Musique : Aladji Touré sans fausse note

Écrit par Irène Gaouda| Lundi 19 Avril, 2010| Le Jour|

A l’occasion de ses 30 ans de carrière, le bassiste a offert un spectacle géant à Yaoundé le 16 avril 2010, en compagnie d’autres artistes de renom. Il n’y avait pas de place pour le sommeil vendredi 16 avril 2010 dans la salle des conférences du Palais des Congrès de Yaoundé, transformée pour la circonstance en salle de spectacle.
Comment fermer l’œil quand vous avez dans vos oreilles un Aladji Touré requinqué, qui a tenu en haleine le public de la capitale pendant quatre heures ? Le célèbre bassiste célébrait ses 30 années de carrière musicale. Et c’est toute la crème de la musique camerounaise d’ici et de la diaspora qui s’est déportée à Yaoundé pour rendre hommage au précurseur des « Aladji Touré Master Class». Parmi eux, Toto Guillaume, Jean Dikoto Mandenguè, Etienne Mbappè, Henri Dikonguè, Dina Bell, Ekambi Brillant, Prince Eyango et Grâce Decca. Richard Bona lui, était absent.

Il est un peu plus de 21 h vendredi 16 avril. Deux gros bras postés aux portes de la salle de spectacle du Palais des Congrès bloquent l’accès aux spectateurs qui s’impatientent depuis près de deux heures. Dans le hall, on bavarde, on rit aussi, en attendant l’arrivée du « Grand Maître ». Grégoire Owona, ministre délégué à la Présidence chargée des Relations avec les Assemblées, accompagné de sa famille, se fait stopper lui aussi par les deux portiers. « Personne n’entre », s’entend-il dire. Un membre du comité d’organisation accourt et corrige très vite : « Permettez, permettez », enjoint-il aux portiers. Et la salle de spectacle s’ouvre enfin. Il est 21 h 40. Vêtu d’une chemise et d’un pantalon blancs qui tranchent avec son teint noir, Aladji Touré fait son apparition. Sous les ovations du public. Cela faisait longtemps que ses fans l’attendaient. La guitare en bandoulière, il vérifie le dispositif technique mis en place avant d’entonner « Happy Birthday ! ». Touré ne chante pas. Mais la dextérité de ses doigts exprime cette joie qui l’envahit. Certains spectateurs se laissent emporter. « C’est justement ainsi que je l’ai voulu », dira l’artiste à la fin du spectacle.

Le show de Grâce Decca et Grégoire Owona

Au-delà de 23 h débute le show Grâce Decca-Grégoire Owona. Ce dernier a tronqué son costume contre une tenue décontractée. Tout commence par une invite de Grâce Decca à Constance Owona, l’épouse du ministre, qui n’hésite pas à monter sur scène pour accompagner l’artiste. Revenue à son siège, Mme Owona est félicitée par son époux qui la gratifie d’un billet de banque qu’il lui colle sur le front. Puis, il se fait aussi inviter sur scène par Grâce Decca. Emporté par ses souvenirs de jeunesse, tel qu’il le reconnaîtra lui-même, Grégoire Owona se lance dans un déhanchement qui met toute la salle en ébullition. Et oublie de ce fait « la distance académique ». Les femmes jubilent. « On a vu ! On a vu !» Nullement découragé, Grégoire Owona s’engage dans un « balle à terre » digne d’un adolescent.

Hommage à Valéry Lobé

Etienne Mbappe est venu ramener un peu de calme dans la salle, après le passage de Prince Eyango et de Henri Dikongue. Une fan obnubilée par la voie envoûtante du bassiste, fonce vers le podium. Elle est stoppée par deux costauds vigiles. Le public exige qu’on la laisse passer. La jeune femme peut finalement accéder à l’artiste pour lui faire un baiser et lui nettoyer le visage, dégoulinant de sueur. A minuit, Aladji Touré prie le public d’observer une minute de silence à la mémoire de Valéry Lobé, le batteur décédé. Puis, c’est au tour d’Ekambi Brillant de faire le show avec son éternel chapeau noir et ses lunettes sombres. Il est suivi de Dina Bell et de Toto Guillaume. Aux environs de 2 h 30, quand Aladji Touré, qui a accompagné ces artistes vient clôturer le spectacle, le public, conquis, regrette déjà le départ de ces géants de la musique. Le 17 avril, c’est avec la même passion et le même savoir-faire qu’Aladji Touré est allé faire la fête avec le public de la capitale économique.