Elecam : Où est passé le fichier électoral ?

Jean Francis Belibi | 15 Décembre 2009 | Mutations

Le Dg d’Elecam annonce pour le début de l’année le déclenchement du processus de maîtrise du fichier électoral ; celui-ci reste détenu par le Minatd hors délais légaux.

” … Cette troisième phase est dite électorale. Elle devrait démarrer début janvier. C’est la phase de prise en main, puis de la maîtrise du fichier électoral. Ce travail va peut-être nous prendre cinq à six mois, et c’est à partir de ce fichier que nous dirons si nous sommes prêts à programmer ou à préparer une élection ou non.” Ainsi parlait M. Mohaman Sani Tanimou, directeur général des Elections, lors d’un entretien avec nos confrères du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune au mois de septembre dernier.

Interrogé sur ce qui apparaissait comme la dernière phase de la mise en place de cette structure désormais chargée ” de l’organisation, de la gestion et de la supervision de l’ensemble du processus électoral et référendaire “, son directeur général, sans doute très confiant sur la marche des événements, avait brossé un chronogramme qui aurait dû voir cette structure lancer la phase de maîtrise du fichier électoral, jusqu’alors détenu par les services du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd).

Une réaction de M. Mohaman Sani Tanimou qui intervenait près d’un mois jour pour jour, après la publication par votre journal, d’une enquête dans laquelle il était beaucoup plus question des relations entre les différents organes de Elecam, mais qui avait néanmoins abordé la question du retard observé dans le transfert de ce fichier. A l’époque, une source interne à Elecam affirmait : “Normalement, selon l’esprit de la loi, ce transfert aurait dû être fait depuis fin mars dernier (mars 2009 ndlr). Mais rien n’a été fait à ce jour “.

Concertation
Des propos que le directeur général des Elections s’était fait fort d’atténuer dans cette même enquête lorsqu’il déclarait : ” Nous avons rencontré le ministre d’Etat en mars qui a mis sur pied, juste après, un comité devant faire l’inventaire du fichier électoral. Pour l’instant, entre l’assurance de trouver des infrastructures d’accueil sur l’ensemble du territoire, les équipements pour tous ces locaux et la formation du personnel, qui devra se mettre au même niveau de compréhension des missions conférées à Elecam, les préoccupations urgentes ne manquent pas. Nous ferons le point en novembre. ”
A l’heure qu’il est, et d’après nos sources, le Minatd n’a toujours pas procédé à la transmission dudit fichier, bien qu’à l’époque, M. Alexandre Marie Yomo, le directeur des Affaires politiques, allant dans le sens du patron de Elecam, déclarait que le cadre de concertation ” mis sur pied par les hiérarchies des deux institutions qui appartiennent toutes à l’Etat permet de travailler sereinement… ” Non sans préciser, en ce qui concerne le fichier, qu’il ” s’agit de tout le serveur installé dans les locaux du ministère et qui doit être installé dans des structures appropriées à mettre sur pied par Elecam “.

Une position qui n’a pas changé à ce jour. Le directeur des Affaires politiques indiquait à cet effet hier que les deux parties avaient continué leurs échanges au sein du cadre de concertation mis en place : ” un procès verbal a été signé par le Minatd et par Elecam. On sait ce qu’il y a à transmettre. Nous n’attendons qu’un ordre pour le faire “. Interrogé sur l’identité du donneur d’ordre, M. Alexandre Marie Yomo n’a pas souhaité réagir, même s’il indique que ” Elecam n’a pas encore mis en place ses démembrements départementaux et communaux. Où pensez-vous qu’ils pourront stocker tout le matériel, à l’instar des urnes que nous devons leur transmettre. ” Pour le directeur des Affaires politiques, ” il n’y a pas matière à voir des problèmes dans cette affaire de transmission du fichier électoral. ” Il admet que le fichier électoral se trouve encore dans les locaux du ministère de l’Administration territoriale à Yaoundé.

Du côté de Elections Cameroon, le directeur général que nous avons pu joindre n’a pas souhaité réagir sur le sujet. Mais de sources bien informée, nous apprenions que la préoccupation des responsables de l’institution demeure et que l’attente de la direction d’Elecam vis-à-vis des responsables du Minatd porte sur trois choses essentielles : le serveur, les logiciels de gestion et le fichier national. Des données encore aujourd’hui ” propriétés du Minatd ” et qui, non transmises à cet organe à plus ou moins brève échéance, ne lui permettent pas de pouvoir faire face à ses obligations et suppléer ainsi le ministère de l’Administration territoriale dans l’organisation d’une élection au Cameroun. Des dysfonctionnements dont nos sources indiquent que la présidence de la République est informée. Sans réaction à ce jour.