Recrutement dans les armées: Un colonel suspendu

Jean Francis Belibi | 23/12/2009| Mutations

Colonel Jean Paul Affana- Courtesy Mutations

Le médecin-colonel Jean Paul Affana est accusé de harcèlement sexuel, de favoritisme et de rançonnement de candidats.

Cet officier est à sa deuxième suspension en 28 ans de service sous les drapeaux.

Pour sa première suspension en 1999, le colonel Jean-Paul Affana avait eu maille à partir avec sa hiérarchie. Celle-ci lui reprochait notamment d’avoir abusé de 66 des 71 femmes que comptait le Centre de perfectionnement et de formation des armées nationales de Ngaoundal. Officiellement. Sanctionné à l’issue de cette accusation, le colonel bénéficiera d’un recours en grâce suite à une enquête qui le blanchira. A l’époque, le médecin du Centre de perfectionnement devait gérer les fonds de l’infirmerie. Mais selon des témoignages, c’est suite à une brouille avec sa hiérarchie au sujet de la gestion de ces fonds destinés à la santé des recrues et des soldats, que la carrière du commandant d’alors, connaîtra des problèmes. La deuxième suspension intervenue le 21 décembre dernier porte des stigmates semblables à celles d’il y a 10 ans.

Même si personne pour l’instant, ne veut officiellement l’avouer ou l’accuser, les griefs faits à Jean-Paul Affana (harcèlement sexuel, rançonnement de candidats, favoritisme), à l’exception de deux derniers, ne sont pas nouveaux. Du coup, l’on se demande pourquoi les mêmes accusations sont–elles portées sur cet officier supérieur âgé de 49 ans. Conciliant et expérimenté, le lieutenant-colonel, au moment où sa suspension est prononcée, attendait les épaulettes de colonel plein le 1er janvier 2010. Dans son entourage, des proches révèlent que l’officier supérieur connaît toujours des déboires avec sa hiérarchie, à l’approche d’un avancement dans sa carrière. Le 6 juillet 2009, il a vu sa maison partir en fumée. Pour se refaire le moral, il a opté pour un repli à Tala, son village natal qui est une localité située dans le département de la Lekié.

Entré à l’Ecole militaire interarmes (Emia) le 21 septembre 1981, c’est aussi ce jour-là qu’il est reçu au concours d’entrée au Centre universitaire des sciences de la santé (Cuss). 28 ans après, le chargé d’études à la direction de la santé militaire du ministère de la Défense, est le maître d’œuvre de plusieurs réformes engageant la santé militaire au Cameroun. Les patients de l’hôpital des sapeurs pompiers de Messa à Yaoundé, gardent un souvenir vivace de son passage dans cette formation sanitaire. Décrit comme un individu affable et disponible, certains d’entre eux reconnaissent cependant son côté bon vivant. «Toute chose qui porte à croire qu’il n’est pas indifférent aux charmes de la nature», lance un proche.
Si ses proches voient en ses déboires une main jalouse, le colonel, rapporte t-on, s’en plaindrait moins. Philosophe, il remettrait entre les mains du Très Haut ses ennuis et confierait à des proches que c’est tout ça qui fait le charme de la vie.