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Comment les armes entrent dans les prisons camerounaises

Posted by Admin on Feb 4th, 2010 and filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Par lemessager | Mercredi 4 février 2010 | Le Messager

Prison centrale de Douala, lundi 25 janvier 2010. Quelques personnes apportent à manger aux membres de leur famille détenus dans ce pénitencier. De l’admission au sein de la barrière principale jusqu’au tête à tête avec le prisonnier concerné, c’est un chemin de croix que les usagers parcourent afin de soulager les souffrances de leurs protégés. «Je reviens après une visite à mon frère qui est en prison parce qu’on l’accuse d’un vol qu’il n’a pas commis. On m’a fouillée et refouillée. On m’a demandé à maintes reprises mes pièces officielles. On m’a tâtée pour savoir si j’étais en possession d’objets dangereux. Ce n’est pas facile d’entrer dans cette prison qui semble avoir un bon dispositif de sécurité». Si l’on s’en tient aux déclarations de Marguerite Tembon, une habituée de ces lieux, on peut penser que la prison centrale de Douala est une citadelle imprenable. Que non ! Puisque des évasions, tentatives d’évasion et autres mouvements d’humeur des détenus y sont observés au quotidien, mettant cette maison d’arrêt en état d’alerte permanent. Malgré toutes les mesures de sécurité prises et appliquées, c’est la panique généralisée aussi bien à Yaoundé qu’à Douala. Les autres villes n’étant pas en reste.

Interrogé sur les raisons de ces fréquentes évasions, un gardien de prison en service à New Bell accuse la vétusté des infrastructures. «Les prisonniers sont entassés là-dedans comme des sardines. Dès qu’ils ont la possibilité de sortir, ils n’hésitent pas. On ne dort que d’un œil car tout peut arriver à tout moment. Il faut résoudre au plus vite ce problème d’infrastructures car nous sommes aussi en danger.»

Les deux dernières évasions à Douala le 4 janvier dernier (qui a permis à Marius Momo, toujours introuvable, de se faire la belle) et à Yaoundé, une semaine plus tard,  ne sont que la face visible d’un climat délétère dans les pénitenciers du Cameroun. Plusieurs ingrédients concourent à faciliter et/ou encourager cette situation : entre autres, on peut citer les lenteurs administratives et judiciaires et la complicité des gardiens de prison, les effectifs pléthoriques, l’indiscipline, sans oublier les mauvaises conditions de vie, etc. Pris en aparté au mois de décembre dernier pendant une cérémonie de remise des dons organisée par une entreprise basée à Douala, un prisonnier donne une idée du calvaire que lui et ses congénères vivent en prison : «nous avons droit à un repas par jour et c’est même quelle nourriture ? Du riz non lavé qu’on prépare dans des conditions désastreuses. C’est pour cela qu’on entre OK en prison pour en sortir KO avec toutes les maladies du monde pour ceux qui ont la chance d’en sortir vivants. Pour nous qui n’avons pas de famille soucieuse de notre état, nous vivons le calvaire. Les souris et les cafards sont nos compléments nutritionnels. Nous aspirons chaque jour les mauvaises odeurs issues des excréments. C’est la promiscuité totale. Et nos droits sont bafoués au quotidien par les gardiens de prison. Je ne rêve que d’une chose, sortir de prison. Même par tous les moyens.»

