Paul Biya annonce le retour du service civique

Par jean.francois.channon | Vendredi 12 février 2010 | Le Messager

Paul Biya a fait de la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance Cameroun un évènement politique majeur en 2010. Après l’avoir annoncé lors de son message de fin d’année à la nation le 31 décembre 2009, il est monté au créneau le 10 février 2010, au cours de son message à la jeunesse camerounaise. Pour le chef de l’Etat, ce processus historique inéluctable qui « fut d’abord un rêve impensable » a été acquis par le patriotisme des jeunes Camerounais, comme ceux d’aujourd’hui, qui ont lutté et se sont sacrifiés « et par la suite ont consacré leur vie à construire un Etat et former une nation ». Aussi invite-t-il la jeunesse camerounaise d’aujourd’hui, à prendre en cœur la célébration du cinquantenaire de cet évènement et y apporter une signification particulière. Paul Biya dresse le bilan du chemin parcouru en 50 ans. Il évoque ainsi le souvenir de la plupart des villes camerounaises qui en 1960, étaient pratiquement des gros villages, et « nos routes des pistes poussiéreuses ». Mais qui de nos jours, selon la vision du président, apparaissent de plus en plus comme des cités en état de modernisation ; les écoles, collèges et Universités, rares et aujourd’hui nombreux. Le président de la République estime alors que le premier devoir pour la jeunesse camerounaise actuelle est de consolider les acquis de ces 50 dernières années.

Au sujet du système politique en vigueur au Cameroun, le président promet « un système démocratique achevé (…). Il vous reviendra de continuer à le faire fonctionner sans heurts, dans un esprit de tolérance et conformément à l’intérêt général. » Il invite les jeunes à tirer le meilleur pari du perfectionnement du système éducatif et universitaire du Cameroun non sans vanter les nouvelles écoles qui ont été construites, les nouveaux enseignants qui ont été recrutés, les nouvelles infrastructures qui ont été acquises dans les Universités, et surtout les crédits qui ont été dégagés pour encourager les meilleurs étudiants. « Retenez que les promesses qui ont été faites ont été tenues. Au total, depuis plusieurs années, c’est près du cinquième du budget de l’Etat qui a été consacré au développement du secteur éducatif », précise le chef de l’Etat qui annonce que « cet effort sera poursuivi en 2010. » Il rassure les jeunes à la recherche d’emplois que les compétences qu’ils ont acquises seront mises au service du développement de leur pays. « Dans les prochains mois, nos grands projets de développement vont connaître une évolution qui avait été ralentie par la crise et, il faut le dire, par l’inertie de certaines administrations ». Le chef de l’Etat cite alors tout ce qu’il a déjà énoncé dans son message à la nation le 31 décembre 2009, notamment les investissements dans les domaines énergétiques, de l’agriculture et autres, et assure que l’Etat a besoin de plus d’ingénieurs dans divers domaines techniques. Même si, précise le chef de l’Etat, dans le processus de redémarrage de l’économie du pays, « la participation des jeunes n’est pas toujours une affaire de compétence technique ». C’est ainsi qu’il annonce le retour effectif du service civique, en invitant le ministère de la Jeunesse à canaliser la plupart des énergies juvéniles qui se déploient sur l’ensemble du triangle national. A ce propos, le président de la République s’est logiquement réjouit de la mise en place du Conseil national de la jeunesse et de ses instances dirigeantes.

Séduction politique

Sur un autre plan, comme pour indiquer que les jeunes Camerounais, en cette période de mondialisation, ne sauraient vivre en vase clos dans leur pays, Paul Biya leur a parlé des principaux défis du 21è siècle. Se souvenant de sa participation au dernier sommet sur les changements climatiques qui s’est tenu à Copenhague au Danemark, il a invité les jeunes de son pays à s’impliquer dans les campagnes de protection de l’environnement. Tout comme, il leur demande de concevoir des projets agricoles pour garantir au Cameroun une sécurité alimentaire d’une part, et d’autre une « contribution à la lutte contre les pandémies telles que le Sida, la tuberculose et le paludisme qui sont nos principales causes de mortalité ». Et de continuer : « Enfin, et ce ne sera pas la moindre de vos tâches, vous devez prendre le relais de la lutte contre la pauvreté qui touche près de 40% de notre population. Cette inégalité qui concerne tous aspects de la vie : alimentation, santé, éducation, conditions d’existence, etc. est intolérable dans une société qui place la dignité humaine au premier rang de ses valeurs. »

Pour finir cet exercice qui s’apparente fortement à une manœuvre politique de courtisanerie d’un homme qui entend rester encore longtemps à la tête du Cameroun, Paul Biya a parlé de ce qui passionne le plus les jeunes dans ce pays. A savoir du football et des Lions Indomptables dont il a sportivement félicité leur parcours à la dernière Coupe d’Afrique des nations en remettant tout sur « le sort qui a décidé autrement ». C’est ainsi que le chef de l’Etat envisage « la création d’une Ecole supérieure de formation au football qui, en liaison avec le ministère des Sports et de l’éducation physique et le ministère de la Jeunesse ainsi qu’avec la fédération et les académies existantes, aura pour mission d’encadrer et de perfectionner les jeunes qui manifesteront des dispositions exceptionnelles pour notre « sport-roi » ».