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Necrologie: Marathonien Félix Sabbal Lecco n’est plus

Posted by Admin on Oct 25th, 2010 and filed under Featured. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

Le président du Conseil national de la Communication est mort samedi des suites de maladie. Il avait 92 ans.

On le savait très malade. Ses dernières apparitions publiques, lors des sessions du Conseil national de la Communication, l’institution dont il assurait la présidence jusqu’à cette date fatidique du samedi 23 octobre 2010, paraissaient comme un supplice pour ce commis de l’Etat qui a passé plus de soixante années au service de l’Etat.

Félix Sabbal Lecco,  le natif de Lena, un village perdu dans la luxuriance de la forêt de Belabo de l’Est-Cameroun s’en est allé après la longue maladie dont il souffrait depuis des années. L’enseignant devenu l’une des figures politiques marquantes du Cameroun a eu une trajectoire impressionnante, flirtant avec les cimes de la hiérarchie politique et administrative de son pays.

Officiellement décédé à l’âge de 92 ans, Félix Sabbal Lecco a traversé deux siècles. Son extraordinaire histoire commence officiellement le 1er juin 1937, année où il sort de l’école supérieure de Yaoundé et commence une carrière d’enseignant à Obala dans la Lékié. Jusqu’ici, le jeune Sabbal Lecco aura fait ses classes à l’école supérieure de Yaoundé. Un privilège pour les gens de sa génération.  Deux années plus tard, Ahmadou Ahidjo, celui qui deviendra le premier président de la république du Cameroun entrera dans la même école. Il aura le privilège de faire ses classes avec d’autres personnalités trempées, qui deviendront le nec plus ultra de l’establishment politico-administratif  du Cameroun. Fouda Omgba Nsi, le sémillant premier délégué du gouvernement de la ville de Yaoundé, Mohammadou Abdul Baghi, la tête forte venue du Nord, Jean-Faustin Betayéné, qui a inspiré une célèbre jurisprudence administrative pour avoir remporté un procès contre l’Etat du Cameroun, Marcel Marigoh-Mboua, qui deviendra plus tard un des présidents de l’Assemblée nationale camerounaise, Daniel Kemajou, etc., croiseront sur le chemin de l’école Félix Sabbal Lecco. Enseignant de carrière, Félix Sabbal Lecco aura le bon réflexe de changer de corps, pour embrasser celui d’administrateur civil en 1959. Si ce n’est du flair, çà y ressemblait fort, puisque sa carrière administrative s’en ressentira par la suite.

Préfectorale
Pourtant, sa rencontre avec Ahmadou Ahidjo ne se fera pas au hasard d’une banale collaboration professionnelle. Dès les premières années d’indépendance du jeune Etat camerounais, il faisait déjà figure  d’ancien» parmi les cadres camerounais qui remplaçaient progressivement les administrateurs français. Son implication dans la marche du pays à l’époque déjà le mettra au cœur du système administratif et politique du Cameroun. La période s’y prêtait, après les troubles des années ayant précédé l’indépendance. Le premier fait d’armes se fera dans la préfectorale, dans le chaudron du Moungo, où sévissait encore une rébellion teigneuse. Sabbal Lecco y est affecté comme préfet en 1960, puis comme Inspecteur fédéral d’administration pour le Littoral, l’équivalent actuel du gouverneur de région. Son rôle sera essentiel dans la traque que le pouvoir en place à Yaoundé menait contre les « rebelles ». Sa responsabilité sera engagée dans l’arrestation de Monseigneur Albert Dongmo, l’archevêque de Nkongsamba. Elle le sera davantage dans l’exécution d’Ernest Oundié. Félix Sabbal Lecco avait été promu entre-temps ministre de la Justice. On lui a, plus tard, attribué la responsabilité d’avoir instrumentalisé la justice pour qu’elle prononce la mise à mort d’un prisonnier qui s’était rendu aux forces de l’ordre. Pépère, Félix Sabbal Lecco continuera d’assumer ses responsabilités au sein du gouvernement de la république, jusqu’à son débarquement en 1974, lorsqu’il est nommé président du Conseil économique et social. Tour à tour, il sera secrétaire d’Etat au Développement rural, ministre de la Justice garde des Sceaux, ministre de la Fonction publique.