Les geôliers indexés

Une enquête menée ces derniers jours au sein de la prison centrale de Douala a établi la responsabilité directe des gardiens de ce pénitencier.  Ils ne sont pas exempts de tout reproche dans la série des évasions récurrentes qui y ont cours, au nez et à la barbe d’un régisseur impuissant. Les gardiens de prison sont notamment pointés du doigt dans l’entrée d’objets dangereux en prison. «Comment se fait-il qu’on arrive à vendre le chanvre et les autres drogues en prison ? En entrant en prison à cause d’une sordide affaire, mon fils ne fumait pas, mais à sa sortie, il est devenu un grand fumeur, pas seulement de cigarettes ordinaires mais de drogue. Il a  même continué à aller en prison pour ravitailler ses amis qui sont restés là-bas. Les gardiens le savent mais ils ne font rien». Cette accusation de Thérèse K. cadre avec celui d’une gardienne de prison. «Mes confrères sont des ripoux à 84%. Pour de l’argent, ils seraient capables de laisser s’échapper un prisonnier. Chance qu’il y a beaucoup de contrôle sinon la prison serait déjà vide. C’est eux qui facilitent l’entrée du chanvre dans la prison. Pendant le contrôle, ils filtrent ce qui doit passer et s’arrangent à savoir à qui le colis est destiné. Ils se partagent ensuite les bénéfices du chanvre qu’ils vendent au prix fort. Si une arme entre en prison, c’est qu’il y a un gardien de prison au moins qui est dans le coup. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Pendant que quelques gardiens travaillent pour assainir la moralité aussi bien des prisonniers que de nos collègues, d’autres nous tirent par le bas et tout le monde est catalogué. L’ancien régisseur a tout fait pour redresser la barre en vain. C’est une maffia qui a des tentacules profondes malgré les sanctions qui tombent.»

Des mesures apparemment strictes sont pourtant édictées pour éviter ce type d’égarement. Programmées les mercredis et samedis, les visites sont conditionnées par la possession d’une carte où figure le nom du bagnard concerné. D’après Jacqueline qui y vient depuis deux ans pour rendre visite à son époux jusque-là prévenu, «j’ai acheté la carte à cent francs. Chaque semaine, il faut que j’achète une nouvelle carte. A chaque  contrôle, on m’exige cent francs pour un autre ticket. Quand je goûte la nourriture que je dois servir à mon mari, je paie encore cent francs. C’est trop de contrôles qui pour moi sont sans objet si ce n’est pour nous escroquer». Une enquête menée par les gardiens de prison a montré que les évadés s’inscrivent pour la plupart au sein des condamnés ou des grands bandits qui se sentent à l’étroit à New Bell. les détenus s’échappent ici, explique un gardien de prison, ce n’est que dans le cadre d’une évasion collective et ils s’assurent qu’il ne seront pas pris. Ce sont les condamnés qui font des plans chaque jour pour s’évader.

Situation explosive

Malgré nos multiples tentatives, nous n’avons pu rencontrer Dieudonné Mintsang, le régisseur de la prison centrale de Douala pour confronter les résultats de nos investigations. Pour se défendre, certains prisonniers accusent l’administration des greffes. Un des prévenus rencontré à Bonanjo, derrière la délégation régionale de la Communication du Littoral où il offrait un déjeuner à ses geôliers, confirme : «Pour mon cas, ce sont les greffiers qui sont responsables de ma détention. On me demande de l’argent afin qu’on me remette le dossier qui me rendra la liberté. Ce sont des actes qui font que même des innocents sont toujours en prison malgré une décision de justice».  Construite dans les années 40 pour une capacité maximale de sept cent places, la prison centrale de Douala avoisine trois mille pensionnaires de toutes les couches sociales. La construction d’une nouvelle prison répondant aux exigences de la modernité, à l’entrée de la ville a été évoquée dans les années 70 par feu Victor Ayissi Mvodo, alors ministre de l’Administration territoriale. Depuis on en parle peu ou prou. Depuis tout ce temps, les pénitenciers de Kondengui et de Mfou ont été construits. Pendant que la prison Centrale de Douala croule sous la vétusté et constitue en plein cœur de ce quartier une vraie bombe à retardement.  A quand l’évacuation des dossiers dans les tribunaux ? Entre les détenus en attente de jugement qui se rendent au parquet tous les mardis, les condamnés et les bandits de grand chemin, les tribulations des gardiens de prison, ripoux ou non, la situation demeure explosive devant la détermination des détenus à sortir de cet enfer.

Etame Kouoh (Cp)

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