Prison de New Bell : Le médecin chef convoqué au tribunal le 21 octobre

Lapiro de Mbanga accuse Germain Amougou de torture.
Une citation directe a été déposée le 27 septembre dernier chez le régisseur de la prison centrale de Douala, Dieudonné Engonga Mintsang. A son tour, le régisseur a transmis le document au médecin chef de ladite prison, Germain Amougou Ello.

Le plaignant est Lambo Sandjo Pierre Roger, plus connu sous son nom d’artiste, Lapiro de Mbanga. Il accuse le médecin chef de la prison de New Bell de « torture, abus de fonction, refus d’un service dû ». Les deux parties vont s’expliquer au tribunal de première instance de Douala Bonanjo, le 21 octobre prochain, date de la première audience.

La brouille entre Lapiro de Mbanga et le médecin de la prison a commencé au mois de juin 2010 quand l’artiste, sur instruction de Dr Germain Amougou Ello, a été jeté dans la cellule disciplinaire, « en violation des textes régissant l’administration pénitentiaire », dénonce le plaignant. Une cellule qui, aux dires de l’artiste, est un cadre « de sanction en vue de redressement des détenus désordonnés et dangereux ceci grâce à son insalubrité, son aération approximative et ses conditions de vie inhumaines et dégradantes ». Lapiro continuait cependant à se faire consulter par le service médical de la prison. C’est ainsi que le 13 juillet 2010, son médecin traitant, après examen du détenu, a constaté que celui-ci souffrait d’une lombalgie aiguë. Aussi a-t-il contacté un spécialiste de la kinésithérapie, Dr Kameni, en service à l’hôpital Laquintinie de Douala. Ce dernier a prescrit au malade 20 séances de massage, à raison de deux par semaine.

Lapiro affirme qu’il n’a reçu que dix séances de massage. Le 24 septembre, il n’a pu honorer le 11ème rendez-vous, alors que la veille, il avait présenté à Dr Amougou la note de rendez-vous de son médecin. Le plaignant indique aussi qu’avant cette date, un prélèvement sanguin effectué sur lui à l’infirmerie de la prison, avait révélé qu’il souffrait de la typhoïde. Toutefois, il n’a reçu aucun soin approprié. Pour Lapiro, Dr Amougou Ello a extériorisé, par ce faits et gestes, « son intention manifeste de nuisance et d’écourter le séjour du requérant sur terre ». Autant de faits que répriment les articles 74, 132 bis, 140 et 148 du Code pénal camerounais.

Lapiro de Mbanga est incarcéré à la prison de New Bell pour complicité de pillage en bande. L’artiste a été condamné par le tribunal de grande instance du Moungo à trois ans de prison ferme, peine reconduite par la cour d’appel du Littoral.

Théodore Tchopa|Mercredi, 06 Octobre 2010|Le Jour|

« Une affaire d’indiscipline »

Le médecin chef de la prison centrale de Douala précise qu’il est la seule personne autorisée à négocier le rendez-vous d’un détenu avec un médecin.

Dans l’entourage du médecin chef de la prison centrale de Douala, Dr Germain Amougou Ello, administrateur principal des prisons et médecin chef de la prison de Douala l’on ne nie pas l’incident ayant poussé Lapiro de Mbanga à saisir le tribunal de première instance de Douala Bonanjo. Toutefois, sa version des faits tranche avec celle contenue dans la citation directe qui lui a été adressée par l’artiste musicien Lapiro de Mbanga.

Selon des informations recueillies, Lapiro s’est présenté chez le régisseur le 24 septembre 2010 (et non le 23 comme il le dit), muni d’une ordonnance médicale. « Lapiro doit être reçu au rendez-vous en consultation externe de rhumatologie (Dr Kameni) le 24 /09/2010 à 08 h30 », lit-on sur ladite ordonnance. Celle-ci est signée par Dr Edie Sandrine, et non Dr Kameni. « Le médecin chef de la prison centrale de Douala, pour le cas d’espèce, a pour seul interlocuteur le médecin traitant du détenu », rappelle un infirmier au service médical de la prison. « Nous ne gérons pas les rendez-vous sur papiers. Tous les détenus sont reçus dans nos services pour consultation. Quand il y a nécessité de faire un examen complémentaire simple, je l’envoie au laboratoire. Si le cas se révèle compliqué, je vais prendre moi-même un rendez-vous avec un spécialiste. Car je suis responsable de tout ce qui peut arriver à un détenu malade », ajoute le médecin chef, Germain Amougou Ello. Selon lui, les agissements de Lapiro relèvent de l’indiscipline.

Le médecin affirme que le régisseur lui a transmis l’ordonnance susmentionnée ce même 24 septembre. Dr Amougou, pris de court, a conseillé à Lapiro d’attendre, le temps pour lui d’évaluer les 10 premières séances de massage reçues par le détenu. Dr Amougou déclare qu’il a diagnostiqué seulement des séquelles de typhoïde n’ayant aucune incidence sur la santé de Lapiro. Pour cette raison, il n’a pas réalisé l’opportunité de lui prescrire des médicaments. Le médecin reconnaît aussi avoir mis Lapiro dans la cellule disciplinaire, après que ce dernier ait affiché un comportement « indécent » à l’égard d’une gardienne de prison.

Théodore Tchopa|6 Octobre 2010|Le Jour|