rapport à la mafia. Je suis une personne libre. Je suis une femme libre.

Qu’est-ce qu’on veut vous amener à faire ?

Me taire jusqu’à ce que je ne sois plus Maire. Tant que je suis Maire, je me battrai pour ça.

En fin de compte, quelle image voulez-vous qu’on ait de vous, une femme victime de sa féminité, légaliste ou en quête d’affirmation devant des hommes ?

Je suis légaliste. Et là, je n’ai pas besoin de m’affirmer devant les hommes ou de qui que ce soit. Donc, je pense qu’en ma qualité d’Avocate, j’ai toujours évolué au milieu des hommes. J’évolue dans ce milieu où il n’y a pas de problème de féminité ou de masculinité. J’ai toujours évolué dans des milieux où l’on se distingue par ses capacités, par ses qualités.

Qu’est-ce que les populations de l’arrondissement de Douala 2ème peuvent retenir de leur Maire ?

Je leur demande un peu d’indulgence, de patience. Les choses changeront. Ca ne changera pas forcément avec moi. Mais je me bats pour leur bien-être.

Et les perspectives ?

Beaucoup de perspectives. Avec la décentralisation, je pense que le combat va encore redoubler.

Comment la préparez-vous cette décentralisation ?

Nous étions en séance de travail quand vous êtes arrivé. C’est pour préparer le personnel à affronter la décentralisation parce que les autres ne vont pas laisser les choses se faire de soi. Il y aura forcément des résistances. On doit se battre pour pouvoir maintenir les acquis. Les Maires doivent chercher des voies et moyens pour améliorer même leur assiette fiscale. Les compétences qui nous sont transférées nous permettent d’être prêts et mieux outillés pour recevoir cette décentralisation.

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