Faits divers: Horreur, désarroi et stupeur à Youpwé

Par lemessager | Mardi 11 mai 2010 | Le Messager|

Atmosphère lourde et lugubre, visages tristes et consternés, mines patibulaires et interrogatives… Cette ambiance ocre contraste fortement avec celle qui règne habituellement dans cette banlieue de la capitale économique réputée par son célèbre marché de fruits de mer. Les trois familles sont consternées et déboussolées. Les riverains désemparés. « On n’en revient pas encore ! » lance l’un d’eux les mains sur la tête, visiblement dépassé par les événements. Le spectacle macabre auquel les habitants de ce quartier ont fait face samedi dernier, est encore vivace dans leur mémoire. Marvelous de sexe masculin (3ans), Noella de sexe féminin (2 ans et demi) et Samuel de sexe masculin (4ans), sont retrouvés morts dans un véhicule de marque Renault 25 (R25) grise immatriculée LT 6792 T qui appartiendrait au nommé Koudjo. La sinistre trouvaille a été faite par la nièce du propriétaire de la R25 après près de dix heures de recherches.

C’est effectivement depuis 8h30mn que la sœur aînée de Marvelous constate la disparition de son cadet et le fait savoir à leur maman vendeuse au marché de Youpwé. A un jet de pierre de là, la maman de Noella va également se rendre compte de l’absence de sa fillette qui est pourtant convalescente quand elle voudra bien lui administrer sa dose de médicaments. Sur ces entrefaites, la famille du petit Samuel constate également l’absence du bout d’homme. A 12h, les familles et les voisins vont se mettre à la recherche des gamins. Les coins et recoins du quartier sont passés au peigne fin. Le quartier est quasiment mis en sac mais pas de trace des trois gamins. Progressivement, l’inquiétude s’empare de Youpwé. A 16h, les principales familles concernées aidées par les voisins, vont alerter les médias…mais en vain. Quand il est 18 h, les populations dans une procession, vont parcourir toutes les ruelles du quartier en procédant à une annonce à caractère traditionnel, « Dikalo » en langue sawa. La peur gagne peu-à-peu les cœurs et atteint chez les proches parents, son paroxysme.

Pourquoi… ?

Il est 20h, lorsque la fille de Janvier, boutiquier dans le coin et frère du propriétaire du fameux véhicule, rentre dans la concession de son oncle (où est garée la R25), pour dit-on « nourrir les canards ». Dans la pénombre, c’est elle qui va attirer l’attention du voisinage : « Voici l’enfant !» criera-t-elle en pidgin. Eduina, la maman de Marvelous dont le domicile se trouve juste en face, va accourir croyant être délivrée. C’était sans compter avec la cruauté du destin et l’horreur de la scène. Son enfant et son ami d’infortune sont couchés sur le plancher de la voiture ; la petite Noella dans la même position, mais sur la banquette arrière. La frimousse juvénile des enfants est recouverte de sang qui dégouline des narines.

« La face de Marvelous présente une trace de fer à repasser ; Samuel a une entaille au niveau de l’aine ; visiblement, Noella n’a pas subi de sévices », raconte avec courage et stoïcisme cette maman inconsolable. Les populations et la police « vont casser le véhicule pour en extraire les corps sans vie des enfants », précise un riverain qui cache mal sa désolation. Les dépouilles ont été conduites à la morgue de l’hôpital Laquintinie de Douala.

Toutefois, plusieurs questions taraudent l’esprit des uns et des autres. Comment se sont-ils retrouvés dans ce véhicule quand on sait que ses portières étaient fermées au moment fatidique? Pourquoi seulement ce véhicule ? Quelle est la nature de leur mort, et, ne sommes-nous pas en présence d’une sorte de trafic odieux ? Toutes ces questions et bien d’autres seront certainement élucidées par les éléments de la police judiciaire du Littoral qui instruisent l’affaire.

Ce n’est pas la première fois que des enfants sont retrouvés morts dans une voiture. On se rappelle qu’il y a quelques années, six enfants avaient été retrouvés presque dans les mêmes circonstances au quartier New-town Aéroport. L’affaire fit grand bruit en son temps.

Jacques Willy Ntoual