Catastrophe Extrême-Nord: Au moins 12 morts dans une inondation à Pouss

Les villageois rescapés du sultanat de Pouss dans l’arrondissement de Maga (département du Mayo-Danay) se sont levés les pieds dans l’eau, le cœur davantage noyé dans la douleur et la consternation. Le spectacle qui s’offre à eux en cette triste matinée du jeudi 22 juillet 2010 est effroyable : coincés entre les décombres des murs écroulés, une dizaine de bras et de pieds dont les corps sont totalement enfouis ; ça et là, des effets vestimentaires et domestiques (sens dessous-dessus) pataugent dans la mare d’eau boueuse ; des arbres renversés jonchent le sol par endroits; des animaux domestiques sans vie, des c rizicultures complètement dévastées, de l’eau partout dans les quartiers…Un orage de destruction massive vient alors de s’abattre sur Pouss. Des pluies violentes et mouvementées à l’origine de l’inondation mortelle ayant causées la mort de nombreux villageois dont huit (8) ont effectivement été sortis (dans un premier temps) des décombres et identifiées par les secours déployées sur les lieux de la catastrophe.

Les sauveteurs ont dû travailler d’arrache pied de jeudi à samedi, pour sortir les corps de quatre (4) autres villageois enfouis sous la boue. Dans la foulée, huit (8) rescapés grièvement blessés ont été secourus, comme le confirme ce ressortissant de Maga joint au téléphone hier dimanche 26 juillet 2010: « Jusqu’ici, les corps de 12 personnes qui avaient été enterrées par l’écroulement des murs de leur maison ont été sorties par les secours. On compte également de nombreux survivants blessés dont 8 blessés graves », a confié à cet effet Jean Warita.

Et si l’on en croit une source infirmière, la fouille des amas de terres (formés par les murs écroulés) n’est pas pour autant suspendue à Pouss. Ce d’autant plus que l’ampleur des dégâts provoqués par l’inondation, a amené les secouristes à redouter la présence d’autres corps sous les décombres. L’autre détail qui n’est pas passé inaperçu à leurs yeux est la précarité des habitations écroulées. « La majorité des constructions au sultanat de Pouss, fait savoir l’un d’eux, sont simplement faites en terre et à base de matériaux provisoires. Ses maisons ne peuvent pas résister aux intempéries ».

Aussitôt mis au courant du sinistre, le gouverneur de la région de l’Extrême-nord s’est rendu à Pouss dans la matinée de vendredi. Joseph Béti Assomo que Le Messager a pu joindre au téléphone s’est dit ému par la disparition tragique des infortunés de l’inondation. Le préfet Baba Ngamdji du Mayo-Danay a pour sa part instauré une cellule de crise, laquelle est présidée par le sous préfet de Maga et dont le but est de recenser les sinistrés en vue de leur apporter l’assistance nécessaire. D’ici-là, les « Nanga boko » ainsi jetés dehors par l’inondation ont trouvé refuge qui chez des proches, qui chez une connaissance. Du coup l’insalubrité a le vent en poupe dans le village sinistré. Une situation qui pourrait (à coup sûr) aggraver la propagation de l’épidémie du choléra déjà ambiant dans la zone.

Le pire est à venir, pense également Zigla Wendi, maire de l’arrondissement Maga. Selon lui, « au fur et à mesure que les rayons de soleil frappent ces maisons en terre, elles s’écroulent inévitablement. Ce n’est pas notre souhait mais c’est certain que d’autres maisons vont tomber. On attend jusqu’à ce lundi (ce jour, Ndlr) pour se faire une idée plus claire de l’ampleur des dégâts et édicter les mesures à prendre », a projeté le magistrat municipal.

Par salomon.kankili | Lundi 26 juillet 2010 | Le Messager|