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Comment Paul Biya profite de l’image de Chantal Biya

Posted by Admin on May 12th, 2010 and filed under Lifestyle. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

Écrit par Jean-Bruno Tagne |Mercredi, 12 Mai 2010 |Le Jour |

Chantal Biya : La mascotte de Paul Biya

Les communicateurs du président de la République semblent avoir misé sur l’image de son épouse qu’ils exploitent à son compte.

Le tout premier hors-série 2010 du magazine international Divas est consacré à la première dame du Cameroun, Chantal Biya. Sur la couverture, trône une photo en couleur de l’épouse du chef de l’Etat du Cameroun. On y voit une Chantal Biya rayonnante, coulée dans un ensemble de couleur rouge vif serti de parures brillantes qui en ajoutent au luxe de ses vêtements. Dans les pages intérieures, le magazine de Blaise Pascal Talla a épargné à ses lecteurs quelque littérature ennuyeuse. On y voit plutôt 1200 photos étalées sur 172 pages. Des photos prises lors de la cérémonie de présentation des vœux à la première dame.

1200 photos sur papier glacé de la bourgeoisie féminine locale. Des épouses de hautes personnalités bien connues de l’Etat, mais aussi des anonymes, qui partagent en commun leur joie non feinte (il n’y a qu’à voir le large sourire qu’elles ont sur les photos) de s’afficher aux côtés de la femme la plus puissante du Cameroun. Certaines photos sont légendées, d’autres pas. Certaines femmes ont l’honneur d’apparaître deux fois dans cet énorme album photos.

Avant ce hors-série, le même magazine, Divas, consacrait sa une à la première dame du Cameroun. Elle y pose aux cotés de Michelle Obama, la ravissante épouse du président des Etats-Unis. Une édition dans laquelle le magazine féminin tente de donner à Chantal Biya le même destin et la même trajectoire qu’à Michèle Obama.

On ne compte plus les journaux et autres magazines, des plus sérieux aux plus farfelus, qui consacrent leur une à la première dame du Cameroun. Les médias publics inondent leurs antennes et colonnes des activités de la première dame à qui on donne du « Madame la Présidente».

Le page d’accueil du site Internet de la présidence de la République (www.prc.cm) est une belle illustration de la confusion entretenue entre les activités « privées » de Chantal Biya et celles d’Etat de son époux. On la voit recevant des cardiologues italiens de l’association Enfants cardiaques du monde, ou en compagnie du Pr Luc Montagnier (l’un des découvreurs du virus du Vih), etc.

Confusion
La confusion est telle qu’à la présidence, Paul Biya a ses services et son épouse les siens, même s’ils ne sont pas formalisés. Le Cabinet civil de la présidence de la République serait ainsi peuplé d’un certain nombre de personnalités, qui ne doivent leur ascension qu’à la « magnanimité » de «maman » Chantal Biya. Lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en Angola par exemple, il y avait, dans la délégation officielle du Cameroun, des personnalités du palais de l’Unité, « représentant la première dame ». Ce fut le cas de Martin Bilé Bidjang, officiellement chargé de mission à la présidence de la République.

Les gourous de la communication du président Paul Biya semblent donc avoir décidé de miser sur sa femme en faisant d’elle la nouvelle égérie du pouvoir d’Etoudi. A la veille de la présidentielle de 2011, à laquelle Paul Biya sera vraisemblablement candidat, l’image de la première dame, que les stratèges de la communication font passer pour une dame proche du peuple, contraste avec celle de son mari, décrit par le journaliste français Stephen Smith comme un «vacancier au pouvoir ». Une image de substitution, en somme.

