Présidentielle 2001: Paul Biya ,la danse du ventre se poursuit

Le troisième volume du livre appelant Paul Biya à se représenter à la présidentielle a été présenté au public hier, à Yaoundé.

Déjà trois volumes. Trois livres différents. Avec les mêmes articulations et quasiment les mêmes auteurs. En dehors de Marie Claire Nnana, et Peter Mabu, la directrice générale de la Sopécam, et son adjoint qui font leur entrée dans le cercle des rédacteurs des para textes, en rédigeant la postface en français et en anglais, ce sont les mêmes qui reviennent. Ainsi, le Premier ministre, Yang Philemon signe le prologue, et René Sadi reste le préfacier. Alors que Jacques Fame Ndongo et Elvis Ngolle Ngolle sont à l’introduction générale. Tout comme le message reste le même, autant que le titre : Paul Biya l’appel du peuple. Un condensé de textes se résumant en l’invitation adressée à Paul Biya à se représenter à la prochaine élection présidentielle. Les auteurs des textes se recrutent parmi les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir. Un appel qui se bâtit sur un schéma partant d’une «considération» des qualités managériales du président Biya, de sa sollicitude à l’endroit du peuple, pour se terminer sur un appel à briguer encore la magistrature suprême. En passant quelques fois par des condamnations d’attaques formulées par d’éventuels pourfendeurs de l’homme-objet du livre et des soutiens à l’homme ainsi irrité. Le livre bilingue est segmenté en quatre sections : adhésion et soutien sans faille, appel insistant à une nouvelle candidature, long life at helm of power, fruitless campaign et croisade contre la corruption et les détournements de fonds publics. Avec à la fin de chaque section un texte qui sans toutefois avoir la prétention de résumer le contenu de la section qui ne diffère en rien de ceux des autres sections, livre une réflexion profondes avec forces arguments, sur les thèmes régulièrement développés par les auteurs des appels et autres motions de soutien. Afin de soutenir amplement les textes principaux qui donnent l’impression de se répéter. Cependant, ils ne sont pas signés.

Pour ce volume, l’on note une entrée timide d’autres acteurs restés muets par le passé. Ce au gré de l’évolution des choses depuis la publication du volume II de L’appel du peuple. D’abord la diaspora qui a fait l’objet d’un long débat autour du droit de vote ces derniers temps. Ainsi, les compatriotes de

l’étranger qui ont vu se créer de nouvelles sections à l’étranger, s’annoncent. Notamment le Club Rdpc du Congo-Brazzaville qui se désolidarise de «toute initiative visant à saper l’amitié congolo-camerounaise», comme leurs voisins du Gabon, pays avec lequel le Cameroun semble avoir retrouvé une certaine paix dans ses relations. Puis la section Rdpc de Grande Bretagne et les Kotoko d’Arabie saoudite qui se félicitent des bonnes relations entre le Cameroun et les pays où ils résident. A côté, ce sont les étudiants des universités d’Etat qui saisissent l’occasion de l’octroi des primes aux meilleurs étudiants, pour rentrer dans la danse. L’hystérie n’épargne pas ces autres personnels de l’Etat regroupés aux seins de leurs entreprises, comme le Piaasi, pour marquer leur présence.

De bonnes affaires

Loin de tout cela, Elvis Ngolle Ngolle qui présentait le livre en anglais hier au Hilton hôtel de Yaoundé, voit en L’appel du peuple «un dialogue et non un monologue, entre le président Paul Biya et le peuple camerounais». Vu qu’il s’agit, selon Marie Claire Nnana, de «l’adhésion d’un peuple à la vision d’un homme, d’un programme de société». Ainsi, le Pm peut légitimement penser que «le choix du peuple sur Biya est irréversible». Pour que Jacques Fame Ndongo conclue que «le Cameroun marche sur du velours», sans manquer de préciser que «en réalité, le chef de l’Etat marche sur des œufs sans les casser». Rejoignant Grégoire Owona, le secrétaire général adjoint du Rdpc pour qui «nous apprenons du président Biya que le Cameroun n’est pas un laboratoire d’expérimentation» de la gouvernance pour «amateurs». Cependant pour marquer cette adhésion à la politique de l’homme que le Rdpc veut encore voir à la tête du Cameroun au-delà de 2011, le représentant d’Emmanuel Sadi invite les Camerounais à s’inscrire massivement sur les listes électorales, pour pouvoir de voter pour la continuité.

C’est tout cela que Marie Claire Nnana, croit n’avoir pas failli à son devoir d’éditeur. «Quel éditeur ne prendrait pas la responsabilité de consigner ces appels …d’une fraction importante de la population ?» D’autant plus que «c’est un ouvrage pour enrichir le débat, contribuer à l’enracinement de la démocratie».

Le premier volume de cet ouvrage a été présenté en novembre 2009, le deuxième en mars 2010. Et de ce qui sort des propos d’Elvis Ngolle Ngolle, de nouveaux volumes seraient en préparation pour les tout prochains mois.

Lindovi Ndjio| 3 novembre 2010| La Nouvelle Expression|