C’est sous le prétexte de cette question que Charles Ndongo, journaliste émérite à la CRTV, a signé sa sortie médiatique dans les colonnes du journal ‘’Le Messager’’ édition n°3168 du 24/8/2010. Il dit inscrire sa démarche dans une approche citoyenne en vue d’apporter sa contribution à ce mouvement transnational pour la survie du journal ‘’Le Messager’’. Si l’expression est toute cousue d’éloges à l’endroit du journal et de son regretté promoteur, son accent manque de sincérité ; c’est le moins que l’on puisse en dire. Et c’est ce qui a éveillé notre attention et suscité notre méfiance.
Charles Ndongo émet le vœu que ‘’Le Messager’’ revisite sa ligne éditoriale. Il prétend s’appuyer sur des avis de lecteurs collectés par ‘’Le Messager’’ à l’occasion de son quinzième anniversaire il y a aujourd’hui seize ans, avis qu’il partage. Une lecture attentive de cet article révèle aisément l’inconsistance de l’argumentation. L’auteur de l’article commence par citer des sympathisants supposés ou présumés du journal ‘’Le Messager’’. Emmanuel Noubissie Ngankam, « un ancien collaborateur qui regrette que Le Messager soit une œuvre gâchée, à cause du caractère patrimonial du journal qui l’a empêché de réussir sa mutation rédactionnelle après les années fastes 1990-1991» ; Dominik Fopossi, « un chroniqueur occasionnel qui décrit Le Messager comme un gros bébé bien fragile tout en souhaitant que M. Njawe et son équipe se soumettent à un questionnement sans complaisance du chemin parcouru» ; Célestin Monga, « compagnon de front » qui « estime qu’il est utile de se remettre en question, même si on ne s’appelle pas Paul Biya, car l’échec d’un pays n’est jamais l’affaire d’un seul individu et la délivrance nationale n’est pas non plus le fait d’un quelconque messie ».
L’auteur cite ensuite feu Henri Bandolo qui « marque son complet désaccord avec la ligne éditoriale de ce journal Le Messager qui s’affirme indépendant, alors qu’à travers ses colonnes s’exprime un militantisme ardent manifestement inspiré par des mobiles autres que le souci légitime de l’information et de la vérité ». M. Charles Ndongo, pour feu Henri Bandolo, prend soin de s’extasier à son propos en ces termes « maître en journalisme s’il en fut dans notre pays », dont il entend ainsi souligner à sa manière, l’autorité de l’opinion qu’il cite. Il faut préciser en passant que nous ne remettons pas en cause la notoriété professionnelle de ce journaliste émérite qui a fait la fierté de notre pays. Mais c’est sur l’usage qu’on voudrait en faire que nous trouvons à redire. Ces morceaux choisis d’opinions émises sur ‘’Le Messager’’ remettent-ils vraiment en cause la ligne éditoriale de ce journal ? Pour dire le moins, ce n’est pas évident. L’on serait même plutôt fondé à penser le contraire. En effet, les supposés sympathisants du journal l’ont adopté justement en raison de sa ligne éditoriale qui est sensée correspondre à leur conviction. Quant à feu Henri Bandolo, il dit simplement que la ligne éditoriale du journal ‘’Le Messager’’ telle que l’affirme son promoteur n’en est pas une. D’où vient-il que Charles Ndongo, journaliste dont tout le monde s’accorde à reconnaître le professionnalisme, ait choisi de s’appuyer sur une argumentation aussi spécieuse pour justifier son vœu de voir ‘’Le Messager’’ changer de ligne éditoriale? C’est à la lumière de cette interrogation qu’une curieuse opinion d’un quidam qu’il cite tout en taisant le nom de l’auteur prend tout son sens et révèle sa portée.
