Jeune Afrique : Polémique autour d’une exclusivité

Jean Francis Belibi | 21/12/2009| Mutations

Mme Atangana Mebara indique ne pas se reconnaître dans les propos qui lui sont prêtés, ce que dément l’auteur de l’enquête.

” Cameroun Ces Vip derrière les barreaux ” Le titre à la Une du numéro 2553 de l’hebdomadaire peut passer inaperçu sur la grande photo des protagonistes de la crise guinéenne, mais l’adjectif ” exclusif ” qui le précède ne peut laisser indifférent tout ce qui prête un peu d’attention au journal. A l’intérieur, un dossier de quatre pages signé Georges Dougueli ” envoyé spécial à Yaoundé “, qu’ouvre une introduction du directeur de la rédaction François.

Le début de l’article de notre confrère indique notamment qu’il s’est rendu à la prison centrale de Kondengui le 18 novembre. Puis est décrit l’intérieur du pénitencier et surtout le lieu où se déroule sa rencontre avec ” ses hôtes ” : ” la bibliothèque “. Dans le récit qui suit, il est question de son entretien avec l’ancien ministre de la Santé publique Urbain Olanguena Awono : ” Assis sur une table au centre de la pièce, Urbain Olanguena Awono, 54 ans, tient dans sa main un livre : Les Mensonges de l’Histoire, de Pierre Miquel … paru en 2003. L’ancien ministre de la Santé publique a le sourire aux lèvres mais n’a rien oublié de son humiliante arrestation orchestrée le 31 mars 2008 par la police, devant les caméras de la chaîne nationale.

” Et de citer une réflexion de l’ancien ministre ” Tout cela m’a aidé à mieux connaître mon pays “. Urbain Olanguena Awono se fait même plus prolixe lorsqu’il affirme ” On a inventé un groupe de comploteurs, le G11, on y a impliqué quelques uns d’entre nous, puis on a menti au chef de l’Etat pour qu’il entérine notre élimination… C’est un vrai jeu de massacre ” fait-il savoir non sans avoir dénoncé l’ ” instrumentalisation ” de la justice au Cameroun.
Des positions que l’auteur de l’enquête indique en outre être celle d’ ” un autre pensionnaire du quartier 7 de la prison, Jean Marie Atangana Mebara, 55 ans. Vêtu d’un boubou blanc, il semble s’être finalement adapté à sa nouvelle condition. Cela n’a visiblement pas été aisé “. La phrase suivante est celle qui créé la polémique entre le journal et la famille du prévenu. Selon son épouse, Brigitte, au cours des premières semaines qui ont suivi son emprisonnement, intervenu le 6 août 2008, il lui arrivait de téléphoner au beau milieu de la nuit avec la même question : ” Mais pourquoi me retient-on dans cette prison ? “.

Une phrase qui a suscité la réaction de Mme Marie-Brigitte Atangana Mebara. Dans une mise au point adressée à Jeune Afrique, et dont nous avons pu avoir copie, elle indique notamment que ” Je n’ai jamais rencontré M. Dougueli et ne me reconnais en aucune façon dans ces propos qu’il m’attribue. Pendant les trois premiers mois de sa détention, M. Atangana Mebara était privé de toute communication avec l’extérieur au motif que l’instruction n’avait pas encore commencé “. Georges Dougueli, que nous avons pu joindre hier soir depuis Paris où il se trouve a paru très surpris par la réaction sus évoquée. S’il a indiqué que sa réaction n’a pas encore reçu la mise au point de Mme Atangana Mebara, il est formel lorsqu’il affirme : ” J’ai rencontré Mme Atangana Mebara en décembre 2008 à sa résidence du quartier Bastos devant un témoin… ” Il confirme par ailleurs que les propos attribués à Marie Brigitte Atangana Mebara ” Il était même question que nous allions ensemble voir son mari à Kondengui, mais elle s’est finalement rétractée… “, avant de conclure ” Nous attendons d’avoir sa mise au point pour réagir “…