Cameroun : Ce que cache les manoeuvres du Rdpc

Le but est de répondre au discours de démobilisation des électeurs du Sdf. D’autant qu’une faible participation risque de discréditer le processus électoral et jeter le doute sur la capacité du régime à mobiliser ses citoyens.

Le Rdpc fourbit ses armes

René Sadi a lancé hier, à Yaoundé, la campagne d’intensification des inscriptions sur les listes électorales. Au cours d’un conclave au Palais des congrès.

Les faits

Au lendemain de la mise sur pied de la Cellule de supervision de la campagne d’intensification des inscriptions sur les listes électorales, ainsi que des comité régionaux et départementaux de ladite cellule, René Sadi a battu le rappel des troupes au siège du parti. La rencontre d’hier a mobilisé au 2e étage du Palais des congrès de Yaoundé, toute la fine crème du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.

On a donc vu défiler hier, au siège du parti, les personnalités de renoms et des responsables politiques peu connus des médias. Le balai des invités à cette rencontre a commencé peu avant 15 heures, avec les arrivées. Il n’y avait pas de mobilisation populaire et des groupes de danses traditionnelles. L’heure était au travail. Seuls les parkings bondés de véhicules grand cylindre trahissaient la tenue d’une rencontre de grande importance, impliquant les hauts cadres de nos administrations. Les journalistes indésirables à cette rencontre ont pris position à l’entrée de la salle de réunion pour observer les arrivées. Très remarquées, les arrivées des trois anciens Premiers ministres. C’est d’abord Simon Achidi Achu, qui a pris de l’âge qui arrive le premier, l’air décontracté. Il sert la main à quelques journalistes et gagne la salle. Peu de temps après, Ephraïm Inoni fait son entrée; costume sombre, l’air serein, le prédécesseur de Philémon Yang a visiblement perdu un kilo. Peter Mafany Musonge arrive en troisième position avec sa bonne humeur. Il converse avec quelques cadres du parti et rejoint la salle de réunion. Avec une heure de retard, les participants ont continué d’affluer au palais des congrès : ministre, anciens ministres, directeur généraux, tous membres de la cellule ou responsables régionaux ou départementaux répondent à l’appel.

René Sadi arrive en compagnie de son staff, avec à ses côtés le Sultan Roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya. La meute de journalistes, photographes et cameramen s’engouffre dans la salle. Une minute plus tard, le speaker du jour, Simon Meyanga, prie les journalistes et cameramen de libérer la salle, les travaux devant se dérouler à huis clos. Pendant qu’ils sortent, les participants en profitent pour jeter quelques mots en guise de moqueries. Ce qui n’a pas l’air de plaire à quelques confrères qui haussent le ton une fois hors de la salle. La porte se referme derrière les hommes de médias. Les travaux pouvaient commencer.

Selon le communiqué de presse rendu public à l’issue de ces assises, les membres de la cellule, à tous les niveaux, ont affirmé leur détermination à réussir la mission qui leur a été confiée afin de garantir un succès éclatant à Paul Biya, le candidat naturel du Rdpc, au cours de la présidentielle de 2011.

Crédibiliser le processus électoral

La mobilisation tous azimuts du Rdpc pour l’inscription de ses militants et sympathisants dans les listes électorales est une réponse logique du Sdf qui tient un discours de démobilisation en direction de ses militants et sympathisants avec ses prises de positions qui n’encouragent pas les inscriptions sur les listes élections, en entretenant le doute sur sa participation aux élections ou pas. En tant que parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais voudrait prêcher par l’exemple, en déployant les grands moyens.

D’un autre point de vue, les inscriptions des citoyens sur les listes électorale charrient plusieurs enjeux et dont le moindre n’est pas la crédibilité des scrutins qui se tiennent avec un nombre relativement faible d’inscrits, puis, le faible taux de participation aux scrutins. Cette faible participation discrédite le processus électoral camerounais et jette le doute sur les capacités du régime à mobiliser ses citoyens. Pour effacer une image qui commençait à ternir l’image du pays auprès de la communauté internationale et la communauté des bailleurs de fonds, le Rdpc prend le taureau par les cornes. Une lourde machine est déployée pour corriger le tir.

Dans un pays qui revendique 20 millions d’habitants, il ne serait pas judicieux que le nombre d’électeurs n’atteigne pas les 10 millions d’électeurs.

Les élections municipales et législatives de 2007 ont connu un des taux de participation les plus faibles depuis le retour au multipartisme. Cette tendance à la baisse se justifie selon certains observateurs, aux fraudes aux élections. Ces fraudes ont fini par convaincre les citoyens que leur vote ne compte pas. L’autre grief relevé par les citoyens est la dictature des partis politiques qui imposent des candidats à élire au nom de la discipline au sein des partis politiques, les citoyens se retrouvent souvent avec des candidats ne répondant pas au profil de l’homme à qui ils veulent confier leur mandat.

La campagne d’inscription lancée ce 18 octobre par le Rdpc ne devrait pas faire table rase de cet autre facteur de désintérêt même si les données sont différentes selon qu’il s’agit d’une élection présidentielle ou d’une élection locale.

La Nouvelle Expression| 19 Octobre 2010| La Nouvelle Expression|