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Le regard des complexés

Posted by Admin on Jul 14th, 2010 and filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Crowds of French patriots line the Champs Elys...
Image via Wikipedia

De Xavier Messè|14 Juillet 2010|Mutations|

Dimanche dernier, un débat houleux se déroulait dans une radio privée émettant à Yaoundé. Le sujet qui passionnait le panel était le suivant : les troupes africaines devraient-elles aller défiler sur les Champs Elysées aux cotés de leurs homologues françaises à l’occasion de la fête nationale de ce pays ? Le moment était-il bien indiqué en cette période où les pays africains célèbrent les 50 ans de leur indépendance ?
Comme en de pareilles circonstances, chaque membre du panel y allait de toute sa passion, de tout son savoir historique, de l’amour ou de la rancœur qu’il entretient de la France.

Dans les faits, sur les 14 pays conviés par le président français sous la recommandation de Jacques Toubon, seront représentés au niveau des chefs d’Etat d’une part, et d’un carré de 40 militaires par pays qui martèlera le pavé des Champs Elysées. Seuls le chef d’Etat de Madagascar n’a pas été invité pour des raisons liées à son mode d’accession au pouvoir dans son pays ; Laurent Gbagbo en ce qui le concerne, a estimé qu’il faudrait d’abord aplanir les différends qui opposent la Côte d’Ivoire à la France avant de se fréquenter réciproquement. Ce pays s’est fait représenter au niveau de ministre.
Cette invitation n’est pas du goût de nombreux Africains. Ceux qui portent un mauvais regard sur cette grosse invitation, condamnent ce qu’ils estiment être une perpétuation des comportements coloniaux avilissants et inacceptables en plein 21ème siècle. Ils vilipendent Paris d’être incapable de se départir de ses agissements d’épicentre d’un empire. Pour ces adeptes de la dignité et de la souveraineté africaines, répondre à cette invitation est faire montre d’une allégeance de lézard.

Les rapports entre la France et les intellectuels africains notamment, ont toujours été empreints d’emprise et de passion. Pour ces intellos, s’opposer à la France est une manière de démontrer son indépendance, son émancipation ; s’opposer à la France, c’est prouver qu’on est fort. Refuser d’aller au défilé du 14 Juillet, ne pas envoyer des militaires défiler, c’est prouver qu’on est différent.
Tous ceux qui affichent cette attitude sont animés d’un complexe d’infériorité qu’ils ne parviennent pas à exprimer. Laurent Gbagbo a de sérieuses raisons de ne pas se rendre en France en ce moment. Que les autres s’y rendent n’a rien d’infâmant ; la France partage avec les ex-colonies une longue histoire faite entre autre de la colonisation et des indépendances. On doit vivre et partager cette histoire, y compris cette célébration des indépendances. Il est urgent de cesser d’être un éternel colonisé. Il existe des domaines où on doit affirmer son indépendance, en faisant par exemple de son pays un pays économiquement fiable et respecté. Le reste, c’est de la foutaise.

Vite que le temps nous aide
Les Lions indomptables étaient sortis de la Can sénégalaise en 1992 la queue entre les pattes. La raison constatée : le désordre. En 1994 au Mondial des Etats-Unis, c’était le déshonneur avec en prime la disparition de l’argent du coup de cœur. A Yaoundé, on est resté bouche close. Le Mondial de Japon/Corée n’avait pas connu plus de bonheur ; la raison : le désordre. Rentré au Cameroun, personne n’avait bronché. On s’y habitue.
Nous venons de toucher le fond de l’abîme avec ce qui aurait pu être une belle épopée des Lions indomptables en terre africaine. La suite, nous la connaissons. Le ministre des Sports a dit à l’Assemblée nationale «sa part de vérité». Quel exploit ! Que veut-on de plus ? Le temps va nous aider à tout oublier, et nous passerons vite à autre chose. Voilà comment on fonctionne au Cameroun.
La semaine dernière, au moment de clôturer les travaux de la session parlementaire, Cavaye Yéguié a prononcé une phrase qui n’a pas manqué d’amuser certains; il juré : « après la débâcle des Lions en Afrique du Sud, les sanctions seront prises ! »
Que le bon Dieu l’écoute ; nous ne perdons rien à attendre. Cela fait quand même trois semaines que les Lions sont sortis de la compétition. On attend.

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