Vindicte populaire : Les derniers instants d’une victime

Avant d’être lynché par la population de Logbaba à Douala, Bertin Tchowa a fait la promesse à Dieu d’aller désormais à l’église.

Rattrapé au milieu de la broussaille au lieu-dit «Jardin Logbaba» à Douala, Bertin Tchowa n’aurait eu de choix que de faire profil bas. Face à des bourreaux armés de gourdins, le jeune homme de 21 ans a d’abord décliné prestement son identité. D’après des témoins de cette scène que l’on vit de plus en plus dans nos quartiers, l’infortuné a promis une somme de 300.000 francs Cfa au groupe qui voulait sa mort. Mais ses assaillants assènent plutôt des coups sur le corps nu du malfrat.

Ligoté et ceinturé de deux roues de voiture, le bandit finit par se confesser et raconte tout le film de son cambriolage raté. Aux environs de deux heures du matin, ses deux complices et lui pénètrent au «Nobody pressing» et dérobe plusieurs costumes et vêtements de valeur. A son arrivée, le lendemain après le passage des voleurs, la responsable de ladite structure appréhende, de fait, les questions que vont poser ses clients. Juste après, les malfaiteurs s‘apprêtaient à opérer dans un salon de couture lorsqu’un voisin alerte la population alentour.

Les riverains accourent avec l’intention manifeste d’en découdre avec ce énième brigand. L’un des trois membres de la bande est intercepté. Les deux autres ayant pris la poudre d’escampette. Le brigand capturé débite à tue tête, le « notre père qui est aux cieux » et promet au Créateur de se rendre à l’Eglise s’il était délivré des griffes de ses bourreaux. Les vœux du jeune Tchowa ne seront pas exhaussés mais plutôt trainé sur le bitume sur une distance de 100m environ. Le croyant mort, les riverains le laissent à la merci de la pluie battante. Faisant volte face, un homme propose qu’on jette le corps du brigand dans un bac à ordure non loin de là. « Non grand frère, pitié, je ne suis pas encore mort », riposte le cambrioleur. Une interpellation qui aura pour effet de raviver la rancœur des populations. C’est sur un énième coup de gourdin que le jeune homme rendra l’âme, définitivement. Son corps est resté exposé sur le bitume durant des heures. C’est aux environs de 13 heures qu’il est retiré par les sapeurs pompiers.

Monique Ngo Mayag |24 Aout 2010|Mutations|