Au tribunal : Douze chefs traditionnels aux côtés de Forjindam

Ces Fons de la région du Nord-Ouest ont suivi, jeudi dernier, le procès de l’ex directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun.

Jeudi 28 octobre 2010, la salle d’audience du Tribunal de grande instance du Wouri, à Douala Bonanjo, a fait son plein d’œuf.

La dernière audience du procès en instance de l’ex directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic), Zacchaeus Mungwe Forjindam, s’y tient. D’où l’affluence observée dès les premières heures de la matinée. Parents, amis et « partisans » de Forjindam se rendent massivement au tribunal pour suivre le verdict du procès. Mais la grande curiosité qui saute aux yeux des reporters, c’est la présence remarquable des Fons. Douze chefs traditionnels venus du Nord-Ouest, la région d’origine de Forjindam, suit de bout en bout ce procès. Ils viennent des villages Bambui, Nkwen, Babat, Bamale (Ndop), Akum (Santa), Batibo, Guzang, Fongwat, etc.

Dans la salle d’audience, quelques-uns occupent deux bancs entiers, dans la rangée habituellement réservée aux détenus de droit commun. Un tissu traditionnel est déroulé sur les bancs à eux réservés. Ils sont confortablement assis. Pas serrés les uns contre les autres. D’autres Fons sont parsemés dans la foule. On les remarque par leurs habits traditionnels bariolés, brodés au fil. Au fond de la salle, des femmes tout aussi habillées en «Ndop ». « Ce ne sont pas des chefs, mais des femmes issues des chefferies. Chez nous, les femmes n’assurent pas la fonction de chef », explique un Fon. Un autre Fon confie au reporter du Jour que leur présence au tribunal se justifie par le fait que Forjindam est « un frère », pour les uns, ou « un ami », pour les autres. Ils ne peuvent donc pas le lâcher dans les moments difficiles.

Par le passé, des Fons de la région du Nord-Ouest se sont rendus à la prison centrale de Douala, sise au quartier New Bell. Officiellement, pour rendre visite à Zacchaeus Forjindam, incarcéré depuis le 08 mai 2008 dans cette maison d’arrêt. Les chefs ont alors remis au détenu un document dans lequel ils lui faisaient part de leur soutien inconditionnel. Ces autorités traditionnelles pensent que Forjindam n’a commis aucun crime et que le procès intenté à ce fils du Nord-Ouest procède d’une simple machination politicienne, sur fond de règlements de comptes. C’est probablement ce qui justifie l’attitude de cet autre Fon, à l’issue de l’audience de jeudi dernier. Il s’est approché du déclaré coupable, Forjindam, et a lancé ces jurons : « Dieu saura leur (les détracteurs de Forjindam, Ndlr) retourner l’ascenseur, il saura te rendre justice », levant la main vers le ciel.

Théodore Tchopa |2 Novembre 2010| Le Jour|