Messok : Un tradi-praticien décapite une fillette

Pierre Célestin Atangana| 1er Juillet 2010| Mutations|

Linda Ampea, 7 ans, a été assassinée par Claude Mepkanenoum alors qu’elle accompagnait sa mère au champ.

Tout est parti d’une dispute entre Claude Mepkanenoum, tradi-praticien âgé de 49 ans, et Germaine Mpélé, 27 ans, tous deux habitants du village Nkoakom dans l’arrondissement de Messok. Le premier, d’après des témoins, non content du destin réservé à ses plants de cacao par les chercheurs de mangues sauvages, est allé se plaindre chez la seconde. «Les plantations des deux familles sont mitoyennes ; mais le manguier qui est planté dans la plantation de M. Mepkanenoum laisse tomber ses fruits de parts et d’autres. Quand les enfants du village viennent les ramasser, ils piétinent effectivement ses plants de cacao, ce qu’il n’a pas apprécié», indique un témoin.

Exaspéré par l’attitude des enfants, des témoins indiquent que Claude Mepkanenoum interdit le ramassage des fruits et entreprend de le faire savoir à Germaine Mpélé dont les enfants y sont impliqués. Une altercation s’en suit entre eux ; c’est alors que le tradi-praticien, selon des témoins, menace publiquement de mort Germaine Mpélé. «Il lui a dit pendant leur querelle : je vais te faire », révèle un témoin.
Deux semaines plus tard, plus exactement le 10 juin dernier, Germaine Mpélé et Linda Ampea, sa fille de 7 ans, s’en vont à la recherche des légumes. Sur le chemin du champ, des témoins rapportent que les deux femmes rencontrent le tradi-praticien qui décide de mettre sa menace à exécution. «Il lui a d’abord asséné un coup de machette sur le visage, avant de la lui abattre sur la tête et le cou.» Voyant sa mère s’effondrer sous les coups de machette de Mepkanenoum, la fillette décide de s’enfuir. Mais elle est rattrapée par celui-ci qui, selon les habitants du village, lui tranche la gorge non sans lui enlever les deux yeux des orbites.

Recherches
Jean-Pierre Mekoulagneh, père de Germaine Mpélé, inquiet du non retour de sa fille et de sa petite fille, organise le lendemain une battue pour les retrouver. Selon les habitants du village, tous les villageois, à l’exception du tradi-praticien, s’en vont à la recherche des deux femmes. «Il y avait déjà un différend qui opposait les deux familles au sujet de la bastonnade qu’infligeaient tout le temps les enfants de Mepkanenoum à ceux de Mpélé ; voilà pourquoi, il ne pouvait pas participer aux recherches», souligne un témoin. Après quelques heures de recherches, le corps sans vie et décapitée de Linda Ampea est retrouvé. Plus loin, celui de sa mère, qui respire encore.

Transportée à l’hôpital de district de Lomié, Germaine Mpélé sortira du coma deux semaines plus tard. Grâce à son témoignage, elle permet à la gendarmerie de reconstituer les évènements et de mettre la main sur le suspect. Un témoin affirme que ce dernier avait déjà fait l’objet d’une interpellation quelques jours après ce crime. «Il a dit aux gendarmes de Messok qu’il ne connaissait rien ; mais les gendarmes ont trouvé curieux qu’il dise que si on a enlevé les yeux de la fillette, c’est pour ne pas reconnaître l’assassin», témoigne un habitant de Nkoakom. Claude Mepkanenoum se trouve depuis le 24 juin à la brigade de gendarmerie de Messok, attendant d’être déferré au parquet à Abong-Mbang.