Porteur d’eau
Certains ont parlé à l’époque de disgrâce, mais, tel un phœnix, Félix Sabbal Lecco au su renaître de ses cendres. Promu au prestigieux poste de secrétaire politique, alors qu’il faisait déjà parti du cercle très fermé de membre du bureau politique de l’Union nationale camerounaise, parti unique et parti-Etat, il sera au cœur de la tragi-comédie qui allait se jouer au sommet de l’Etat en 1982. Le nouveau président de la République, qui venait de prendre la succession d’Ahmadou Ahidjo à la magistrature suprême, fera appel à cet homme qu’il a rencontré en 1960 à Paris, qu’il a souvent croisé lors de conseils de cabinets, mais dont il a su garder l’estime. Les mauvaises langues parlent qu’il est parqué dans un poste qui lui permet juste d’inaugurer les chrysanthèmes. En serviteur dévoué, Sabbal Lecco continuera de servir le nouveau patron avec le devoir des gens de son espèce. Stoïquement, «accomplissant sa lourde et longue tâche où le destin a bien voulu le conduire».

Félix Sabbal Lecco sera, du haut de sa position au sein du parti, au cœur du déchirement entre Ahmadou Ahidjo et son dauphin, Paul Biya. Lorsque des dignitaires de l’Unc élaborent et font circuler un texte demandant la convocation d’un congrès extraordinaire du parti qui démettra le président Ahidjo toujours président national du parti, c’est Félix Sabbal Lecco qui sera le « porteur d’eau », en tant que secrétaire politique du parti. Son engagement aux cotés du nouvel homme fort de Yaoundé lui vaudra d’être « exilé » à Rome, en tant qu’ambassadeur du Cameroun auprès de la république d’Italie, près du Saint-Siège, comme pour l’absoudre de ses pêchés. De retour au Cameroun en 1990, dans le feu des revendications sociopolitiques ambiantes, Félix Sabbal Lecco connaîtra le dépôt de bilan de la Socafi, un groupe industriel qu’il a créé en 1976. En 1992, Paul Biya nomme celui qui apparaît désormais comme un épouvantail du sérail au poste de président du Conseil national de la Communication. Une nomination qui fera jaser, à cause de l’âge avancé du concerné. Dix huit années durant, Félix Sabbal Lecco aura été le seul président d’une institution qu’on dit moribonde. Sa mort donnera-t-elle à l’institution le nouveau souffle dont elle a besoin ?

Les obsèques du patriarche ne sont pas encore annoncées. Elles seront d’une grande solennité, on s’en doute. Elles seront officielles, c’est quasiment connu. Seule la date demeure un mystère. Un mystère passablement entretenu par l’étrange destin de cet homme d’Etat, qui a eu le malheur d’engendre des artistes, sans qu’aucun ne daigne suivre la trajectoire d’un père qu’ils disent tous adorer. De ses six enfants, trois sont d’illustres musiciens qui parcourent le monde. Deux de ses trois filles sont des peintres de renom que les plus grandes galeries de France et d’ailleurs s’arrachent. La cadette de la famille est une traductrice qui aime les lettres apprises à La Sorbonne. D’ores et déjà, les trois fils musiciens ont décidé d’interrompre les concerts qu’ils offrent en Russie, aux Etats-Unis et dans l’Union européenne. Ils sont attendus au Cameroun dans les prochains jours pour offrir le meilleur concert que leur père mérite, pour tout ce qu’il leur a offert de bonheur durant sa laborieuse existence terrestre.

Jacques Bessala Manga | Lundi 25 Octobre 2010| Le Jour|

Cv

1919 : Naissance à Lena, dans l’arrondissement de Belabo, région de l’Est
1928 : élève à l’école publique de Yoko
1931 : élève à l’école publique de Bertoua
1932 : élève à l’école supérieure d’administration de Yaoundé
1937 : enseignant à l’école publique d’Obala
1945 : mariage avec Pauline Nkolo Ze à Obala
1946 : naissance de ma première fille Clotilde à Obala
1949 : directeur de l’école publique du Plateau Atemengue à Yaoundé et naissance de ma deuxième fille Eve
1951 : naissance de mon 1er fils Roger, à Ebolowa
1952 : stage des instituteurs à Saint-Cloud (France). Une épidémie de poliomyélite sévit et mon fils Roger en est atteint.
1958 : chef de cabinet du ministre du Travail et des lois sociales
1959 : naissance de mon homonyme, Félix Junior à Yaoundé
1960 : 1er adjoint préfectoral du Lom-et-Kadey à Batouri
1960 : Préfet du Lom-et-Kadey à Batouri
1960 : Institut des hautes études d’outre-mer à Paris
1963 : préfet du Dja et Lobo
1964 : préfet du Moungo
1965 : Inspecteur fédéral du Littoral et préfet du Wouri
1969 : secrétaire d’Etat au Développement rural
1970 : ministre de la Justice garde des Sceaux
1971 : ministre de la Fonction publique
1974 : président du Conseil économique et social
1980 : secrétaire politique de l’Union nationale camerounaise
1981 : ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun auprès de la république d’Italie
1992 : président du Conseil national de la communication


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