D’après cette opinion, ‘’Le Messager’’ « … a ligué les Bamilékés contre les Béti sous prétexte que Biya est le frère de ces derniers… ». Il faut bien noter l’insinuation insidieuse de cette opinion. Dans leur haine contre Paul Biya suscitée par ‘’Le Messager’’, les Bamilékés ont entraîné tous les Béti parce que ceux-ci sont les frères de Paul Biya. Pius Njawe peut être tout. Mais personne ne songerait à l’identifier à cette image que voudrait donner de lui cette opinion. Tout le monde le sait à commencer par Charles Ndongo. Pourquoi a-t-il choisi d’évoquer cette opinion malgré ce contraste flagrant ? C’est qu’il la juge digne d’intérêt, ne serait-ce que de circonstance. Nous en sommes à nous demander si cette opinion de ce quidam n’est pas le centre d’intérêt de cette sortie médiatique. Nous serions fondés à penser que cette autre opinion est servie à dessein. Elle s’inscrit, en effet, dans la logique des discours « conflictogènes » que les acteurs politiques de tous bords tiennent pour conditionner les esprits, entretenir la peur, un climat de terreur et d’insécurité, liguer une communauté nationale contre une autre. Les élites en mal de positionnement n’hésitent pas à y recourir. Lorsque la communauté bamiléké est prise pour cible, la stigmatisation, c’est connu et retenu, fédère rapidement toutes les autres communautés nationales. La communauté bamiléké est le bouc émissaire tout désigné comme étant la cause de toutes les frustrations qui minent notre société. Ce ressenti social est cultivé et entretenu à souhait pour servir. La recette marche et est utilisée chaque fois qu’on sent une surchauffe sociale et que l’on veut distraire l’opinion des questions essentielles qui préoccupent chacun de nous, d’où qu’il vienne, où qu’il se trouve. Le microcosme politique camerounais bouillonne depuis un moment dans la perspective des échéances politiques de 2011 et la tension sociale est palpable. Le contexte est propice. Cette sortie médiatique de Charles Ndongo n’est qu’une manoeuvre de manipulation. Alors, nous disons : ‘’attention ! Méfiance et vigilance citoyennes ! Gare aux plumes irresponsables !’’ L’histoire est riche en enseignements sur les conséquences dramatiques de ce jeu pervers.
Feins d’embrasser ton ennemi si tu veux l’étouffer
A propos de la question qui est posée, ‘’Le Messager’’ doit-il changer sa ligne éditoriale ? La question est curieuse s’agissant d’un journal qui a fêté ses trente ans d’existence avec une solide réputation établie et qui, par ailleurs, a tiré un moment à cent cinquante mille exemplaires. Avec une telle performance, imputer son déclin à sa ligne éditoriale ne nous paraît pas pertinent. Le label ‘’Le Messager’’, cette emblème du paysage médiatique africain, cette icône du combat pour la liberté de la presse, n’a-t-il pas été bâti sur sa ligne éditoriale ? Que je sache, la ligne éditoriale d’un journal n’est-elle pas son identité ? Comment un journal peut-il changer sa ligne éditoriale et prétendre encore être le même ? N’est-ce pas enlever à ce journal son âme et déboussoler du même coup les journalistes qui ont fait le choix, en raison de leurs convictions, de servir dans ce journal?
Par lemessager | Mardi 31 août 2010 | Le Messager
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kamga,il est clair que ndongo charles souhaite que la ligne éditorial du messager change pour jouer au griot comme crtv.ce ndongo est un gros manipulateur comme beaucoup d’autres “intelects” du régime biya.c’est ta naiveté qui est grave!!!
Pourquoi tu trouves que l’article de Charles Ndongo, journaliste à la CRTV, dans les colonnes du journal ‘’Le Messager’’ édition n°3168 du 24/8/2010 manque de sincérité ? Quel procès d’intention ! Quelle parano ? Vous en êtes arrivé à vous méfier de toutes les plumes qui viennent du pole du pouvoir et des médias d’Etat et de service public ? Quel amalgame ? Charles Ndongo émet le vœu que ‘’Le Messager’’ revisite sa ligne éditoriale. Pour vous, c’est un péché pire que celui d’Adam et Eve. Est-ce ainsi que nous allons construire le Cameroun de demain, par l’exclusion et le délit de facies ? C’est grave mes frères!