Dans cette stratégie apparemment bien huilée, la Fondation Chantal Biya apparaît comme le label humanitaire d’une fondation politique. Des activités au premier chef caritatives, mais qui ont une charge politique indéniable, ainsi que le constate le politologue camerounais Hilaire De Prince Pokam, auteur d’un article intitulé « La participation des premières dames au jeu politique en Afrique », article paru en mars 2006 dans la revue Africa Governance Monitoring and Advocacy Project.  Selon le chercheur, les premières dames deviennent, d’une part « des acteurs politiques par procuration, car leurs activités sociales contribuent à humaniser l’image de leurs époux, d’autre part, des acteurs politiques confirmés, partenaires de leurs conjoints dans le jeu pour la conquête et/ou la conservation du pouvoir ».
Il est à relever que les actions humanitaires de la première dame prospèrent dans les domaines où la politique de son mari porte peu de fruits depuis 28 ans : l’éducation et la santé. Les infrastructures scolaires sont dans un état lamentable dans plusieurs localités ; la gratuité de l’école primaire est un leurre, alors que les hôpitaux publics, qui fonctionnent comme de véritables espaces commerciaux, se transforment chaque jour en mouroirs.

Dans un article publié dans l’édition du mois de mars 2010 du Monde diplomatique, Thomas Deltombe, qui a enquêté sur les « sorciers blancs » de la communication de Paul Biya, fait le constat suivant : « Tandis que l’homme-lion reste dans l’ombre, sa seconde épouse, Chantal, de trente-six ans sa cadette, attire la lumière. La présidence compte sur ses « œuvres caritatives » pour redonner un peu de couleur à ce que l’on appelle au Cameroun, depuis les années 1980, le « régime du Renouveau » ».

Mère Theresa
Le sociologue camerounais Fred Eboko, quant à lui, dans un article de la revue Politique africaine consacré aux premières dames en Afrique, constate que « depuis la sortie de la crise de succession (1983 – 1984), le président a, petit à petit, développé un mode de communication basé sur le secret, l’opacité, voire le silence ». Et d’ajouter : « Aussi, l’entrée en lice de son épouse sous les feux des médias et du champ de l’action sociale semble représenter la face émergée de l’iceberg présidentiel ».

C’est l’ancienne journaliste française du Journal du dimanche, Patricia Balme, aujourd’hui patronne de Pb Communication et experte, selon Thomas Deltombe, en « ajustage de cravate et en limage de dents » du couple présidentiel camerounais, qui a misé la première fois sur Chantal Biya. « Elle a ainsi « fait venir » à Yaoundé, au début des années 2000, les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo, co-découvreurs du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Dotée de cautions aussi prestigieuses, Mme Biya a ensuite pu se lancer dans une carrière internationale qui l’amènera à devenir « Ambassadrice de bonne volonté » de l’Unesco et à se faire photographier aux côtés de personnalités aussi diverses que Paris Hilton, Mme Jany Le Pen, Mia Farrow ou Mme Michelle Obama », révèle notre confrère Thomas Deltombe dans le Monde diplomatique.

Au-delà de l’exploitation médiatique de la première dame et de l’instrumentalisation de sa personnalité aux fins d’attirer notamment les couches populaires camerounaises, une question se pose : de quel pouvoir réel jouit Chantal Vigouroux Biya dans la marche des affaires au Cameroun ? Quelle est son influence dans les prises de décision de son mari ?
Un observateur de la scène politique camerounaise confie que les pouvoirs réels de la première dame, au fil des ans, s’effritent. « Au cours de ses premières années à la présidence, confie-t-il, la première dame avait une réelle influence sur le chef de l’Etat. Elle pouvait intervenir pour placer une connaissance ou un frère du village à de hautes fonctions. C’est dans ce sens qu’un certain nombre de personnes ont pu émerger et occuper de hautes fonctions. Mais avec le temps, le président s’est passé d’elle, devenant seul maître dans ses choix et ses décisions. Sa femme n’a plus aucune influence réelle, c’est lui seul qui décide».

Tout le reste n’est donc que trafic d’influence de personnes qui disent agir au nom de la première dame et qui investissent l’espace public avec zèle, et réussissent à mettre en coupe réglée des pans entiers de l’administration camerounaise et certains hauts fonctionnaires frileux. Au nom de la « maman ».

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