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Albert Mbida : Il m’a permis de réviser ma position dogmatique

Posted by Admin on Aug 9th, 2010 and filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

L’allocution du représentant du Mincom aux obsèques de Pius Njawe.

«Il est des moments, où les mots manquent, où l’on n’a plus de mots à dire, soit parce qu’on n’a plus de voix à cause de l’émotion provoquée par un évènement, soit parce que tout a déjà été dit sur l’évènement ou sur le personnage. Le modeste représentant personnel du Ministre de la Communication que je suis à ces obsèques de Pius Njawe se trouve devant cette situation.
Vous avez déjà tout entendu, tout lu ou presque sur Pius Njawe. Que pourrai-je dire de nouveau ou de particulier qui n’ait pas encore été relevé soit dans les articles de journaux, soit dans les émissions de radio ou de télévision tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun, soit dans les éloges funèbres de ceux qui m’ont précédé.

Néanmoins, contraint par les exigences protocolaires de devoir intervenir je dirai quatre (04) choses :
1) En cette triste occasion je transmets à nouveau aux familles naturelle et professionnelle de Pius Njawe les condoléances les plus attristées du Ministre de la Communication auxquelles je joints les miennes propres ;
2) Pius Njawe m’a permis de réviser la position dogmatique que j’avais à cause d’une maladie congénitale de la famille de la communication camerounaise ; maladie en forme de néologisme qu’on appelle: La diplomite. Le diplômé de l’ESIJY que j’ai été, le Professeur de Journalisme et de Communication que je suis avait toujours cru et soutenu, qu’on ne pouvait pas être un grand journaliste si on n’a pas une formation sanctionnée par un diplôme d’une Ecole de journalisme. Pius Njawe m’a prouvé le contraire. Il m’a fait comprendre qu’on pouvait, grâce au travail et avec une volonté de bien faire, devenir une icône dans la profession sans avoir suivi les cours de techniques rédactionnelles ou de collecte et traitement de l’information dans un Etablissement spécialisé. Pius Njawe en est une illustration qui m’a fait changer d’avis sur la position dogmatique que j’avais à ce sujet. Dieu merci la maladie de la diplomite dont je souffrais a été guérie grâce au remède Pius Njawe.

3) Pius Njawe, combattant de la liberté de la presse et des droits de l’homme, homme de principes, de conviction ne laissait personne indifférent. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Il a contribué, à sa manière, à faire avancer la liberté de la presse, à animer le paysage politico médiatique national, à faire asseoir la démocratie camerounaise et à attirer l’attention de l’opinion et du gouvernement sur certains dysfonctionnements préjudiciables à la bonne marche du pays.
4) Pius Njawe, était aussi un grand lecteur et surtout un lecteur des écrits de ceux qui ne partageaient pas ses points de vue, ses prises de position ou sa façon de voir les choses. J’ai eu l’occasion en 2000 de faire une expérience, une triste expérience, enfin pas très triste. Un jour, après avoir lu un article du journal Le Messager, article à mon avis très violent sur le gouvernement, très critique à la limite injurieux ou provocateur, et alors que j’étais directeur des actions médiatiques au Ministère de la Communication, j’ai appelé Pius pour lui demander s’il ne pensait pas qu’il était allé trop loin, que la Nation pouvait en pâtir, que la société et les institutions pouvaient voler en éclats à cause de ce que je considérai comme excès. Il m’a répondu. Monsieur le Directeur, permets que je fasse un cours au professeur mais la meilleure improvisation étant celle qui est écrite, laisse moi griffonner quelque mots, je te rappelle plus tard. En fait, c’était pour recopier un document. Deux heures après, la réponse de Pius Njawe à mon interrogation tombait sur mon fax sous forme de quatre (04) questions-réponses, document que j’ai conservé jalousement.

Première question-réponse: Quels sont les pays riches, prospères, moraux qui peuvent sans trop d’inquiétude envisager l’avenir? Ce sont les pays où la presse, avec toutes ses passions et ses erreurs, verse à flots la vérité, et maintien chacun dans le devoir par la crainte de l’opinion.

Deuxième question-réponse: Quels sont les pays où les hommes honnêtes, capables, constants, courageux sont aux affaires, où la supériorité morale se joint à la supériorité politique? Ce sont les pays où chaque matin on peut tout dire contre un ministre, où ne pas l’accuser c’est le louer.

Troisième question-réponse: Quel Etat plus puissant que l’Amérique, plus riche que le Japon, que l’Allemagne, plus patriotique que la France? Et cependant ces affreux journaux y pullulent, ils critiquent tout et le gouvernement les laisse paraître. C’est la vie avec tous ses écarts, mais avec toute sa force et toute son énergie.

Quatrième question-réponse: Regardez au contraire quels sont les peuples arriérés, pauvres, corrompus, tour à tour violents et serviles! Ce sont ceux où la presse est muette, où l’on étouffe les journaux sous prétexte d’empêcher le trouble à l’ordre public. La liberté est pour les sociétés l’une des conditions de force et de santé. Eh bien cette liberté, la liberté de l’information peut seule la donner». Fin de citation du document.
Quelques minutes après, Pius Njawe m’appelle pour me demander si j’avais reçu sa réaction et surtout si je connaissais l’auteur de ces lignes. Ma réponse fut négative sur la deuxième partie de sa question c’est-à-dire que je ne connaissais pas l’auteur de ces lignes. Calmement, il me reprit en disant, citation de mémoire: «Ces questions et ces réponses sont la conclusion d’une thèse de Doctorat soutenue à l’Université de Paris II en 1990 par un certain Albert MBIDA, aujourd’hui, Directeur au ministère de la Communication; mais ce directeur étant déjà à la mangeoire, il a perdu la mémoire aussi vite que ses cheveux».

Oui, c’était du Njawe cru, c’était du pur Njawe. Depuis ce temps, non seulement je me suis rendu compte qu’il lisait beaucoup, mais aussi à chaque fois que j’avais encore à lui faire une remarque ou un reproche, je réfléchissais d’abord par sept fois pour ne pas recevoir sur la figure mes propres déclarations.
Je peux, sans risque de me tromper, affirmer deux (02) choses: Je n’étais pas le seul à réfléchir par sept fois avant d’attaquer Pius Njawe; il va nous manquer. Il nous manque même déjà.»
Babouantou, le 07 août 2010

Albert Mbida

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