Réligion : Une messe pour les vendeurs à la sauvette

Écrit par Rosine Nana Motio| Lundi, 22 Février 2010| Le Jour |

Elle a été dite samedi par l’archevêque de Yaoundé à la basilique mineure de Mvolyé. Les vendeurs à la Sauvette, bayam-sellem, vendeurs d’eau, chargeurs, transporteurs, coiffeuses et autres représentants du secteur informel ont massivement pris part avant hier à la célébration eucharistique conduite par Mgr Victor Tonyè Bakot,

archevêque métropolitain de Yaoundé, a la basilique mineure de Mvolyé. Cette quatrième édition a été précédée d’un pèlerinage qui a eu pour point de départ le lieu dit « Trois statues » malgré la pluie qui tombait alors sur la capitale.

C’est au environ de 16h20 que la célébration a débuté. Dans son mot de bienvenue a l’archevêque, l’abbé Engelbert Fouda, curé de la paroisse d’Essos et par ailleurs organisateur de la cérémonie, a expliqué que « la date de février n’a pas été choisie au hasard ; elle coïncide avec le temps du carême qui est un grand moment de prière, de partage et de pénitence au sein de l’Eglise catholique. Soucieux de développer l’esprit religieux dans les marchés, afin de lutter contre les sectes et la jalousie, cet évènement est un appel à la marche vers le Christ. C’est également l’occasion pour les sauveteurs et autres acteurs du secteur informel de remettre leur activité entre les mains du Seigneur ». En plus de l’Abbé Engelbert Fouda, curé de la paroisse d‘Esos, l’archevêque métropolitain de Yaoundé était accompagné de l’abbé Séverin Zoa, vicaire général de la basilique mineure Mvolyé et de l’abbé Thaddée Effa Ottou, curé de la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Damase-Nsimeyong.

Dans son homélie tirée de l’évangile selon Saint Mathieu, du livre de Judith et de la lettre de Saint Paul aux hébreux, Mgr Victor Tonyè Bakot a invité les acteurs du secteur informel à rester des fervents chrétiens, malgré leurs difficultés. « Soyez des travailleurs, fuyez l’oisiveté et la paresse, soyez patient et persévérant, malgré les difficultés et prenez un peu de temps pour remercier le Seigneur. Qu’il vous donne la santé du corps et du cœur ». A l’occasion de cette messe, L’abbé Thaddée Effa Ottou par ailleurs curé de la paroisse de Damse-Nsimeyong a été fait aumônier de la confrérie Notre-Dame des sept douleurs, une aumônerie créée pour s’occuper des commerçants exerçants dans les marchés de Yaoundé. Après la bénédiction de l’eau, du sel, de l’encens, et autres images saintes, la célébration s’est achevée autour de 17h45 et rendez-vous a été pris pour l’année prochaine. C’est depuis 2007 que l’initiative de dire une messe pour les acteurs du secteur informel a été prise par le diocèse de Yaoundé.

Abbé Engelbert Fouda : « Nous n’avons pas voulu donner un caractère politique à cette célébration eucharistique »

Curé de la paroisse d’Essos et par ailleurs vicaire épiscopale chargé de la laïcité, il explique les raisons d’une messe destinée aux acteurs du secteur de l’informel.

Pourquoi une célébration eucharistique pour les sauveteurs et les acteurs du secteur informel ?

Nous avons choisi d’organiser une messe pour ces personnes parce qu’elles sont souvent marginalisées, méprisés et même rejetées par les autres couches de la société qui pensent que lorsqu’on appartient au secteur informel, on n’a plus rien à dire, on a moins de droits que les autres. C’est donc dans le but de les amener à se considérer, de leur montrer qu’elles sont autant indispensables que les autres, que nous avons pensé qu’il fallait dire une messe, chaque début d’année à leur honneur. C’est l’occasion pour ces personnes de confier leur activité au Seigneur et de vivre leur foi, même en étant au marché.

La première célébration eucharistique date de quand ?

Après plusieurs entretiens avec les représentants de ces activités du secteur informel, grâce à une solide équipe que nous avons déployée su le terrain pour les sensibiliser sur les questions de la foi et de la vie religieuse, le diocèse a décidé de dire la première célébration en 2007. Nous sommes donc à la quatrième édition du genre.

Quels sont les objectifs visés ?

Notre objectif de départ était de prendre des personnes qui ont une expérience assez poussée de la vie religieuse afin qu’elles se rapprochent des ces personnes pour leur parler de Dieu, pour les amener à mettre Dieu avant tout, afin de leur faire vivre leur foi même en étant au marché. Aujourd’hui, nous pensons que l’objectif a été atteint, nous avons déjà, à la tête de ces acteurs, un aumônier et une aumônerie. Elle a été baptisée « Notre Dame des sept douleurs ». Aujourd’hui, beaucoup viennent nous voir pour nous dire comment cette initiative a transformé leur vie. L’essentiel pour nous était d’avoir ce feedback.

Pas un mot sur le sort des commerçants et vendeurs ambulants déguerpis dans certains marchés de la capitale…
Notre objectif est d’organiser une messe pour les acteurs du secteur informel, afin qu’ils consacrent leur projet et la nouvelle année qui commence. Rassurez-vous, nous avons pensé à ceux-là. Mais nous n’avons pas voulu donner un caractère politique à l’évènement.