Vu à la télé: Les « Grandes ambitions » au scanner | Cameroonwebnews| Site d’information et d’opinions sur l’actualité du Cameroun

NDZINGA AMOUGOU |26/10/2009 | Cameroun Tribune|

En œuvre depuis 2004, la politique des Grandes ambitions du chef de l’Etat est passée vendredi au crible des critiques dans l’émission « Par ici le débat » de la CRTV.

En cette veille du 6 novembre où le pays tout entier se prépare à célébrer le 27è anniversaire de l’accession du président Paul Biya à la magistrature suprême, on se serait attendu à ce que Charles Ndongo et les invités de son émission mensuelle de débats pérorent sur les 27 ans du Renouveau, mais c’est sur un autre terrain que le directeur de l’information télé de la CRTV a décidé de les entraîner vendredi soir dans son émission « Par ici le débat ».

Il était question pour les six panélistes d’évaluer et d’apprécier la politique des Grandes ambitions du président de la République, au moment où l’on aborde le dernier quart du parcours de son actuel septennat.

Evidemment, au cours de l’émission, chacun des invités, selon sa sensibilité politique, y est allé de son credo. Ceux qui sont proches du pouvoir ont démontré, chiffres et faits à l’appui, que beaucoup a déjà été fait en cinq ans; pour les autres, les Grandes ambitions ne sont rien d’autre qu’un slogan politique vide de tout contenu. Durant les deux heures de cette émission qui, habituellement ne dépasse guère 90mn, les échanges ont été nourris, parfois vifs, mais toujours constructifs.

Autour du présentateur, des débateurs de tout premier ordre : deux grandes dames, Mme Marie-Louise Eteki, celle-là même qui a vu sa candidature à la présidence de la république rejetée en 2004, politologue et sociologue, présidente de la coordination des forces alternatives ; Mme Courtès née Ketcha Célestine, pilote d’avion, actuelle maire de la commune de Bangangté ; puis les hommes, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’enseignement supérieur, membre du comité central de RDPC, par ailleurs secrétaire à la communication de ce parti ; Christian Penda Ekoka, directeur du cabinet BDS, consultant international, grand spécialiste de l’économie de développement ; Guy parfait Songue, Dr en sciences politiques, chercheur et enseignant à l’université de Douala ; Ahmadou Amadou Ben Bappa, homme politique de première heure, actuel secrétaire général de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) de Garga Haman Adji.

Si les deux dames que tout opposait, ont passé le plus clair de leur temps à se crêper le chignon, jacques Fame Ndongo et Christian Penda Ekoka, bien qu’ayant des points de vue fort différents, ont marqué les esprits par des analyses lucides de la situation. En gros, les panélistes se sont retrouvés en deux grands groupes ; d’un côté Jacques Fame Ndongo et Mme Courtès. Selon eux, beaucoup a été fait malgré les difficultés. Les Grandes ambitions, c’est une grande vision doublée d’une grande stratégie. La liberté d’expression, le multipartisme, la libéralisation de l’économie, la multiplication des écoles, des dispensaires, des routes, la mobilisation de la diplomatie sont à mettre à son compte. Des faits que confirmaient les témoignages enregistrés dans certaines régions du pays.

Du côté opposé, se retrouvaient Ahmadou Amadou et Mme Marie Louise Eteki. A les entendre, rien de concret ou presque n’a été fait au cours de ces cinq dernières années. En conséquence, les Grandes ambitions ne sont qu’un slogan (Amadou). Nous sommes en plein délire, nous allons droit au mur (Otabela), la jeunesse est inquiète, si elle est descendue dans la rue en février 2008, c’est qu’elle ne s’en sort plus (Otabela). Rien n’a été fait, les routes existaient, elles n’ont pas pu être entretenues. La liberté d’expression, c’est bien ; encore faut-il être entendu (Amadou).

Entre les deux groupes, ce fut un véritable dialogue de sourds doublé d’une mauvaise foi certaine de la part de certains. Entre ces deux groupes diamétralement opposés, Penda Ekoka et Guy Parfait Songue ont fait valoir leurs points de vue. L’autosatisfaction constitue un danger. Si un élève a 10/20 et on lui dit qu’il a excellé, c’est grave. Les émeutes de février 2008 ont signifié un mécontentement de la jeunesse. Le taux d’accès à l’eau et à l’électricité est de moins de 30%. La faiblesse de ce système est que les collaborateurs du président sont égoïstes ; ils ne l’aident pas et font de la courtisanerie » ( Penda). Les jeunes ont du mal à s’approprier le concept des Grandes ambitions. Ils croient même que tout est déjà joué d’avance. Très peu croient encore à la force du travail (Songue).

Mais à la fin du débat, grâce à la perspicacité du présentateur qui a réussi là un numéro de haute voltige, les participants ont semblé se ranger autour de l’image du verre à moitié plein ou à moitié vide. Au lieu donc de percer le verre pour le vider complètement ; agissons plutôt pour que le verre se remplisse progressivement pour le bien de toute la République, a conseillé Jacques Fame Ndongo.