Les zones à risques de Biyem-Assi

Montée jouvence : On étouffe, on s’intoxique

La bouche d’égout localisée au lieu dit « carrefour caca » refoule les eaux usées, au grand malheur du voisinage.

Juste après le rond-point Express, en se rendant à l’hotel « Jouvence », se trouve le carrefour baptisé « caca ».

Selon les riverains, il doit ce surnom à l’odeur des excréments qui flottent ici en permanence dans l’air. Depuis trois semaines, les portes des maisons d’habitation alentour restent fermées à longueur de journée. Depuis trois semaines, la bouche d’égout au milieu de la chaussée déborde. Un liquide verdâtre d’une odeur fétide s’en échappe et s’écoule continuellement sur la voie. Difficile de respirer normalement ici. Les voitures qui passent par cet endroit y pataugent, projetant parfois en l’air quelques gouttes du liquide nauséabond et éclaboussant alors certains piétons malchanceux. Cet écoulement continu des eaux usées a érodé la route.

Les gérants de petits commerces installés autour du carrefour ont vite fait de décamper. Amélie Laleu a reinstallé son box plus haut, à côté du « petit commissionnaire », une entreprise de service. Installée près du Centre international pour la promotion de la récupération (Cipré) il y a un an, elle a été contrainte par l’odeur fétide de déménager. « C’était franchement devenu intenable. Les clients ne supportaient plus d’ouvrir la bouche dans cette atmosphère, lorsqu’ils discutaient. Personnellement, j’avais des nausées à longueur de journée », confie-t-elle. Solange Mafen, elle cherche un nouveau local pour son salon de coiffure. « C’est récurrent dans la zone. Tous les deux mois, la bouche d’égout fuit et vivre ici devient un calvaire. Les clientes ne supportent plus de se faire coiffer ici dans ces conditions. Je perds de plus en plus de clientes. On se plaint auprès de la mairie, qui nous renvoie plutôt vers les agents de la Sic», déplore-t-elle.

Les riverains rencontrés accusent tous la cité de la Société immobilière du Cameroun, construite au rond point Express. D’après eux, ce sont les déchets en provenance des immeubles de cette cité qui bouchent les égouts. « Avec le choléra qui est déjà là, comment veut-on que les populations l’évitent, si on les laisse en contact permanent avec des eaux souillées ? On étouffe de chaleur dans les maisons, mais nous sommes obligés d’y rester parce que dehors c’est grave », lance Maxime Ebanda, un vieil habitant du coin. Selon Florence Minkoumou, la responsable du service d’hygiène de la mairie de Yaoundé 6ème, « les fuites sont occasionnées par l’obstruction des canalisations souterraines. La Maétur et la Sic qui ont aménagé le quartier doivent prendre leurs responsabilités », soutient-elle.

Muiel Edjo|Jeudi, 16 Septembre 2010|Le Jour|