Mathias Eric Owona Nguini : « Elecam n’a pas nécessairement les moyens de répondre à toutes les attentes de l’opposition »
Le socio-politologue donne son avis sur les consultations engagées cette semaine par Elections Cameroon.
Elecam a engagé avant-hier, 29 septembre 2010, une consultation publique avec les partis politiques et la société civile à Yaoundé. Peut-on dire qu’il est en quête de légitimité auprès de ces acteurs électoraux ?
Effectivement, Elecam est à la recherche d’une crédibilité. Voilà pourquoi cette institution a opportunément convoqué les partis politiques et les acteurs intéressés par le processus électoral pour en discuter.
En retour, Elecam peut-il apporter des solutions aux sollicitations des partis politiques ?
Sur le principe, Elecam est aujourd’hui chargé d’organiser le processus électoral. Cela veut dire que cet organe de régulation du jeu électoral est, en théorie, capable d’apporter des réponses aux questions qui ont été posées par les interlocuteurs qu’il a rencontrés. Maintenant, le problème c’est le cadrage politique dans lequel Elecam est placé qui fait que cet organe, tout en ayant un statut d’organisme public indépendant, fonctionne largement sous la tutelle du pouvoir exécutif. Et en particulier du président de la République. C’est peut-être par rapport à cette contrainte qu’Elecam et particulièrement son conseil électoral, n’ont pas nécessairement les moyens de répondre à toutes les attentes exprimées à l’occasion de ces échanges.
Elecam peut-il procéder à la refonte du fichier électoral sollicitée par certains partis politiques ?
Bien entendu, Elecam est formellement compétant pour le faire. Le problème encore une fois, c’est le cadrage politique dans lequel cet organe de régulation électoral se trouve. Est-ce que ce cadrage lui permet de faire ce travail et rester dans le cadre de la marge de manœuvre que le système gouvernant semble lui laisser ? C’est ce qui semble être une problématique.
Pour le Sdf, c’est clair, Elecam n’est pas à même de résoudre son problème. C’est plutôt l’exécutif, c’est-à-dire le président Paul Biya, qui doit changer les membres de cette institution. D’où l’ennui, de son représentant, Joseph Mba Ndam, à cette réunion. Quel commentaire faites-vous de cette position du Sdf ?
Le problème du Sdf relève d’un niveau qui n’est pas celui d’Elecam. Ce n’est pas Elecam qui nomme les membres aussi bien à la direction générale des élections qu’au conseil électoral. Ces nominations sont effectuées par le président de la République. C’est donc en, direction du président de la République que le Sdf devrait se tourner et poser strictement à Elecam les problèmes qui sont de son ressort. C’est à dire ce qui touche précisément à l’organisation des élections.
Pour le leader du Sdf, il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2011 s’il n’y a pas de changement à la tête d’Elecam. Qu’est-ce que cela signifie d’après vous ?
Quoique l’on pense de la position du Sdf, c’est d’abord une manière de discréditer la structure qu’est Elecam. Considérant qu’elle est sous influence politique. Quoiqu’on en dise, le Sdf tire le prétexte du fait que le pouvoir n’a pas procéder de la façon la plus conforme aux textes portant organisation et fonctionnement d’Elecam pour en nommer les membres du conseil électoral. Dans ces conditions, c’est le pouvoir lui-même qui a favorisé la controverse autour de la nomination des membres du conseil électoral d’Elecam. Le Sdf en tire profit. Maintenant, rien ne nous démontre que le Sdf a les capacités de coercition qui lui permettraient d’empêcher que le processus électoral puisse se tenir si les membres du conseil électoral d’Elecam et éventuellement ceux de la direction générale des élections n’étaient pas changés et si une nouvelle équipe n’ait été désignée sur la base d’un consensus entre les principales forces politiques.
Certains partis politiques ne souhaitent pas voir le Minatd participer au processus électoral. Doit-il le faire ?
Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation peut effectivement prendre part au processus électoral, mais il ne faudrait pas que cela se fasse en substitution à Election Cameroon. Car du point de vue de la loi, c’est Elecam qui doit organiser et conduire l’ensemble du processus électoral. Il ne peut mobiliser les autres organes de l’Etat qu’à titre d’auxiliaire et d’appoint. Il reste à savoir s’il n’y a pas une stratégie politique plus ou moins feutrée qui consiste à faire que, concrètement, le Minatd joue un rôle beaucoup plus important que celui de simple appoint dans l’organisation des prochaines échéances électorales et en particulier de l’élection présidentielle.
Beaugas-Orain Djoyum| Vendredi 1er Octobre 2010|Le Jour|
Related posts:
- Mathias Eric Owona Nguini – Elecam doit constituer son fichier électoral Le politologue évalue les chances de succès de la campagne...
- Mathias Eric Owona Nguini: Le gouvernement a besoin d’une diaspora de collaboration et qui accepte le fonctionnement actuel du système Le politologue explique les enjeux suscités aujourd’hui par la diaspora...
- Dr. Eric Mathias Owona Nguini: « Il y a un état prévalent d’indiscipline et de corruption au Cameroun » Par souley.onoholio | Vendredi 2 juillet 2010 | Le Messager|...
- Elecam entre en scène à l’Est sans l’opposition Sebastian Chi Elvido | 18 Jun 2010| Mutations| Les responsables...
- John Fru Ndi réitère le « non à ELECAM » Un grand coup. Le président du conseil électoral d’Elections Cameroon...
Related posts brought to you by Yet Another Related Posts Plugin.